Après avoir visé policiers, soldats et touristes, les jihadistes risqueraient de s'attaquer aux édifices publics, grandes surfaces et chancelleries étrangères, à coups de voitures piégées et de kidnappings Au moment où la Tunisie est en train de panser ses blessures et de suturer les balafres que lui ont occasionnées les terroristes à Sousse, et alors que le branle-bas est à son paroxysme dans les QG des ministères de l'Intérieur, de la Défense et du Tourisme en vue de colmater les brèches et de préparer la contre-offensive qui s'impose, presque personne n'a encore posé la question de savoir ce que nous réserve Daech pour sa prochaine sortie. Et pourtant, cette question mérite bien d'être posée. L'ignorer équivaudrait à laisser l'eau couler sous les ponts et à maintenir la porte ouverte à un remake du dernier attentat. Et voilà pourquoi. Dans la pure tradition des terroristes En fouillant dans les archives de l'internationale intégriste depuis sa création par Ben Laden dans les années 80, on tombe sur une vieille tradition diabolique qui leur est encore chère, sous forme d'une stratégie offensive articulée autour de quatre plans principaux à réaliser par étapes, à savoir : – Plan A : les assassinats de policiers et de soldats, dans le double but d'affaiblir ces deux corps et de semer la terreur au sein de la population. Et ce plan a été déjà exécuté, par le passé, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et en Algérie, et il se poursuit aujourd'hui en Syrie, en Irak, au Yémen, en Libye, en Somalie, au Nigeria, au Mali, au Niger, au Tchad et... en Tunisie. – Plan B : il vise les touristes. Des pays à vocation touristique comme l'Egypte, le Kenya, le Maroc, l'Espagne, le Yémen et dernièrement la Tunisie en furent les plus touchés. – Plan C : il est basé sur deux options. La première consiste à lancer des attaques à la voiture piégée et à la ceinture explosive contre les édifices publics, les complexes industriels, les grandes surfaces et les chancelleries étrangères. Quant à la seconde option, elle se focalise sur les opérations de kidnapping et de détournement d'avions. – Plan D : c'est le terminus, soit la prise du pouvoir. Ce plan extrême n'a pas, historiquement, marché pour le moment, à l'exception du Mali (occupation pour quelques mois du nord du pays par la mouvance d'Al Qaïda), de l'Afghanistan (règne provisoire des talibans), du Nigeria (le nord du pays est toujours occupé par Boko Haram), de l'Irak et de la Syrie, deux pays dont une bonne partie du territoire est aujourd'hui aux mains de Daech. Comme on peut le constater, ce sont les plans B et C qui inquiètent le plus la Tunisie à l'heure actuelle. En effet, outre les conséquences désastreuses des plans A et B qui nous ont coûté plus d'une centaine de pertes humaines entre soldats, policiers, gardes nationaux et touristes, il faut reconnaître courageusement que, quoi qu'on en dise, notre pays reste encore potentiellement exposé au pire des scénarios, à savoir le plan C qui est synonyme de guérilla urbaine, de rapts, d'attaques à l'explosif et de détournement d'avions, bref de panique quotidienne dont il serait difficile de prévoir la fin. Inutile de dire que c'est là une sombre perspective mais qu'il serait suicidaire de négliger ou de prendre à la légère. Les autorités sécuritaires et politiques sont tenues de se préparer à tout imprévu. Le pays est en guerre contre le terrorisme. L'Etat est appelé d'urgence à agir en conséquence. Et cela en retenant les leçons du Bardo et de Sousse et en ne commettant plus ces erreurs impardonnables en matière de traque des jihadistes.