Le charme particulier de la vieille ville pendant les nuits de Ramadan, photogénique ou pas ! La Médina, lieu privilégié des soirées ramadanesques, se mue chaque nuit et se révèle à ses visiteurs sous ses différentes facettes. L'une d'elles nous a amenés, mardi dernier, à la place du tribunal afin de suivre le périple des participants à la balade photographique organisée par l'association club photo de Tunis. Sur le chemin, de la rue Mongi Slim à La Hafsia, commerce régulier et parallèle évoluent côte à côte. En s'approchant du lieu du rendez-vous, nos pas butent sur le son strident d'un orchestre, qui semble venir de la place. S'est-on trompé de jour, d'heure ou de lieu ? Après un moment d'hésitation et quelques mètres plus tard, on aperçoit la foule de photographes, appareils à la main, sac à dos et tenues de circonstance. Investie par des tables et des chaises, la place semblait peu accueillante pour les chasseurs d'images. Cinq minutes de répit accordées par l'orchestre aux organisateurs leur permettent d'expliquer le principe de l'événement et le programme : des assistants, membres de l'association club photo de Tunis, prennent sous leur aile un groupe de photographes, le temps d'une balade dans la Médina. Les inscrits à l'événement pouvaient postuler avec deux de leurs photos prises cette nuit-là pour un prix de 300 dinars. Un événement similaire a déjà été organisé en 2013 par le club photo de Tunis. Les groupes se sont formés mardi soir sur la Place du Tribunal. Notre assistant, Aymen, commence par nous définir la Street photo. «Elle est entre l'humain et l'architecture. C'est filmer les gens dans leur environnement», nous dit-il. Sur le chemin, de Bir Lahjar, à la rue Sidi Ben Arous et les rues adjacentes, il continue à fournir astuces et conseils pour le groupe. Il attire par exemple leur attention aux détails de composition, comme les graffitis, les arcs de la Médina, et comment squatter la bonne luminosité. Au passage, il cite le nom d'un documentaire de référence sur la Street photo : Everybody Street de Cheryl Dunn (2013). «Notre événement est destiné à animer la vie culturelle et à intéresser les gens à la photographie et à l'histoire. Certains aimeront peut-être et reviendront le faire tout seuls», déclare-t-il à La Presse. Pendant la balade, les regards des curieux nous suivent, les parcours des groupes se chevauchent. L'ambiance de la Médina est plus que festive. Femmes et hommes se mettent sur leur trente et un pour siroter un thé ou assister à un spectacle. D'autres femmes et hommes y trouvent une source de revenu, transformant un coin de rue ou l'entrée d'un immeuble en café éphémère, ou proposant mlewi, fricassée et autres casse-croûte... Parmi cette foule, difficile de se frayer un chemin. La photographie devient un véritable challenge, surtout quand l'assistant de notre groupe nous conseille de ne pas prendre des clichés trop chargés de détails. La balade photographique a drainé un grand nombre d'amateurs du 8e art, appliqués sur leurs appareils, entre clics, cadrages et réglages. Certains ont sorti le grand jeu en ramenant trépied et autres accessoires. D'autres ont joué sur la sobriété, en utilisant leur téléphone. C'est le cas d'un membre de notre groupe, enseignant en beaux- arts. «Je ne voulais pas être trop chargé car ça devrait être une promenade décontractée. De plus, avec le numérique, la photographie est démocratisée et accessible à tout un chacun», nous explique-t-il. Notre interlocuteur aurait préféré s'éloigner des sentiers battus et éviter la foule pour cette balade. «Il aurait mieux fallu aller voir la vraie Médina et ses habitants. Cette ambiance rend l'exercice difficile», ajoute-t-il. Cela n'a pas atteint la motivation d'autres participants, dont Mouna, 14 ans, excitée par sa première sortie photo et par la possibilité de remporter le prix. Venue avec son papa, la jeune fille trace ses premiers pas en photographie, encadrée par celui-ci et par notre assistant. «Je m'intéresse à la beauté de la Médina, à travers des portraits des personnes et des paysages», nous dit-elle. A côté de la mosquée Zitouna, Aymen continue à donner des astuces, en présentant les différentes écoles de la Street photo. Chacun a déjà dans la mémoire de son appareil un bon nombre de clichés . Sur ce, nous quittons le groupe en leur souhaitant bon courage. Ils auront chacun leur petit moment de gloire le jour de la distribution des prix.