Par M'hamed JAIBI Les jihadistes se cherchent tous les prétextes du monde pour mourir en martyrs. C'est ce qu'ils croient, de sorte que la suppression de la peine dite «capitale» ne manquerait pas de les contrarier au plus haut point. Est-ce une raison suffisante pour l'abolir ? En tout cas, la loi antiterroriste adoptée par Ben Ali ne prévoit pas de peine de mort. Et, alors que sa révision actuelle visait à la conformer aux droits de l'Homme, il va falloir en rendre les clauses plus sévères sur ce point. C'est, en tout cas, l'une des options que dégagent les déclarations du ministre de la Justice, lors de son audition à l'Assemblée, dans la mesure où cette loi devant combattre le terrorisme, ne pouvait pas ne pas prévoir le recours à la peine de mort, a contrario du Code pénal. En fait, même si elle pêche par diverses faiblesses ou incohérences, et un manque d'égard évident pour certains droits de l'Homme, la loi antiterroriste de Ben Ali est un outil utilisable et effectivement utilisé par la justice tunisienne. En attendant la nouvelle loi qui n'en finit pas d'être «améliorée». Ce que fait actuellement l'Assemblée, c'est tenter de conformer aux droits de l'Homme une loi qui, en fait, est une loi d'exception. Une loi spéciale pour étouffer et décapiter le terrorisme. Voilà pourquoi les débats semblent parfois contradictoires et donnent l'impression que l'on ne sait pas dans quel sens on veut aller : sévérité ou clémence, protection contre la torture ou efficacité de l'enquête, dissuasion par la rigueur ou respect des droits de la défense...? Dans leur lutte contre Al Qaïda, les Américains avaient trouvé à ce problème plusieurs solutions, comme Guantanamo par exemple, ou encore le fait de faire «interroger» leurs «suspects» chez nous, Arabes et musulmans, par nos polices, avec les «bonnes vieilles méthodes» que l'Amérique officielle, celle des droits de l'Homme, désapprouve et dénonce. En réalité, chez nous aussi, même les démocrates les plus racés privilégient d'en découdre avec les terroristes, et pourraient fermer un œil. Mais leur attitude passée, radicalement opposée à la «loi de Ben Ali», les hante et les «torture», sauf que cette question de la peine de mort que l'on voudrait introduire, en harmonie avec le Code pénal, les «chiffonne», puisqu'elle n'est plus de mise, spécialement en Europe et chez les lobbies des droits de l'Homme. Le fait est que la peine de mort, beaucoup n'en veulent plus, la considérant inhumaine et faussement dissuasive. Et certains souhaiteraient même l'abolir totalement du Code pénal. Sauf que lorsqu'un égorgeur ou un violeur défraie la chronique, c'est la même phrase dans toutes les bouches : «Il mérite la mort !». Que dire d'un terroriste massacrant sur la plage d'innocents estivants ?