Remédier au terrorisme par la torture ? Ce n'est point la solution aujourd'hui que la Tunisie postrévolutionnaire s'est engagée sur la voie de la démocratie, la consolidation de la justice transitionnelle et de la préservation des libertés et des droits de l'Homme. La loi antiterroriste promulguée sous Ben Ali en 2003, a été considérée par les organisations de défense des droits de l'Homme, aussi bien sur le plan interne qu'international, comme une forme de torture et un moyen de prendre en otage les droits humains sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. D'où ce dialogue de sourds, que ce soit à l'échelle nationale ou internationale, entre ceux qui oeuvrent pour la sauvegarde des droits de l'Homme et ceux qui luttent contre le terrorisme sous toutes ses formes. C'est quoi le terrorisme ? Il n'y a pas, à vrai dire une définition précise de ce terme par lequel sont désignés tous les actes de violence, qu'ils soient perpétrés par des particuliers ou des groupes organisés. Ce terme, devenu un concept, est apparu pour la première fois en France à l'occasion des actes de terreur perpétrés par le gouvernement révolutionnaire de 1793, sous lequel tous ceux qui ont été soupçonnés de traîtres, ont été guillotinés. Le terrorisme originel fut celui de l'Etat lui-même, lequel a engendré en contrepartie des actes accomplis par les groupes révolutionnaires, dans le but de le combattre. C'est ainsi que l'évolution de ce concept a fait que le terrorisme est devenu relatif. Les actes de violence entrent selon certains dans le cadre de l'agression, alors que selon d'autres ils sont considérés comme des moyens de défense. Durant les années trente, les actes perpétrés par les régimes de l'Allemagne nazie ou de l'Italie fasciste, ont été qualifiés de terrorisme d'Etat. Ceux qui luttaient contre le colonialisme que ce soit en Algérie, ou en Tunisie, et qui se considéraient comme des combattants, ou des révolutionnaires ont été traités comme étant des terroristes par les autorités coloniales. Che Guevara, icône de la révolution cubaine, est considéré néanmoins par certains comme étant un terroriste pour les actes de violence qu'il avait commis contre des innocents, et de son attitude lors de sa désignation en tant que procureur du tribunal populaire à Cuba, à la suite de la révolution de 1959. Le leader palestinien Yasser Arafat, avait déclaré lors de son discours à l'ONU, en 1974, date à laquelle l'OLP a eu la qualité d'observateur au sein de ladite organisation, : « la différence entre le révolutionnaire et le terroriste réside dans les motifs pour lesquels chacun se bat ». et de préciser que celui qui se bat pour une cause juste ne peut être qualifié de terroriste. Quoi qu'il en soit, et avec le développement de différents mouvements de lutte à travers le monde, on parle de plus en plus de terrorisme international, voire transnational. Dès lors des groupes pratiquant la violence pour des motifs politiques ou religieux, ou purement criminels voient le jour à travers le monde tels que L'IRA, en Irlande, La GIA (groupe islamique armé en Algérie) ou Al Qaïda. Extrémisme religieux et loi antiterroriste Comme tous les extrémismes religieux, les Jihadistes, soit ceux qui pratiquent le Jihad, ou combat acharné contre les mécréants, ( ce qui constitue une déformation certaine du sens profond du Jihad selon les préceptes du Saint Coran) ont pratiqué diverses formes de violence , semant la terreur dans tous les coins du monde où ils ont été établis. En Tunisie, ce fut durant les années quatre vingts que des actes de violence, perpétrés par des extrémistes ont commencé à se multiplier, et ce, concomitamment avec l'institution de la Nahdha, parti clandestin à l'époque, que les auteurs de multiples agressions, prétendaient soutenir. En tout état de cause, les membres de la Nahdha qui ont été jugés et condamnés à l'époque, étaient accusés, à tort dira-t-on, d'être les commanditaires des actes de violence. La promulgation d'une loi antiterroriste en 2003 sous Ben Ali, était due plus par le besoin de se couvrir, ressenti par un Etat où les droits humains étaient bafoués, que par une lutte contre la violence. C'était donc un prétexte pour pratiquer davantage la torture sur les éléments jugés perturbateurs et classés parmi les terroristes, alors qu'ils ne faisaient que dénoncer les abus et les violations des libertés publiques. Ladite loi a été également pour les gouvernants de l'époque, un moyen de se faire valoir en quelque sorte sur le plan international, auprès des Etats occidentaux et membres de l'ONU, afin qu'ils ferment les yeux sur toutes les violations des droits de l'Homme. Cela n'a pas empêché l'implication de certains ministres, lesquels avaient l'objet de mandat d'amener international par la cour de droit pénal. Révolution et droits de l'Homme La torture a été depuis le 14 janvier 2011 le thème principal discuté, aussi bien au sein de la Constituante, que par les composantes de la société civile. C'est la phobie des citoyens qui en ont tellement bavé, et ont chèrement payé pour la dénoncer. Si bien que les organisations de défense des droits de l'Homme s'érigent contre toute loi donnant lieu à la torture. Pour certains la peine de mort étant une forme de torture doit être abolie. Il en va de même pour la loi anti-terroriste, en vertu de laquelle toute sorte de torture est permise. Evènements du Djébel Châambi A l'occasion de ces derniers évènements, le problème de l'activation de la loi antiterroriste a été remis sur le tapis, aussi bien par les membres de la société civile que ceux de la Constituante. Imad Belhaj Khlifa porte parole du syndicat des Forces de Sûreté Intérieur, a appelé les membres de l'ANC à lme faire afin de protéger les agents de sécurité qui ont été victimes de violentes attaques. Le ministère de l'Intérieur, a l'intention en l'occurrence, d'apporter des modifications au fonctionnement de la brigade criminelle, par la création d'une brigade antiterroriste. Quant aux organisations de défense des droits de l'Homme, elles sont contre l'activation de la loi antiterroriste de 2003 , sans y apporter des modifications et des correctifs, dans le but de préserver les droits humains, tels que ceux de défense et de représentation, ainsi que de ne pratiquer aucune forme de torture. Un projet de loi dans ce sens serait en cours. Il est question, dans ledit projet de respecter les conventions internationales en en matière de droits Humains. Une tâche bien ardue, car consistant à établir cette équation ,O combien difficile entre le fait de sévir contre tout acte de terrorisme, et de respecter les droits humains….. pour des êtres qui sont parfois déguisés en bêtes féroces.