Le déséquilibre des forces entre les deux équipes était flagrant Chaque journée apporte son lot de déceptions et d'interrogations. Déceptions suite au visage méconnaissable d'une équipe aghlabide désorientée, mal dans sa peau et dépassée par les événements. Amertume chez des joueurs locaux, évoluant la peur au ventre, sans plan directeur et sans suite dans les idées. En effet, en dépit du remaniement opéré au sein du onze rentrant et l'incorporation jugée pertinente du jeune M. Troudi, la formation aghlabide n'avait pas fière allure et n'inspirait pas confiance et sérénité. Le gardien de but Ben Rejeb n'étant pas encore à son top habituel, manquait de souplesse et de réflexes. Le duo axial, constitué de Mamadou ,manquant visiblement de fraîcheur physique, et de Mounbain, évoluant dans un registre qui n'est pas le sien, était le maillon faible de la défense aghlabide, qui endosse la responsabilité du premier but encaissé. Seuls les latéraux Ouerghemmi et, à un degré moindre, Trabelsi ont pu tirer leur épingle du jeu grâce à leurs remontées offensives et leurs centrages à partir des ailes. Les deux pivots-récupérateurs Ouertani et Mahjoubi, deux vétérans de l'équipe, laissaient entrevoir des signes de lourdeur et d'épuisement puisque, chaque fois qu'ils prenaient possession de la balle, ils cherchaient à temporiser et à geler le jeu plutôt qu'à échafauder une quelconque stratégie offensive. Dans ce compartiment, seuls Echeïkh et Troudi ont pu mettre un peu d'ordre dans les lignes des locaux et tenté de pourvoir les deux avants en balles précieuses. Ces derniers, en l'occurrence, Yousfi et Hamzaoui, n'étaient pas incisifs parce qu'ils manquaient lamentablement d'audace et d'imagination. Les interrogations, il y en a beaucoup : le manque de fraîcheur physique est-il imputable à la débauche d'énergie ou à l'absence de période de récupération ? L'absence d'automatismes collectifs et d'homogénéité des trois compartiments de jeu est-elle due à l'incorporation d'éléments disparates dans le groupe ou à l'incompatibilité d'humeur de certains joueurs ? Le manque d'audace et d'imagination, constaté chez certains joueurs, obéit-il à de mauvais réflexes défensifs ou à des consignes excessives de prudence ? Les réponses, nous les aurons au fur et à mesure que la compétition avance et que les vraies intentions se dévoilent. Pour le moment, Habib Mejri ne trouve pour explication à ce second revers consécutif que la pression qui pesait sur la tête et les jambes des joueurs et les fautes individuelles de marquage, de positionnement et de couverture. Beaucoup reste à faire donc. Intelligence tactique des Stadistes Côté visiteurs, rien que du bonheur ! Deux victoires consécutives dont une à l'extérieur, deux buts marqués par match et une première place au classement général. Mais, par-delà ces statistiques, c'est surtout la manière de jouer de l'équipe, son esprit de corps, sa force de caractère et sa détermination qui méritent qu'on s'y attarde un peu. En effet, menés au score dès la 6', les Stadistes n'ont jamais douté de leur capacité à remonter ce but. Ils se sont rapidement attelés à la tâche, grâce à leur fraîcheur et à leur présence d'esprit, et sont parvenus dès la 13' à rétablir l'équilibre. A partir de là, ce sera une question de suprématie et de moyens. Des moyens, Liewig en a, lui qui dispose d'un gardien de but vigilant et auteur de plusieurs arrêts décisifs. Le ST compte aussi des piliers défensifs, solides au poste et rigoureux dans leur moindre intervention, à l'instar de Yeken, Ayari et Zaïri, d'un entrejeu aussi bon à la récupération qu'à la relance, fort aux duels et omniprésent, à l'image de Neffati, Mousrati et Ibrahima Bâ et d'un compartiment offensif mobile, vivace et percutant, à l'exemple de Tej, Ben Ouanès et surtout Alvez qui, dès son incorporation à la 50', désarçonna la stabilité défensive aghlabide, par ses dribbles déroutants, ses fréquentes accélérations et ses services judicieux. Un vrai poison. Le riche potentiel humain stadiste n'explique pas tout puisque l'empreinte de Liewig était derrière la bonne prestation des visiteurs qui sont parvenus à vaincre et à convaincre. Leur application, leur audace et leur cohésion collective ont largement contribué à leur succès. Qualités rendues possibles grâce à la dose de fraîcheur et au brin de vivacité dont ont fait preuve la plupart des joueurs, comme l'a souligné Liewig qui garde les pieds sur terre, tout en prêchant l'humilité et la sobriété. Une belle leçon sans doute.