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Entretien avec Mme Marcia Maro Da Silva, ambassadrice du Brésil en Tunisie « Nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes visions avec la Tunisie »
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 09 - 2019

Diplomate de carrière, Mme Marcia Maro Da Silva est ambassadrice du Brésil en Tunisie depuis 2017 et chargée d'affaires ad interim auprès du gouvernement de Libye. Elle a occupé plusieurs postes à l'étranger, notamment à Singapour, Abidjan, Buenos Aires, Pretoria, Washington, Harare.
Mère de trois enfants, elle est heureuse d'occuper ce poste dans un pays en pleine effervescence démocratique. Sur la carte géographique, le Brésil est bien loin de la Tunisie mais elle promet de rapprocher la distance entre les deux pays et de booster encore plus la coopération bilatérale, d'autant plus que les Tunisiens n'ont pas besoin de visa pour voyager au Brésil. Des accords de partenariat ont déjà été mis en place à cet effet. Entretien.
Une série d'incendies a ravagé en août dernier la forêt amazonienne au Brésil…
Il y a eu malheureusement une certaine hystérie dans le monde suite à la publication de fake news et d'images d'une autre époque, n'ayant aucun rapport avec la réalité. Mais Dieu merci, ces incendies n'étaient pas au fond si graves et on a pu les contrôler en peu de jours. Selon la Nasa et le système Copernicus de lutte contre le changement climatique relevant de l'Union européenne, la déforestation pour l'année 2019 n'a pas dépassé la moyenne normale. Le Brésil a réussi ces dernières années à réduire d'une manière considérable les incendies et a résisté donc au phénomène de la déforestation.
Nous somme heureux d'avoir relevé ce défi parce que l'Amazonie brésilienne, ou Amazonie légale, est un territoire dont la superficie équivaut à celle de 48 Etats européens groupés, d'où le grand défi à relever en matière de contrôle d'une si grande zone forestière.
Il va sans dire qu'il y a eu une campagne menée par des personnes qui avaient des intérêts non déclarés contre certaines cultures commerciales au Brésil qui n'occupe que 7,6% de tout le territoire. L'élevage occupe quant à lui 22%, ce qui fait que le pays est doté de beaucoup d'espace et n'est pas dans une situation de besoin qui l'accule à « toucher à l'Amazonie ». L'agriculture est très efficace et très compétitive et le Brésil n'a pas besoin de la déforestation pour développer ses cultures agricoles. Il faut comprendre aussi que 25 millions de Brésiliens habitent l'Amazonie dans une extrême pauvreté et qu'ils ont besoin d'un développement adéquat sur le double plan social et économique, en harmonie avec le développement de la forêt et loin des pratiques primitives de certains agriculteurs. C'est là où se situe le grand défi. On tente toujours de se concerter avec ces agriculteurs pour trouver les bonnes solutions.
Ceux qui sont préoccupés par la préservation de l'Amazonie et le développement durable doivent savoir que ce dernier repose sur trois piliers, à savoir le développement économique, social et la préservation environnementale. Si le côté social est négligé, on aura sur le dos des incendies provoqués par des catégories vulnérables. L'autre enjeu c'est celui de la déforestation à cause du bois qui se vend cher dans les pays du Nord d'une manière illégale. Il est donc impératif d'imposer plus de contrôle sur ce commerce illégal qui contribue au phénomène de la déforestation.
Je crois qu'il est utile de travailler dans un esprit de coopération au lieu de lancer des accusations pour mieux comprendre ce phénomène climatique parce que les incendies ont éclaté en Bolivie, Pérou, Paraguay, la Guyane. Il existe d'autres parties qui ne se sont pas acquittées de leur travail et se sont contentées de lancer des accusations aux autres en faisant le lien entre ces incendies et les cultures commerciales.
Il faut rappeler que le Marché Commun du Sud (communément appelé Mercosur) qui inclut le Brésil, vient de signer un accord de libre-échange avec l'Union européenne mais il y a des pays qui refusent de ratifier cet accord pour défendre leurs intérêts et en raison de la grande compétitivité de la culture commerciale du Brésil et de l'Argentine. Notre pays est le 3e exportateur mondial de produits issus de l'agriculture (produits agricoles et agroalimentaires). Ces pays prétendent que le Brésil ne protège pas la forêt amazonienne au moment où nos efforts ont permis de réduire de 72% les incendies. On va persister dans ces efforts de protection de l'Amazonie.
Comment qualifiez-vous les relations bilatérales entre la Tunisie et le Brésil ?
On a toujours eu d'excellentes relations politiques, la Tunisie et le Brésil sont deux pays amis qui partagent les mêmes visions et les mêmes valeurs mais la géographie a fait que les deux pays sont éloignés l'un de l'autre. Il ne faut pas oublier que la Tunisie est beaucoup plus liée à travers l'histoire avec l'Europe.
Après la Révolution, elle a fait beaucoup d'effort pour s'ouvrir sur les autres pays du monde dont le Brésil, et ce, dans le cadre de la diversification de ses partenaires. Aujourd'hui, on s'attelle des deux côtés à concrétiser ce rapprochement. Un accord de libre-échange est en cours d'étude entre le Mercosur et la Tunisie, ce qui est de nature à booster les échanges commerciaux entre les deux pays.
Quelles sont les mesures qui doivent être prises pour développer davantage les relations bilatérales et quels sont les domaines de coopération bilatérale ?
Je crois qu'il est bien utile de travailler sur les instruments et mécanismes de coopération. Un accord avec le Mercosur aura des retombées positives en matière de coopération bilatérale. Il permettra à la Tunisie un accès au marché de cette communauté regroupant presque trois cents millions d'acteurs avec des conditions privilégiées.
Sur un autre plan, on est en train de négocier un accord entre les deux pays en vue de faciliter et promouvoir les investissements brésiliens en Tunisie. Les relations économiques avec les pays d'Afrique ont atteint un excellent niveau et il est grand temps que celles qui nous lient avec la Tunisie suivent la même courbe ascendante. L'ouverture de l'économie tunisienne, le renforcement du partenariat public-privé sont une opportunité pour les entreprises brésiliennes pour investir en Tunisie.
Sur un autre plan, on essaie de partager notre expérience et notre expertise, notamment en matière de développement social, de lutte contre la pauvreté, d'identification des poches de pauvreté et de lutte contre ce fléau pour aider le gouvernement à mettre en œuvre une politique bien ciblée. Des experts brésiliens sont déjà entrés en contact avec leurs vis-à-vis au ministère des Affaires sociales pour contribuer à la mise en place de cantines scolaires.
Un autre accord a été établi avec l'Agence tunisienne de coopération technique en matière de renforcement des capacités et qui est financé par la Banque islamique de financement. La Tunisie servira de relais dans ce contexte et sera appelée, à son tour, à renforcer les capacités d'autres pays africains dans le cadre d'une coopération Sud-Sud.
Le nombre de la communauté brésilienne en Tunisie n'est pas important et les Tunisiens semblent ne pas profiter du fait qu'ils n'ont pas besoin de visa pour voyager au Brésil.
Oui c'est vrai mais je crois que la Tunisie est en train de s'ouvrir beaucoup plus sur les autres pays du monde mais il faut signaler que l'absence de vols directs a contribué à cet état de fait et il faut pallier cette lacune. Aujourd'hui, beaucoup de Brésiliens partent au Maroc parce que ce pays a établi des vols directs entre Rio et Casa. C'est pratiquement la même chose pour Istanbul, en Turquie.
Il faudra donc se pencher sur cette question en dépit de la difficulté parfois de programmer des vols directs Tunis-Rio. Je crois ça va venir dans un futur proche mais la Tunisie s'attaque aujourd'hui à d'autres chantiers prioritaires.
Bientôt l'ouverture d'un bureau brésilien chargé des affaires économiques en Tunisie qui sera appelé à booster les échanges économiques entre les deux pays ?
Justement, on vient cette année de lancer ce nouveau poste d'attaché commercial en vue de renforcer le développement commercial entre les deux pays. Le Brésil exporte le café, le sucre, et traditionnellement la Tunisie exportait le phosphate au Brésil. Toutefois, il est temps aujourd'hui de passer à l'action et diversifier les produits qui sont destinés à l'exportation. Nous sommes prêts à avancer.
Quel regard portez-vous sur le processus démocratique en Tunisie ?
La Tunisie a beaucoup progressé en matière de démocratie et de respect des libertés individuelles. C'est une démocratie dans le monde arabe mais il faut signaler que la Tunisie a eu toujours cette tradition de respect des droits comme le prouve l'abolition de l'esclavage avant les USA et avant le Brésil ainsi que le Code du statut personnel qui a aboli la polygamie en 1956. Il faut dire que c'est dans la nature du pays et du Tunisien.
La Tunisie a beaucoup avancé dans le domaine des libertés mais il faudra peut-être faire plus dans le domaine de l'inclusion sociale. Les résultats de la présidentielle anticipée ont constitué une surprise pour certains mais c'est ça la démocratie et on doit féliciter la jeune démocratie en Tunisie qui avance de manière sûre et ferme.
Des poches de tension persistent au Moyen-Orient comme dans d'autres coins du monde
La diplomatie du Brésil repose sur la résolution pacifique des conflits, la négociation et le refus du recours à la guerre. Le chaos règne dans certains pays en raison de l'absence d'une option pour la paix. On espère que la Libye retrouvera la paix et refusera la guerre.
Le mot de la fin ?
Le Brésil n'est devenu un pays démocratique qu'en 1985 et nous avons toujours des défis à relever. La démocratie est un long processus et il ne faut pas demander plus que la démocratie ne peut vous donner. On doit surtout mettre en valeur nos acquis.
La démocratie est en marche en Tunisie mais il faut encore du temps pour la transition démocratique qui est difficile pour tout le monde.
Vidéo: Belhassen Lassoued & Insaf Aouinti


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