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«La Tunisie peut devenir un hub entre l'Europe, l'Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient»
Entretien avec... Jorge Faurie, ministre des Affaires étrangères argentin
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 04 - 2018

Le commerce ouvert et concurrentiel ne fait qu'enrichir les nations. Et la Tunisie et l'Argentine, deux pays relevant du monde émergent, devraient en saisir la portée et l'opportunité, pour se faire une place dans le concert des nations, de l'avis du ministre des Affaires étrangères argentin, Jorge Faurie.
Interviewé par La Presse, à l'occasion de sa visite en Tunisie (entamée samedi dernier), le chef de la diplomatie argentine a parlé politique, économie et géopolitique dans ce tour d'horizon.
Pour lui, les frontières géographiques et/ou idéologiques n'auraient plus aucune raison dans un monde de plus en plus globalisé. Un monde où les nations ont intérêt à commercer les uns avec les autres, sur la base du «bénéfice partagé».
Premier pays d'Amérique du Sud à prendre la présidence tournante du G20 (depuis novembre dernier), l'Argentine, 21e dans le classement 2017 des pays les plus riches du monde avec un PIB de 595 milliards USD, plaidera pour une plus grande ouverture économique dans le monde et portera la voix de la région au sein de cette enceinte de coopération économique et financière, a encore promis Faurie. Entretien.
Etablies en 1961, les relations entre la Tunisie et l'Argentine auraient gagné en maturité ces dernières années. Quel plan d'actions afin de les faire davantage fructifier pour le bien des deux nations ?
L'Argentine et la Tunisie ont une relation mûre qui s'est consolidée au cours de ces dernières années. La preuve : mon voyage en Tunisie pour approfondir les liens bilatéraux et que l'on puisse avancer au maximum dans l'agenda conjoint.
On s'est engagés à augmenter le volume du commerce bilatéral, profitant des opportunités de la diversification commerciale et des complémentarités économiques.
On est, également, en train d'avancer dans les négociations des accords de coopération, spécialement en ce qui concerne la coopération technique et agroindustrielle, dans lesquelles l'Argentine a une grande expérience et peut fournir support et formation à la Tunisie.
On espère pouvoir développer des domaines d'intérêt mutuel, surtout dans ceux dans lesquels notre pays peut offrir à la Tunisie des opportunités de développement et de croissance, par exemple la possibilité de souscrire des accords dans les domaines de la coopération en matière nucléaire et spatiale, ainsi que la collaboration en matière de biotechnologie, affaires sociales et culturelles, entre autres.
Comment les dirigeants et le peuples argentins perçoivent-ils l'avènement de la révolution tunisienne, sinon du printemps arabe?
On comprend que les changements qui ont transformé la Tunisie ces dernières années sont inscrits dans l'effort qui a conduit le pays à travers une transition démocratique et qui continue encore aujourd'hui.
Il est clair que la croissance et le développement d'un pays est possible, seulement, dans un cadre de paix et de stabilité, basé sur le plein exercice de la démocratie.
La Tunisie est en train d'avancer de pied ferme et décidé dans ce sens, ce qui lui a permis de se transformer en un acteur primordial sur la scène méditerranéenne et un interlocuteur respecté et privilégié tant dans le Maghreb que dans le continent africain et le monde arabe.
L'Argentine soutient la Tunisie dans son effort de transformation, avec son processus démocratique unique dans la région, tout en étant conscient que l'on peut, aujourd'hui, se rencontrer et approfondir nos liens politiques et commerciaux comme deux nations qui parlent un langage commun, celui du respect des institutions et de la recherche du développement sur la base d'un bénéfice mutuel.
Un accord de partenariat commercial préférentiel a été signé en 2014 entre la Tunisie et le marché commun du sud (Mercosur), qui regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et le Venezuela. Comment évaluez-vous l'état actuel des choses?
Jusqu'à présent, le Mercosur et la République tunisienne n'ont pas encore signé un accord de préférence commerciale. L'accord souscrit et en vigueur est un accord-cadre de commerce et de coopération économique entre le Mercosur et la République tunisienne, signé par les deux parties en décembre 2014.
En ce qui concerne la négociation d'un accord de libre-échange, il y a eu une première série de conversations et un échange de points de vue à Brasilia, le 14 novembre 2017, déjà dans le contexte formel des négociations d'un accord de libre-échange commercial (TLC).
Le Mercosur mesure l'importance des négociations en cours et attend des progrès substantiels dans le prochain round de négociations qui aura lieu à Tunis dans les mois à venir. Le Mercosur représente une grande opportunité pour la Tunisie en tant que marché de 300 millions de personnes, ainsi que la porte d'entrée au marché latino-américain. On attend des résultats concrets, considérant tout spécialement l'intérêt de la Tunisie à devenir le «hub» entre l'Europe, l'Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient.
Après le Brésil, l'Argentine compte pour 30% des exportations totales à destination de l'Afrique et réalise un excédent commercial, selon l'International Center of Trade and Sustainable Development. La multiplication des programmes de libéralisation commerciale et financière peut-elle jouer un rôle accru dans les relations internationales contemporaines?
L'insertion de l'Argentine dans le monde permet d'espérer que nos produits et services soient consommés dans d'autres pays et parcourir le chemin qui mène à l'efficience économique, toujours dans l'exercice d'une relation mûre et de respect des règles établies pour un commerce juste entre les nations.
Dans ce cadre, il est possible de renforcer les capacités de notre pays, considérant que l'on est déjà l'un des principaux producteurs d'aliments dans le monde, avec des industries agricoles et du domaine de l'élevage à grande échelle. Egalement, on s'efforce de diversifier notre production pour accéder à plus de marchés et être plus efficients économiquement.
Les accords commerciaux de l'Argentine avec le reste du monde représentent, à présent, seulement 10% du PIB global.
C'est pour cette raison que l'Argentine possède un potentiel énorme pour ouvrir des marchés en célébrant de nouveaux accords commerciaux qui à leur tour permettent d'établir des conditions pour le développement des investissements dans le pays. Le Mercosur, bloc économique dont l'Argentine fait partie, est en train de négocier des accords commerciaux — à un niveau très avancé, dans certains cas ; et en phase exploratoire, dans d'autres — avec plusieurs acteurs : l'Union européenne, le Canada, la Corée, l'Efta, Singapour, la Tunisie et bien d'autres. Le total des négociations en cours ou dans les étapes initiales représentent environ 40% du PIB du monde, ce qui signifie un progrès majeur par rapport à la situation actuelle. Si cela se concrétisait, il permettrait d'amplifier de manière importante le flux tant des biens agricoles comme des produits industrialisés.
Plus nous établissons des relations avec d'autres pays, plus grandes seront nos chances de grandir et promouvoir les échanges commerciaux.
L'Amérique du Sud où la gauche, traditionnellement au pouvoir dans la majorité des pays depuis 1998, semble être en déclin, donne à voir une certaine droitisation. Est-ce une réaction aux chocs économiques régionaux ou un choix conséquent à une logique économique mondialisée?
Sur ce plan, je ne parlerai pas en termes de gauche ou de droite, car dans notre pays ce sont des catégories que, sincèrement, on n'applique pas dans la réalité de l'analyse des choses, mais plutôt se décider à se constituer en un pays fermé ou bien un pays qui cherche à s'ouvrir au monde.
En Argentine, le gouvernement du président Macri a relevé le défi d'obtenir une insertion intelligente dans le système international, lui permettant de tenir le rôle prépondérant dans un contexte de transformations à grande vitesse et de stimulations multiples. Dans le cas de notre pays, on a essayé d'être fermé et isolé du reste du monde pendant les 12 dernières années et cela nous a appauvris et nous a laissés moins développés, avec une économie moins compétitive et avec des produits argentins qui avaient perdu des marchés.
La façon d'interagir tant avec la région comme avec le reste du monde n'est pas dictée par des questions d'ordre idéologique, mais plutôt par une position pragmatique qui permet à notre pays d'entretenir des relations de façon ouverte et honnête avec tous les pays du monde cherchant un bénéfice partagé.
Ces dernières années, l'Argentine a pu s'acquitter de ce défi avec succès, et cela se voit, pas seulement dans les relations bilatérales avec d'autres pays mais aussi au niveau régional et multilatéral : on a été le siège de la XIe Conférence ministérielle de l'OMC et en 2018 on se trouve devant le grand défi d'exercer la présidence du G-20 et d'être hôte du prochain Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement au mois de novembre prochain.
Avec nos voisins, on s'est engagés à renforcer le Mercosur, qui se trouve plus actif que jamais et en plein processus d'élargissement de ses rapports extérieurs. On est en train de travailler pour que le Mercosur soit notre plateforme régionale à partir de laquelle on peut obtenir des accords avec d'autres blocs régionaux et pays, toujours dans le but d'obtenir que nos biens et services soient compétitifs.
On réussira ainsi non seulement à développer le commerce mais aussi — et plus important encore — à faire bénéficier les peuples de l'Argentine et du Mercosur ainsi que tous nos partenaires.


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