Au palais de Carthage, on cherchera aujourd'hui à résoudre les problèmes des instituteurs et des enseignants du secondaire et à faire démarrer, le plus vite possible, les négociations sociales dans les secteurs public et privé C'est aujourd'hui, mardi 18 août, que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, doit recevoir au palais de Carthage le chef du gouvernement, Habib Essid, le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Houcine Abassi, et Widad Bouchamaoui, présidente de l'Union tunisienne pour l'industrie, le commerce et l'artisanat (Utica), en présence de Mohamed Ennaceur, président de l'ARP. La rencontre devrait permettre, — comme l'attendent plusieurs observateurs, au chef de l'Etat d'arbitrer les conflits qui opposent ces dernières semaines l'Ugtt au gouvernement, plus précisément le ministère de l'Education aux syndicalistes de l'enseignement de base et de l'enseignement secondaire, d'une part, et les syndicalistes de la santé, d'autre part, s'opposant aux décisions de Saïd Aïdi, ministre de la Santé, multipliant les sanctions à l'encontre de responsables de plusieurs établissements hospitaliers accusés d'avoir failli à leurs devoirs. Le chef de l'Etat devrait mettre un terme à la polémique enflant, de jour en jour, opposant les syndicalistes de l'enseignement primaire et secondaire au ministre de l'Education, à moins d'un mois de la rentrée scolaire 2015-2016 programmée pour le 14 septembre prochain. Cette polémique a trop duré au point que les parents commencent à se demander si la rentrée aura lieu ou si elle sera reportée aux calendes grecques au cas où les instituteurs et les professeurs du secondaire boycotteraient réellement le retour aux classes, comme ne cessent de manacer leurs syndicats généraux respectifs. Pas plus tard que dimanche 16 août, Lassaad Yacoubi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement secondaire, accusait Néji Jalloul, ministre de l'Education, «de chercher à créer des écoles parallèles» et lui reprochait de devancer le dialogue national sur la réforme du système éducatif «pour annoncer unilatéralement la suppression du bonus des 20% lors de l'examen du baccalauréat en 2016». Il estime, en effet, que cette décision devrait émaner de la consultation nationale sur la réforme éducative. «Malheureusement, Néji Jalloul agit comme bon lui semble et on se demande pourquoi tenir cette consultation si les décisions sont déjà prises». Les prélèvements auront-ils lieu ? Quant aux instituteurs, ils se dressent comme un seul homme à l'encontre de leur ministre qui a déclaré à plusieurs reprises : «Tout instituteur qui ne rejoindra pas son poste le 14 septembre prochain sera considéré comme ayant renoncé à son poste et sera remplacé». Ils sont en colère également contre la décision de prélever 20 jours de salaire (à raison de quatre jours par mois durant cinq mois à compter d'août 2015) des directeurs des écoles de base ayant refusé d'assurer les examens de la Sixième ouvrant l'accès aux collègues pilotes. Pour toutes ces raisons, les instituteurs se mobilisent derrière leur syndicat général, appellent à l'intervention du SG de l'Ugtt et à l'arbitrage du président de la République. Quant aux révocations décidées par Saïd Aïdi, ministre de la Santé, elles ont été bien accueillies par plusieurs citoyens et par les réseaux sociaux qui encouragent le ministre à continuer à faire tomber d'autres têtes. Seulement, les syndicalistes du secteur de la santé n'apprécient pas les décisions du ministère qui, soulignent-ils, «renvoient les compétences à la pelle et tournent le dos à nos revendications légitimes. Avec ces révocations médiatisées à outrance, il fait endosser la responsabilité des défaillances aux directeurs alors qu'en réalité, c'est tout le système sanitaire qui doit être révisé de fond en comble». Les négociations salariales de retour Au cours de la rencontre d'aujourd'hui au Palais de Carthage, il sera également question du retour à la table des négociations salariales entre le gouvernement et l'Ugtt pour ce qui est de la fonction et du secteur publics pour le compte de 2015 et 2016, conformément à l'accord-cadre signé en avril dernier. On s'attend des deux côtés à ce que la commission mixte 4+4 (quatre ministres et quatre représentants de l'Ugtt) reprenne ses travaux dans les prochains jours et on table sur la fin des négociations d'ici fin août. Volet négociations dans le secteur privé, il est possible que le chef de l'Etat tranche le conflit Ugtt-Utica à propos du critère de la productivité auquel l'Utica est toujours attachées, alors que les négociateurs de l'Ugtt veulent que toutes les entreprises du secteur privé soient touchées.