Par Khaled TEBOURBI A en croire des premiers chiffres, la moyenne de fréquentation des festivals n'a pas baissé, cet été. A «Carthage», «Hammamet», «Sousse», «Bizerte» et autres «internationaux», on note même une amélioration. «Ezzahra» et « Boukornine», petits formats, petits budgets réalisent, eux, grâce à des directions et des comités d'organisation particulièrement dynamiques,une réelle avancée. Mieux, semble-t-il : les spectacles à contenu, théâtre d'auteur, concerts classiques, artistes du circuit culturel etc., réalisent des taux d'affluence franchement inattendus. Deux exemples significatifs :la création instrumentale, primée aux 2es JMC, du violoniste émérite Anis Klibi, accueillie sur maintes scènes, jusqu'à l'intérieur du pays, quasiment toujours par des publics en assez bon nombre; et le récital du «poly-virtuose» turco-américain Omar Faruk Tekbilek, qui s'est produit devant près de cinq mille spectateurs attentifs et ravis, l'autre soir, à l'amphithéâtre romain !On a entendu beaucoup de critiques à propos de programmations dites «élitistes» ou «abusivement internationales». Le résultat obtenu aux «entrées» apporte plutôt un démenti. Mais passons. L'essentiel dans tout cela est que Tunisie estivale, la Tunisie festivalière, amie de la culture et des arts, est là, toujours encline au bon vivre, toujours prête à chasser les mauvais augures pour reprendre vite espoir et repartir de l'avant. Autrement dit, et n'en déplaise à nos confrères de l'Hexagone,qui n'arrêtent décidément pas de remuer le couteau dans la plaie, «le coup de Sousse», comme ils disent, est, bien au contraire, en voie d'être dépassé. Voire, et cela s'adresse à nos bons amis du journal «Le Monde» en particulier, le « miracle tunisien » qu'ils ont qualifié de «bien improbable» (article du mardi 11 août) est, comme c'est tradition millénaire içi, en cours d'accomplissement. Vite fait. Et aussitôt ! Nos confrères de l'Hexagone n'arrêtent pas de faire du zèle à notre insu. On n'est pas des adeptes de la théorie du complot, mais à force de lire et d'entendre de telles « choses», et souvent sans occasion,on va finir par y croire à notre tour. Ce qui , assurément, ne serait à l'avantage de personne. L'été festivalier va son bonhomme de chemin. Le moral des publics est bon. Mais aux toutes dernières nouvelles, il y a à craindre, un peu,pour le reste de la saison. On apprend ,en effet, que le Théâtre de la Ville de Tunis ferme ses portes dès décembre prochain, pour cause de restauration,et pour un délai d'une année. En attendant la cité de la culture qui ne serait pas fonctionnelle avant 2018,le Théâtre de la Ville de Tunis demeure l'unique lieu de représentation conforme aux normes mondialement convenues. Que fera t-on en son absence? Sincèrement, on ne sait. La musique,surtout,risque de beaucoup y perdre. On songe principalement aux 3es Journées musicales de Carthage prévues fin mars 2016. Grosse manifestation, grand rendez-vous des musiciens arabes, africains, et autres méditérannéens. Où placera-t-on des soirées .de cet acabit ?Où trouver un espace de concerts avec une telle aura,répondant par-dessus tout aux mêmes règles acoustiques et aux mêmes exigences de sécurité et de diffusion ? Et l'on n'évoque pas le cas de la musique symphonique,très active en hiver et au printemps,ni celui,dès juin prochain,du festival de la Médina. Une solution de rechange,c'est à quoi l'on doit répondre avant tout. Il ne reste que quelques petits mois. K.T.