Chargé par le président, Panagiotis Lafazanis, ancien ministre grec de l'Energie à l'origine de la scission de Syriza, a reconnu que la tâche était insurmontable Agences — Panagiotis Lafazanis, ancien ministre grec de l'Energie à l'origine de la scission de Syriza, a, comme prévu, été invité à son tour à former un nouveau gouvernement mais a d'emblée reconnu que la tâche était insurmontable, ce qui signifie que des élections anticipées auront bien lieu en septembre. Le chef de file de l'Unité populaire, parti anti-austérité fondé vendredi par les frondeurs de Syriza au lendemain de la démission du Premier ministre Alexis Tsipras, dispose néanmoins de trois jours pour essayer de former une coalition. Les conservateurs de Nouvelle Démocratie avaient renoncé, quelques heures plus tôt, à cette tâche impossible compte tenu des rapports de force dans le Parlement issu des législatives de janvier et des oppositions irréductibles au sujet du troisième plan d'aide financière accordé à la Grèce en échange de nouvelles mesures d'austérité. Avec 25 députés, Unité Populaire est devenue la troisième force parlementaire et la Constitution prévoit, en cas de démission d'un gouvernement moins d'un an après des élections législatives, que la troisième force politique dispose elle aussi de trois jours. Lafazanis a exclu toute entente avec quiconque soutient le nouveau plan d'aide, ce qui limite ses perspectives d'alliance aux seuls communistes du KKE (15 élus) et aux néonazis d'Aube dorée (17 élus). Or, ces trois groupes, qu'on imagine de toute façon mal cohabiter, ne disposeraient que de 57 élus sur 300. L'ancien ministre de l'Energie a toutefois indiqué qu'il entendait bien exploiter les trois jours pleins qui lui sont alloués à compter d'hier. «Nous n'avons aucune illusion en ce qui concerne la formation d'un gouvernement hostile au plan de sauvetage avec un tel Parlement», a-t-il déclaré à la presse. «Nous allons utiliser ce mandat pour montrer que la seule chose qui serve les intérêts des Grecs, c'est un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement opposés au plan d'aide», a ajouté Lafazanis. Questions brûlantes A l'issue des trois jours, le président Prokopis Pavlopoulos nommera un Premier ministre chargé d'expédier les affaires courantes et convoquera des élections anticipées. Ces tractations a priori inutiles lassent et épuisent tant en Grèce que chez ses partenaires européens, d'autant qu'Athènes doit mettre en œuvre les mesures liées au plan d'aide. Un premier examen, ou «revue», du respect des engagements pris dans ce cadre est prévu en octobre. Si l'audit est négatif, les versements pourraient s'interrompre. La Grèce doit également faire face à une autre urgence, celle de l'arrivée de nombreux réfugiés dans les îles de la mer Egée. «Notre pays a besoin d'un Premier ministre intérimaire expérimenté», dit le quotidien Kathimerini. «La mise en œuvre de l'accord conclu avec les créanciers, la recapitalisation des banques et la crise des migrants sont des questions brûlantes qui ne peuvent attendre, pas même un mois.» Tsipras, dont la cote de popularité reste élevée et qui peut espérer être reconduit à la tête du gouvernement à l'issue des prochaines élections, a dénoncé les tactiques dilatoires de la droite et des transfuges de Syriza. «Ne vous inquiétez pas, ces combines visant à repousser les élections ne mèneront nulle part et le peuple le sait», a-t-il assuré lors d'une réunion samedi avec de hauts responsables de son parti. Le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, a exprimé l'espoir que cette procédure soit rapidement expédiée pour «que le moins de temps possible soit perdu», a-t-il dit à la presse.