Après quelques années de disette presque totale, Tabarka a retrouvé, cette saison, son festival phare, le jazz. Un évènement qui a redonné de l'espoir à toute la ville, qui semble retrouver l'une de ses principales vocations : la musique. Depuis quelques années déjà, on n'a cessé d'affirmer que Tabarka est devenue réellement une ville bien triste, car touristiquement sinistrée. Toutes les belles choses qui ont fait autrefois ses spécificités, sa splendeur même, se sont malheureusement retrouvées en perte de vitesse spectaculaire. On pense, ainsi, aux différents festivals qui ont conféré à la ville un statut international bien mérité, notamment celui de la plongée sous-marine, du jazz, du Rai, de la musique du monde ou encore du latino ‘s. Autant d'évènements phares qui ont connu, à la faveur de certaines politiques de sabotage, un déclin à la fois rapide et surprenant. Et ce sont quelques personnes totalement étrangères à la ville qui se sont imposées à la fois responsables et témoins du destin de Tabarka qui sont à l'origine de ce déclin, car animées seulement par le souci de servir « éternellement » leurs intérêts personnels. Il a fallu donc attendre la saison estivale 2015 pour reprendre espoir. Car, à la faveur de certaines bonnes volontés, la ville du corail a paru, du moins musicalement, renaître de ses cendres. La programmation d'une nouvelle édition du festival de jazz, après une expérience timide l'année dernière, a permis à cette région de retrouver une vocation toute naturelle. Il est vrai justement que durant 4 jours (du 26 au 29 août), cette ville du nord - ouest a retrouvé une réelle dynamique, rappelant le bon vieux temps. «Tabarka a été, par nature une ville de jazz, elle l'est encore aujourd'hui et elle le sera toujours, n'en déplaise à certains». Ce témoignage émotionnel d'une Franco-Algérienne lors de la soirée du 27, est plutôt significatif, et renvoie à une certaine passion retrouvée. Certes, la qualité des spectacles proposés n'était pas sans reproches, mais du moins l'objectif semble atteint. Celui de redonner à la ville de Tabarka sa vocation musicale et culturelle. Question de crédibilité Toutefois, les organisateurs auraient certainement gagné en crédibilité en optant pour une autre appellation, comme «the Word music», par exemple. Le respect du genre reste un élément fondamental. Justement, tous les spectacles retenus pour cette nouvelle édition n'ont aucun rapport avec le jazz, à l'exception du spectacle de Lina Ben Ali, lors de la soirée du 27 août. Justement, cette jeune artiste a réussi à enchanter, l'espace de 90 minutes, les amateurs de musique, grâce surtout à un style mélodique empruntant à divers courants classiques et contemporains. Notre jeune chanteuse, grâce aussi à un rythme encore à l'état pur, a enchanté également dans un savant mélange de la pop noire. José James et James Brown, notamment. Mieux encore, elle est revenue même à l'une des sources du jazz, et dont elle semble totalement influencée : Billie Holiday. A l'exception faite également du groupe The Afro Rockers qui, grâce à un mélange de Rock, de groove, de Jazz et de l'électro, puisé dans un héritage musical à mi - chemin entre l'Afrique et l'Occident, a excellé lors de la soirée de clôture. Et ce sont surtout les stars du groupe Emma Lamadji du Centrafrique, avec sa soul puissante, sa voix à la fois intense et sensuelle, ses sons inouïs et notamment ses aigus, et Allonymous, chanteur nourri au blues de Chicago, qui ont envoûté toute la salle. En somme, l'on estime qu'avec un budget plus conséquent, le festival de Tabarka gagnerait beaucoup en qualité. Justement, avec des moyens financiers plus importants, les organisateurs auraient certainement la possibilité de faire appel à des artistes de renom, et éviter ainsi de recourir à des groupes de bas –niveau. C'est le cas des «Déserteurs» ( la soirée du 28 août) qui, en raison d'un Kaddour Hadadi, folklorique, indifférent et même insolent, a déchanté toute la Basilique. On estime, également, qu'il est nécessaire de se libérer une fois pour toutes de certaines personnes au niveau de l'organisation. Car, ce sont ces mêmes personnes qui ont fait beaucoup de tort au festival de Tabarka par le passé. Et elles portent toujours une malédiction certaine.