Aujourd'hui, Béji Caïd Essebsi, président de la République, rencontre les membres du quintette. On s'attend à l'annonce officielle des augmentations salariales dans la fonction et le secteur publics. Il sera également question peut-être d'une solution miracle pour sauver la rentrée scolaire Comme prévu, c'est aujourd'hui que se retrouveront, au palais de Carthage, autour du président Béji Caïd Essebsi, les membres du quintette : Habib Essid, chef du gouvernement, Mohamed Ennaceur, président du Parlement, Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, et Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica. Cette nouvelle rencontre au sommet est programmée depuis celle tenue le 18 août dernier à Carthage sous la supervision du chef de l'Etat. Aujourd'hui, Ennaceur, Abassi, Bouchamaoui et Essid rendront leurs copies au président Caïd Essebsi et l'on saura si les accords conclus, il y a vingt jours, ont été concrétisés ou non et aussi ce que le quintette va décider en vue de faire face aux problèmes survenus durant la période séparant le premier sommet tenu le 18 août de celui d'aujourd'hui. Les augmentations salariales acquises, la rentrée scolaire incertaine Pour commencer, c'est le dossier des négociations salariales dans le secteur et la fonction publics qui dominera les débats. On apprend, en effet, que les membres de la commission 4+4 ont mis les bouchées doubles pour terminer leurs concertations avant le 7 septembre et parvenir à un accord qui sera avalisé par la rencontre d'aujourd'hui. Les informations distillées par les parties syndicales parlent d'une majoration mensuelle de l'ordre de 50 dinars pour les salariés de la fonction publique. Quant à ceux du secteur public, ils verront leurs salaires augmenter de 70 dinars. Les primes spécifiques varieront de 90 à 150 dinars et seront servies sur trois ans. Reste un petit point de désaccord: quand ces augmentations entreront-elles en vigueur ? Pour le moment, deux dates sont en lice: octobre 2015 ou janvier 2016. Houcine Abassi, S.G. de l'Ugtt, qui a pris des engagements personnels pour calmer les syndicalistes de l'enseignement primaire et du secondaire n'a pas manqué d'exprimer sa conviction que l'année 2016 sera calme socialement mais à condition que les accords conclus soient concrétisés et qu'ils ne soient pas rangés dans les tiroirs dans les ministères concernés. Sauf que les assurances prises par Houcine Abassi risquent de voler en éclats puisque les instituteurs et les enseignants du secondaire viennent de décider de boycotter purement et simplement la rentrée scolaire 2015-2016 «en signe de protestation contre la non-publication dans le dernier numéro du Jort (Journal officiel de la République tunisienne) des accords conclus en avril 2015 avec Néji Jalloul, ministre actuel de l'Education, et avec les autres ministres qui l'ont précédé dans les gouvernements de la Troïka et de Mehdi Jomaâ». La commission administrative de l'enseignement secondaire a auparavant annoncé deux jours de grève pour les 17 et 18 septembre. Samedi, elle a décidé que la rentrée programmée pour le 15 du même mois sera boycottée. Elle a également maintenu «les journées de colère» régionale et nationale qui se tiendront durant la semaine du 8 au 15 septembre. Samedi 5 septembre, Néjib Sellami, secrétaire général adjoint du Syndicat général de l'enseignement secondaire, a notamment déclaré à l'agence TAP : «Nous avons décidé de bouder la rentrée scolaires parce que nous considérons que le gouvernement n'a pas tenu ses promesses et n'a pas publié les accords conclus. Nous sommes attachés à poursuivre notre mouvement de protestation et à défendre les intérêts de nos adhérents». Toutefois, il a laissé la porte ouverte à une possible rentrée scolaire «dans de bonnes conditions dans la mesure où il reste encore du temps au gouvernement pour honorer ses engagements», ce qui revient à dire que les professeurs reviendront à de bons sentiments au cas où seraient publiés dans le Jort les accords signés d'ici le jour de la rentrée. Quant aux négociations salariales dans le secteur privé qui touchent 1,3 million de salariés, on saura peut-être aujourd'hui à l'issue du sommet de Carthage quand sera signé l'accord-cadre sur la base duquel ces négociations vont se dérouler. La loi sur la réconciliation économique en point de mire D'autres dossiers seront à l'ordre du jour de la rencontre comme le projet de loi sur la réconciliation économique, le congrès national sur la lutte contre le terrorisme, les prochaines désignations des délégués, la marche de l'action législative au sein des différentes commissions parlementaires, le suivi de la crise qui sévit au sein de l'Instance vérité et dignité, etc. D'abord, on se demande quand la commission de législation générale va-t-elle examiner le projet de loi sur la réconciliation. La question s'impose puisqu'on s'attendait à ce que la priorité lui soit accordée immédiatement après la rentrée parlementaire. Mais on s'est retrouvé avec d'autres projets de loi et même la séance plénière prévue pour mardi prochain va discuter d'autres lois. Ensuite, la date du congrès antiterrorisme s'étire de jour en jour. Il était prévu pour mi-septembre. Maintenant, on parle de fin octobre prochain. Les commissions préparatoires s'activent au niveau de la coordination des partis au pouvoir mais on attend encore que les autres partis politiques, les organisations de la société civile et les experts y soient associés. Enfin, les désignations attendues des délégués s'inviteront au débat de Carthage même si au niveau du gouvernement, on continue à assurer que c'est une affaire qui relève exclusivement des compétences du chef du gouvernement après consultation du ministre de l'Intérieur. Il est sûr qu'on fera tout afin d'éviter que se reproduise la fronde née à la suite du mouvement opéré récemment dans le corps des gouverneurs. Il sera également question de suivre la crise traversant l'Instance vérité et dignité, surtout que l'affaire a pris maintenant une autre dimension : une affaire en justice contre la présidente pour mauvaise gestion et dilapidation des deniers publics, une commissions parlementaire d'enquête qui sera constituée aujourd'hui selon le dernier communiqué du bureau de l'ARP et des appels à la démission de la présidente de l'Instance. En tout état de cause, l'on saura aujourd'hui, à l'issue de la rencontre, quelle sera la feuille de route qui sera mise au point en prévision des trois semaines prochaines en attendant le troisième sommet au palais de Carthage (si la régularité des réunions est maintenue à 21 jours).