Les députés du groupe du Front populaire à l'Assemblée des Représentants du peuple ont réaffirmé leur soutien total aux mouvements de protestation pacifiques et leur participation à la marche prévue demain, samedi, contre le projet de réconciliation économique. Dans une déclaration rendue publique, hier, les députés du Front s'engagent à poursuivre leurs actions dénonçant toute «déviation » du gouvernement visant à « confisquer les libertés» et « enfreindre la Constitution ». Le Front populaire a dit rejeter fermement les déclarations du ministre de l'Intérieur dans lesquelles il est question d'interdire les manifestations sous prétexte de l'état d'urgence. Le droit de manifester et de protester, de manière pacifique, est un droit garanti par la Constitution, souligne le Front. « Justifier l'interdiction des manifestations par l'état d'urgence est un faux prétexte pour faire passer des lois et des mesures qui ne servent pas l'intérêt du peuple », lit-on dans le texte de la déclaration. La Commission des droits, des libertés et des relations extérieures a tenu hier une séance d'audition du ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, pour discuter de la situation générale dans le pays, dont en particulier l'application de la loi sur l'état d'urgence. La coordination des partis opposés à la loi sur la réconciliation économique a réaffirmé, mercredi, son attachement à organiser la marche nationale samedi 12 septembre à 15H00. Le ministère de l'Intérieur avait décidé l'interdiction à partir de mercredi 9 septembre et jusqu'à lundi 14 septembre l'accès à l'avenue Habib-Bourguiba, en raison de « menaces terroristes ». La coalition des partis opposés à la loi sur la réconciliation économique est formée d'Al-Joumhouri, Ettakatol, l'Alliance démocratique, le Courant démocrate et le Mouvement Echâab. Un collectif civil et politique De son côté, le parti Al-Massar a annoncé, hier, dans une déclaration, la création d'un «Collectif civil et politique» pour le retrait de la loi de la réconciliation économique et «la rectification» du processus de la justice transitionnelle. Ce collectif est constitué d'Al-Massar, du Front populaire, du Parti socialiste et du Parti du militantisme. Il compte, également, selon Al-Massar, des composantes de la société civile, à savoir la Coalition civile contre la violence et pour les libertés, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, l'Union nationale de la femme tunisienne, l'Association tunisienne de lutte contre la torture, l'Union générale des étudiants de Tunisie ainsi que l'Union des diplômés chômeurs. Al-Massar réclame le retrait du projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière, proposé par la présidence de la République, ainsi que la «rectification» du processus de la justice transitionnelle à travers la proposition d'un projet de loi amendant la loi organique relative à la justice transitionnelle qui serait précédé par un dialogue national. Un projet anticonstitutionnel Le parti souligne que le projet de loi relatif à la réconciliation économique est « anticonstitutionnel », car en violation avec le paragraphe 9 de l'article 148 de la loi fondamentale, critiquant le flou qui l'entoure, notamment en ce qui concerne les bénéficiaires et leur nombre exact. « C'est un projet qui divise les Tunisiens au lieu de les unir », estime Al-Massar. Le parti a, par ailleurs, annoncé sa participation, samedi 12 septembre, à la marche pacifique organisée par le Collectif civil et politique. Le parti de l'Union populaire républicaine (UPR) a appelé, pour sa part, le président de la République à soumettre à référendum le projet de loi sur la réconciliation économique et financière. Dans une lettre ouverte, adressée, hier, au président Béji Caïd Essebsi, le parti propose de soumettre à référendum ce projet de loi afin que les Tunisiens tranchent cette question. Par le recours au peuple, vous désamorcez la crise, écrit-il. L'UPR indique avoir déjà exprimé son rejet contre le projet de loi sur la réconciliation économique, proposé par le président de la République, car « il est contraire aux valeurs républicaines et porte atteinte à la loi fondamentale dès lors qu'il appelle à la création d'une cour exceptionnelle ».