La Cgtt : oui à la réconciliation, mais... Les partis Al-Massar et l'Union populaire républicaine (UPR) ont dénoncé, hier, la violente répression policière des manifestants pacifiques qui protestaient, dimanche à Sfax, contre le projet de loi de réconciliation économique. «Les forces de l'ordre ont fait usage d'une violence disproportionnée pour disperser les manifestants qui observaient un sit-in», lit-on dans des déclarations publiées, hier, par les deux partis. L'Union populaire républicaine souligne que la répression des protestations est devenue « une pratique systématique » du gouvernement « pour museler les voix », appelant ce dernier à éviter la politique du « bâton » et à « ne pas sous-estimer la dignité des Tunisiens ». Ces pratiques rappellent celles de l'ancien régime, ajoute le parti, qui s'interroge sur l'utilité de la prorogation de l'état d'urgence. Pour l'UPR, la prorogation de l'état d'urgence au nom de la menace terroriste cache une volonté inavouée de paralyser l'action de la société civile et de faire passer des lois qui ne font pas l'unanimité. De son côté, Al-Massar dénonce l'usage injustifié de la violence par les forces de sécurité, estimant que c'est là une atteinte à la liberté d'expression et contre le droit de manifester, de manière pacifique, garantis par la Constitution. Al-Massar a dit soutenir les mouvements pacifiques, appelant le Parquet à poursuivre quiconque dépasserait ses pouvoirs parmi les agents de l'ordre. Les forces de sécurité ont interdit hier l'organisation d'une manifestation contre la loi de réconciliation économique, à l'avenue principale de la ville de Sidi Bouzid. Des composantes de la société civile et des représentants des organisations régionales se sont réunis devant le siège de l'Union régionale du travail (URT), répondant à l'appel de l'Union régionale des diplômés sans emploi, pour exprimer leur refus de la loi de réconciliation économique. Les protestataires ont scandé des slogans en faveur de la justice sociale et le droit au travail, appelant à la chute du gouvernement. Ils ont affirmé que l'état d'urgence sert de prétexte pour la répression des mouvements de protestation. A noter que les forces de sécurité avaient demandé aux protestataires de ne pas se rendre au centre-ville, avant de faire usage de la force. Selon les constatations du correspondant de la TAP dans la région, aucune blessure ni perte humaine n'ont été eanregistrées parmi les manifestants ou les forces de l'ordre. A ce propos, la Confédération générale tunisienne du travail (Cgtt) a réitéré, hier, son attachement au principe de réconciliation comme étape nécessaire du processus de transition démocratique, à condition que cette réconciliation s'effectue dans le cadre de la justice transitionnelle, de la transparence et de l'intransigeance face à la corruption. Dans un communiqué publié hier, la Cgtt a, par ailleurs, dénoncé l'usage de la force à l'encontre de syndicalistes et d'étudiants qui ont participé à une marche de protestation contre le projet de loi relatif à la réconciliation ainsi que la répression du mouvement de protestation observé par les agriculteurs. Ces agissements constituent, selon la même source, une déviation du processus de transition démocratique. L'organisation a, en outre, réitéré son attachement à ses droits ainsi qu'à sa participation aux négociations sociales, conformément à la législation nationale et aux conventions internationales du travail ainsi qu'au jugement du tribunal administratif prononcé le 26 juillet 2015. De leur côté, des associations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé, hier, la décision du ministère de l'Intérieur d'interdire les manifestations, appelant à respecter le droit de manifester garanti par la Constitution. Ils ont, également, appelé à interdire l'usage de la force et de la violence et à poursuivre les auteurs de ces actes. La liberté de pensée, d'expression, de manifestation et de réunion sont des droits garantis par la Constitution sans lesquelles l'exercice de la citoyenneté et la réalisation de la transition démocratique ne peuvent être concrétisés, a déclaré, hier à l'agence TAP, Abdelbasset Ben Hassen, président de l'Institut arabe des droits de l'Homme (Iadh).