Place au réseautage des sociétés savantes et des institutions concernées pour une meilleure lutte contre les perturbateurs endocriniens. La deuxième journée du premier congrès national sur les perturbateurs endocriniens, tenu les 8 et 9 septembre 2015, à Gammarth et organisé par l'Agence nationale du contrôle sanitaire et environnemental des produits (ANCSEP), en collaboration avec la Société tunisienne d'endocrinologie, de diabétologie et de maladies métaboliques (STEDIAM) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a été consacrée à la réflexion sur l'instauration d'une action commune, impliquant toutes les parties et institutions concernées afin de limiter l'exposition de la population — et des populations cibles en particulier — aux perturbateurs endocriniens. Réunis autour d'une table ronde, les participants à cet évènement ont été unanimes quant à l'impératif de créer une base de données nationales sur la corrélation entre substances perturbatrices endocriniennes et état des lieux épidémiologique. Rappelons qu'on appelle perturbateur endocrinien toute molécule simulable à une hormone. Certaines risquent même de bloquer ou encore de modifier l'action d'une hormone, ce qui engendre des perturbations au niveau du fonctionnement de l'organisme. Ces molécules sont contenues dans les substances chimiques. Elles sont présentes aussi bien dans les produits utilisés quotidiennement, notamment les produits détergents, les insecticides, les pesticides dans le domaine agricole, dans les produits cosmétiques, mais aussi dans les produits alimentaires industrialisés. Ces substances portent atteinte et à l'environnement ( la qualité du sol, la faune, la flore ) et nuisent à la santé de l'Homme. Leurs répercussions sur l'organisme sont décelables à moyen et à long terme. Lors de la première journée du congrès, les représentants des sociétés savantes et les spécialistes ont expliqué le rapport de cause à effet entre le contact direct et indirect du corps humain avec ces molécules et l'apparition de perturbations endocriniennes et de maladies souvent graves, dont le diabète, l'obésité, les cancers hormono-dépendants (comme le cancer du sein et le cancer de la prostate ), les maladies métaboliques et autres, neuro-dégénératives mais aussi sur la santé reproductive et la fertilité. La liste des perturbateurs endocriniens compte 500 substances, ce qui reflète l'ampleur d'un problème de santé publique. D'où l'urgence d'asseoir un plan d'action de lutte contre les perturbateurs endocriniens. Les axes d'un plan performant Au cours de la table ronde, l'assistance, formée essentiellement de scientifiques, de médecins, de chercheurs et de responsables des institutions concernées, s'est penchée sur l'approche à adopter pour coordonner les actions des parties prenantes et œuvrer pour la maîtrise de ce dossier. Elle s'est montrée unanime quant à l'indispensable recueil des données à l'échelle nationale. Les données disponibles restent insuffisantes, car régionales. Pour ce, l'instauration d'un réseau de sociétés savantes s'impose, dans la mesure où seul un travail coordonné et complémentaire permettra aux intervenants de cerner l'incidence nationale, les populations cibles et opter pour les solutions appropriées. Il convient aussi de tabler sur les études épidémiologiques pour avoir des données claires et actualisées sur l'évolution épidémiologique de la population. L'assistance a insisté, par ailleurs, sur la nécessité de procéder à des études de bio-surveillance, lesquelles seront focalisées sur les populations les plus à risques, notamment les diabétiques, les professionnels du secteur industriel, les habitants des zones polluées, etc. «Nous devons collecter le maximum de données sur l'état des lieux épidémiologique et étudier les éventuelles corrélations avec les perturbateurs endocriniens. Des données à recueillir à travers des enquêtes menées sur la population cible, notamment des enquêtes sur la nutrition, le mode de vie, les activités, la profession, l'état de santé, les produits utilisés et autres, consommés, etc. Ce travail doit être mené en collaboration avec les sociétés savantes et les institutions concernées, dans l'attente de l'élaboration d'un protocole national régissant ce dossier», souligne Mme Hédia Gouiaa, directrice du contrôle sanitaire des produits au sein de l'ANCSEP. Et d'ajouter qu'il est recommandé de travailler sur trois plans parallèles : la prévention et la sensibilisation des Tunisiens quant aux risques sanitaires et environnementaux des perturbateurs endocriniens, la recherche afin de percer le mystère de certaines molécules soupçonnées être perturbatrices endocriniennes ainsi que la collecte des données et l'instauration progressive d'un réseau de travail performant.