En Tunisie, l'actualité ne tourne pas au ralenti. On y carbure à plein gaz au rythme d'événements et d'incidents les uns plus déprimants que les autres. On broie du noir dès le lever du soleil, et quand la nuit tombe, on dort inquiets. On a peur de se réveiller le matin et découvrir un nouveau lot de mauvaises surprises qui nous attendent. Surtout avec un coronavirus qui a pointé son nez en Italie, soit à nos portes. Déjà, les Tunisiens, qui encaissent, ont eu droit à une année 2019 qui a connu son lot d'incertitudes, d'événements et de rebondissements et les remous qui s'ensuivirent presque dans tous les secteurs d'activité. Mais pour corser davantage l'atmosphère de ce film d'épouvante qui fait fuir le sommeil, voilà qu'on évoque le stress hydrique que connaît notre pays depuis quelque temps. On parle d'une situation extrême qui pourrait donner lieu à des pratiques nouvelles telles que le rationnement de l'eau. Certes, le déficit pluviométrique enregistré en Tunisie menace directement plus de 1.300 mille ha de surfaces emblavées et plus de 90 mille ha de périmètres irrigués en plus des conséquences désastreuses sur l'élevage. Ce qui impactera négativement le taux de croissance de la production agricole, la balance commerciale et menacera notre sécurité alimentaire. Il est vrai que ce déficit pluviométrique est causé par les changements climatiques. Toutefois, l'accroissement des besoins de la Tunisie en eau, en raison de la croissance démographique, l'amplification du phénomène de raccordement anarchique aux réseaux, l'exploitation intensive à travers la création de plusieurs grands barrages, lacs collinaires, outre le sondage de puits, sont des facteurs qui ont aggravé la situation. Par ailleurs, des études réalisées à l'échelle internationale assurent que la Tunisie sera confrontée à une situation de stress hydrique dans les années à venir. Qu'attendons-nous, dès lors, pour élaborer la carte des ressources hydriques ? Pour revoir le système d'exploitation d'une manière radicale et pour adopter de nouvelles orientations pour la rationalisation de la consommation et l'exploitation d'autres nappes non mobilisées jusqu'à présent ? Ou pour la réalisation d'une banque de données sur les ressources hydriques en Tunisie (eaux de surface et eaux profondes) ainsi que pour l'instauration d'un système d'information géographique numérisé facilitant la prise de décision et la gestion de l'exploitation des eaux ? En attendant de voir le nouveau gouvernement accorder une priorité à cette question vitale de sécurité hydrique, tendons les mains vers le ciel pour une prière rogatoire (istisqa) !