Face à la colère des élèves appuyés indirectement par les enseignants du secondaire, ce sont les régions qui décideront du maintien ou de l'abandon de la semaine bloquée Les mouvements de contestation opérés, en début de semaine, par les élèves dans plusieurs lycées secondaires à travers l'ensemble du pays en signe de rejet de l'annulation par le ministère de l'Education du système de la semaine bloquée au cours du 1er et du 2e trimestre de l'année scolaire en cours (les cours se poursuivront en parallèle avec les devoirs surveillés de fin de trimestre) augurent-ils de nouveaux rapports entre le ministère et les élèves, alors que cette fois les enseignants, plus particulièrement les syndicalistes, se placent en observateurs neutres qui regardent ce qui se passe entre Néji Jalloul et les enfants de l'école de la République et attendent pour voir ce qu'il adviendra ? Autrement dit, comment va réagir le ministère de l'Education face à une décision qu'il a prise sans consulter apparemment personne et que va-t-il faire au cas où la consultation régionale qu'il envisage de lancer sur le maintien ou l'annulation de la semaine bloquée aboutirait à son maintien ? Ce sont là les deux principaux sujets de discussion qui ont accompagné la rentrée des classes dans les collèges et lycées secondaires au début de la semaine en cours. On croyait que les différends se sont apaisés entre le ministère de l'Education et les syndicalistes du secondaire, surtout que même les problèmes opposant les enseignants de l'éducation physique au ministère du Sport et de la Jeunesse étaient en cours d'être résolus. Les tensions nées de l'obligation des élèves et des enseignants à porter la blouse scolaire étaient également en voie d'être dissipées. Mais voilà que le ministre de l'Education sort une nouvelle mesure : la semaine bloquée fait désormais partie de l'histoire. Les syndicalistes de l'enseignement secondaire se contentent de souligner que «la décision de Néji Jalloul est précipitée et a été prise sans aucune consultation préalable». Lassaâd Yacoubi, secrétaire général du Syndicat général de l'enseignement secondaire, souligne : «Les syndicalistes ont toujours appelé à l'annulation de la semaine bloquée. Malheureusement quand il a été décidé de le faire, nous n'avons pas été consultés auparavant. Le ministère de l'Education en a décidé unilatéralement, alors que c'est une décision qui devrait émaner du Dialogue national sur la réforme éducative. Pour le moment, les consultations régionales ont abouti à un rapport général ou à une feuille de route devant être discutés lors d'une rencontre nationale». Une colère compréhensible Et sans aller jusqu'à exprimer un soutien clair et franc à la colère manifestée par les élèves, Lassaâd Yacoubi souligne : «Les dispositions contenues dans la circulaire ministérielle relative à l'annulation de la semaine bloquée sont inapplicables dans la mesure où les dates choisies pour les devoirs de synthèse, la correction des devoirs et la remise des notes à l'administration ainsi que la tenue des conseils de classe prévus pour le 14 décembre prochain sont impossible à respecter». Seulement, le S.G. du Syndicat général de l'enseignements secondaire ne ferme pas totalement la porte du dialogue. «Nous proposons de reporter la tenue des conseils de classe à une date qui interviendra après les vacances scolaires d'hiver». Les syndicalistes renvoient ainsi la balle dans le camp du ministère de l'Education, évitant, cette fois, de faire monter la tension et se ménageant aussi la colère des parents dont la majorité a désapprouvé, ces dernières semaines, les grèves répétées menées par les enseignants du secondaire. Du côté du ministère de l'Education, on répond que ce sont les régions qui trancheront. «Une série de rencontres de dialogue sur le maintien ou l'abandon de la semaine bloquée se tiendront au niveau des délégations régionales de l'enseignement secondaire. Y participeront les enseignants, les élèves et les directeurs de lycée. L'objectif est de convaincre les participants de l'utilité de l'annulation de la semaine bloquée. Au cas où le dialogue aboutirait à son maintien, elle sera appliquée en attendant la décision finale qui sera issue du Dialogue national sur la réforme éducative. En tout état de cause, le dernier mot reviendra aux régions», précise une source informée auprès du ministère de l'Education. Les observateurs considèrent qu'avec cette décision, le ministère de l'Education a réussi à éviter les retombées négatives d'un désaveu cinglant d'une décision qu'il a prise sans consulter personne. «Le ministère n'a pas fait marche arrière publiquement. Il a transféré l'annulation de sa décision à ces rencontres de dialogue régionales, qui s'entendront pour que la semaine bloquée ne soit pas annulée cette année», s'accordent-ils à observer.