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Les jérémiades des «inchâtiés»
Protestations des imams limogés
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 10 - 2015

On se demande pourquoi à chaque fois que la question des imams perturbateurs est soulevée, seul le mouvement Ennahdha intervient pour prendre leur parti et dénoncer la décision du gouvernement dont il fait pourtant partie
Jamais la révocation d'un imam n'a déclenché des réactions violentes comme celles qu'on a vues à la mosquée « Ellakhmi » à Sfax. C'est une première historique qui risque fort d'avoir des répercussions fort nuisibles pour le pays. Décidément, les vieux démons ne sont pas enterrés, loin s'en faut. Ils reviennent au galop. Ces intégristes qu'on croyait assagis pour toujours — c'est ce que du moins nos sages nous ont juré — ressurgissent subitement comme si leurs protecteurs n'avaient jamais quitté le pouvoir.
Ils nous font revenir à la mémoire les fameuses scènes de 2012, à l'instar du « sit-in » qu'ils ont observé devant les locaux de la Télévision nationale. Pourquoi reprennent-ils leurs activités en ce moment précis, faisant comme si de rien n'était ? Est-ce parce qu'ils sont réellement protégés ? Ou bien parce qu'ils ont profité de la mollesse des autorités?
Le corollaire de la complaisance
Le Conseil syndical des imams et des cadres des mosquées relevant de l'Organisation tunisienne du travail a annoncé avoir intenté un procès contre le ministère des Affaires religieuses au sujet du limogeage de Noureddine Khademi, imam de la mosquée El Fath, et Chiheb Eddine Tlich, imam de la mosquée de Monfleury et secrétaire général dudit syndicat. Le premier est licencié pour avoir permis à la chaîne Al Jazeera de transmettre en direct la prière de l'Aïd sans autorisation, le second pour ses activités syndicales. Quant à Ridha Jaouadi, imam de la mosquée Ellakhmi à Sfax, il est limogé pour avoir tenu une réunion syndicale au sein de la mosquée. Comme on peut le constater, les motifs de ces limogeages sont actuels, se rapportant tous à l'inobservance du règlement dont l'une, celle attribuée à Khadami n'est pas vérifiée, vu qu'aucune circulaire ou autre texte réglementaire n'exige pareille autorisation. Autrement dit, aucun ancien grief n'est soulevé contre ces imams connus pour leurs discours incitant à la haine et à la violence et dont certains, notamment l'imam de la mosquée « El Fath », sont présumés impliqués dans un réseau d'envoi de jihadistes en Syrie.
Pour rafraîchir un peu les mémoires défaillantes, le ministre des Affaires religieuses, M. Othman Battikh, n'en est pas à sa première complaisance, puisqu'il a déjà réhabilité Ridha Jaouadi, après l'avoir licencié seulement pour s'être arrogé le poste d'imam à la mosquée « Ellakhmi », d'une manière tout à fait illégale, bien qu'il soit largement contesté pour ses propos incitatifs à la violence et à la haine, comme nous l'avons souligné plus haut. Il était accusé, à maintes reprises, d'attenter à la sûreté de l'Etat, pour avoir appelé, dans ses prêches, les citoyens à s'entretuer et fait ouvertement l'apologie du jihad, de troubler l'ordre public, en lançant des anathèmes contre les forces démocratiques et progressistes, en mobilisant des imams et en organisant des marches contre tous les opposants à Ennahdha, qu'il défend à cor et à cri. L'une de ces marches est celle organisée à la capitale contre le ministère des Affaires religieuses pour l'ultimatum donné aux propriétaires des mosquées illégales en vue de régulariser leur situation et à la décision relative au limogeage de certains imams perturbateurs, à la tête desquels se trouvent le « très modéré » Béchir Ben Hassan et lui-même. Et le voilà qu'il récidive avant-hier, en défiant, à nouveau, les autorités, par la marche organisée en plein centre ville de Sfax.
Cela, sans compter le fait qu'il ait souvent accueilli, dans «sa mosquée», les prédicateurs extrémistes du Proche-Orient et des pays du Golfe, à l'image de l'Egyptien Mohammed Hassan. L'argument, dont s'est servi le ministre pour justifier sa décision, permettant à cet imam de réintégrer les rangs, après avoir menacé de l'évincer, c'était l'engagement verbal de sa part à éviter de tenir des discours haineux et d'emprunter la voie de la modération. Cela nous donne l'impression que notre ministère s'est transformé en une institution de «promotion de la vertu et de prévention contre le vice», à l'instar de ce qui existe dans les oligarchies du Golfe. Cette récidive de sa part n'est-elle pas le corollaire de cette bonté exagérée ? Est-ce en opposant une trop grande indulgence à ces imams dissidents qui bravent l'Etat et ses institutions, que l'on va pouvoir sévir contre les terroristes et leurs alliés ?
En réalité, cette impunité dont jouissent ces contrevenants s'explique par la grande protection dont ils sont entourés.
« Sécurité spirituelle »
Les réactions de tous les dirigeants d'Ennahdha, qui sont intervenus dans les médias, sont favorables à Ridha Jaouadi et à tous les autres imams limogés. On en cite M. Rafik Abdeslam qui, tout en critiquant leur procédé, il tient le ministre des Affaires religieuses pour responsable de la crise.
Par ailleurs, il nous a édifiés par son analyse originale, lorsqu'il a vu dans ces mouvements subversifs un retour aux procédés de la phase révolutionnaire qui est révolue, selon lui, car on est en train d'édifier les institutions démocratiques, comme si cette édification s'inscrivait en dehors du processus qui porte le sceau de la révolution qui continue encore sa marche vers le but final.
Et comme si ces islamistes, qui s'inscrivent à contre-courant de l'histoire, étaient des révolutionnaires.
En vérité, Imed Hammami, député Ennahdha, nous a édifiés davantage par son néologisme « sécurité spirituelle ». On a beau chercher le sens de cette expression très originale, on n'en a rien saisi. Mais cela rejoint, en fait, les jérémiades de ses partisans. Ces limogeages en série ainsi que la décision de fermer un certain nombre de mosquées étaient l'occasion pour ces derniers de développer un discours mobilisateur et hostile à l'endroit des auteurs de ces mesures.
Le grief qu'ils soulèvent reprend la vieille chanson éculée consistant à dire que l'Islam est menacé. On se demande comment peut-il faire l'objet d'une menace dans un pays qui compte pas moins de cinq mille mosquées ? Que faut-il faire pour qu'il ne le soit plus? En doubler le nombre? Transformer tous les établissements publics et privés, toutes les places publiques et tous les foyers en mosquées ? Faire du pays un vaste lieu de culte où le travail et les loisirs, déjà très rares, seraient bannis et où les citoyens seraient tous dévots? Et peu importe s'ils sont faux, l'essentiel c'est qu'ils en aient l'apparence, parce qu'ils sont jugés seulement sur la mine.
Pour mettre l'islam à l'abri de cette menace, faut-il proscrire de nos écoles les grands penseurs pour leurs raisonnements subversifs qui invitent à méditer sur les dogmes religieux ? Devrait-on exclure de notre espace éducatif et culturel les Averroès, Shakespeare, Molière, Diderot, Voltaire, Hegel, Marx, Taha Hassine... pour leur hérésie intellectuelle, risquant d'inculquer à nos enfants des idées novatrices et éclairées qui feraient agiter leurs esprits ? Faudrait-il se passer de tous ces penseurs qui risquent de professer aux fidèles des idées hérétiques et des attitudes malsaines empruntées à Satan ? Donc, pour M. Imed Hammami, les garants de la « sécurité spirituelle » sont ces imams « wahhabistes » et « takfiristes » dont l'une des incarnations n'est autre que leur ex-ministre, Noureddine Khadmi, qui, d'après lui, dépasse en savoir M. Othman Battikh. Là, il faudrait se mettre d'accord sur la nature de ce « savoir ». « A part le limogeage d'imams modérés et le scandale du pèlerinage, le ministre n'a rien fait », a-t-il prétendu. Il aurait dû se pencher sur les difficultés des mosquées qui ne sont plus capables d'accueillir tous les fidèles, toujours selon M. Hammami. Ce qui veut dire qu'il faut en construire d'autres en vue d'améliorer la capacité de ces lieux de culte. Voilà les priorités d'un peuple qui est « au bord de la famine », selon lui. Les contours de ce projet pernicieux apparaissent encore plus clairement à travers les propos de Abdelhamid Troudi, le dirigeant du parti islamique « Jabhat Al Islah », qui demande de faire sortir la question religieuse du giron étatique et de l'insérer dans le tissu sociétal par le biais d'associations qui seront, elles, chargées de gérer les affaires religieuses.
La caisse noire
A propos des événements tragiques du pèlerinage, dont il impute la responsabilité à M. Othmane Battikh, il demande la constitution d'une commission d'enquête pour déterminer celle-ci. Pourquoi ne demande-t-il pas des comptes aux Saoudiens ? Faudrait-il lui rappeler que son président, Ghannouchi, était présent dans leur « fête nationale » au lendemain de cette tragédie ? Sa réponse serait, sans doute, inspirée de son ex-chef du gouvernement, Hamadi Jebali, qui a expliqué le silence qu'il a observé concernant la demande d'extradition de Ben Ali, lors de sa visite en Arabie Saoudite, par le fait que cela constituait une ingérence dans les affaires internes de ce pays.
D'autre part, qu'en est-il des résultats des autres commissions d'enquête dont celle des martyrs politiques, de la chevrotine de Siliana, de l'attaque contre le siège de l'Ugtt, de la répression des manifestants du 9-Avril, du « Sheratongate »? On se demande pourquoi à chaque fois que la question des imams perturbateurs est soulevée, seul le mouvement Ennahdha intervient pour prendre leur parti et dénoncer la décision du gouvernement dont il fait pourtant partie. Il ressort de l'attitude des dirigeants du parti Ennahdha que ces limogeages visent leur mouvement, étant donné que les mosquées, qui étaient détenues par ces radicaux, servaient au recrutement de nouveaux adeptes et où s'opère le lavage de cerveau des fidèles, notamment les jeunes parmi eux.
Leur défense inconditionnelle de ces imams limogés ainsi que de certaines associations caritatives suspectes nous éclairent sur leurs intentions mal dissimulées. D'ailleurs, le rédacteur en chef de notre confrère « Al Chaâb » et membre du Syndicat national des journalistes tunisiens, Youssef Oueslati, vient d'en identifier trois qu'il accuse d'être financées par, entre autres, un don qatari de l'ordre de 75 millions de dollars versé dans une « caisse noire » au profit de ces associations. Il importe de savoir, ici, que le protégé d'Ennahdha, Noureddine Khadmi, était le président de l'une de ces associations dites caritatives qui gèrent des écoles coraniques.
Toutes ces positions et ces pratiques montrent à l'évidence que ce parti est loin d'être un mouvement politique et civil, d'autant plus qu'il n'a pas procédé à la réforme de ses principes fondateurs, et ce n'est pas la participation de son président à des événements festifs, ni ses dernières positions en matière d'homosexualité et d'avortement, qui vont récuser cette vérité. Ces attitudes font partie intégrante du double discours, cher aux islamistes, comme le soutiennent plusieurs observateurs et hommes politiques.
Néanmoins, certains de nos « démocrates », qui ne cessent d'essayer de nous persuader que le mouvement Ennahdha s'est « tunisifié », n'ont pas bien assimilé la morale de la fable de Jean de La Fontaine, « Le loup devenu berger», ni, encore moins, celle du conte de Charles Perrault, «Le Petit Chaperon Rouge».


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