Ils sont deux, Midani M'barki et Fethi Rebaï. Ils nous viennent tout droit de Montmartre, où ils ont jeté l'ancre depuis des années. Montmartre, un lieu où une fée s'est penchée pour nous offrir de la magie à travers le meilleur de nombreux peintres de tous bords... Ils obéissent aux moindres fluctuations de leur imaginaire. C'est dans cette place mythique, qui surplombe Paris, que nos deux artistes tunisiens ont planté leurs chevalets. Ils ont invité tous les visiteurs à embarquer dans leur univers onirique macéré dans une palette de couleurs dynamiques. Puis, nostalgiques, Rebaï et M'barki sont revenus à leurs racines, au pays qui les a vu naître. Le temps d'arborer la meilleur de leurs créations... Objectif : conquérir le cœur du Tunisien. M'barki, artiste peintre à Montmartre, depuis plus de trente ans où il s'est imposé, est même devenu président-fondateur de l'association «Paris Montmartre». Regarder ses œuvres nous permet de plonger au fin fond d'un horizon sans limites. C'est l'appel de l'infini. Touches fluides, parlantes, rehaussées par des couleurs vives et vivantes. Ses œuvres parlent et leurs mots sont chuchotés par l'abstrait. Son pinceau voyageur ne jure que par l'acrylique tout en flirtant avec le pastel. Quelques courbes, des traits saillants bien nets, minutieux et précis. Ses tableaux sont à l'affût de l'infiniment petit. Ils sont liliputiens et lui reste à cheval sur le moindre détail. Rien n'échappe à son pinceau méticuleux. Son imaginaire riche, haut en couleur, laisse au visiteur la liberté d'interprétation. Il émane du plus profond de son être. Le bleu azur, symbole de la mer, est son lien avec sa terre-mère. Apaisantes, ses peintures sont des jets. Il lance les couleurs qui constituent des formes, aux contours savamment tracés. Très mûr, son pinceau connaît son chemin. Clair, net, il perfectionne l'abstrait et le rend parlant. Pas d'états d'âme. Aucun faux pas. Tel un charmeur de serpents, Midani dompte les couleurs. Ces dernières, sous l'effet d'un pinceau généreux, transcendent et nous mènent loin dans une danse harmonieuse. Un travail d'orfèvre et une belle ballade lyrique. Rebaï, lui, voit grand. D'immenses toiles meublent les murs de la galerie. Grand admirateur de Matisse, ce peintre s'essaye au fauvisme. Une expression des émotions parfois sauvage et obéissant souvent à des couleurs discordantes. Il revisite le grand peintre français et s'inscrit dans l'art moderne. Sa peinture est entachée d'une belle sensualité, dégagée notamment par des nus presque insolents, mais quelque peu pudiques. Il se distingue par une belle maîtrise de la langue expressive de la couleur et du dessin. Sa peinture en acrylique émane du cœur. Elle est amour. Des ombres obéissent à un élan réaliste. Des ombres de couleurs vives. Les couleurs de Rebaï sont explosives et folles obéissant à un univers onirique fantasmagorique. Elles mettent en exergue des formes plates et des lignes bien nettes avec un souci marqué pour les détails. Le pinceau optimiste sème de la fraîcheur et de la bonne humeur. Le rouge domine. L'espoir sévit... Au détour d'un regard, on rencontre des musiciens noirs... un soupçon figuratif. Ils s'imposent et on croit entendre quelques notes de jazz. Sa peinture est presque architecturale mais a une prédilection pour l'abstrait. Des voûtes, des fenêtres en fer forgé mettent en exergue sa nostalgie de ses racines. On se croirait à la Médina. L'esprit vif, le pinceau alerte, Rebaï séduit le regard. Il livre son pinceau aux fluctuations de son imaginaire. Ainsi, Midani et Rebaï nous ont entraînés dans un univers haut en couleur où abstrait et figuratif font corps ensemble. Leurs pinceaux qui expriment différents langages restent ancrés dans leur terre natale faisant fi des distances. Tous deux séduisent le regard et leur travail dégage une belle émotion.