Le pinceau de Walid Chagway est gourmand, il va au-delà de l'imaginaire... Il se lance dans une sorte de réconciliation avec notre culture berbère et nos traditions. «Thawleg» met en valeur la femme qui nous susurre ses secrets les plus cachés, sertis d'émotion. La motivation de ces jeunes artistes est le retour à l'identité arabe. D'un bond, ils sautent la modernisation à outrance et s'imbriquent dans les traditions. Et une belle fresque éclot... Vraie et réaliste, elle se bat pour affirmer la personnalité du Tunisien, voire d'une Tunisie bercée par sa culture la plus profonde... Cette belle balade typée et typique, nous est offerte par un jeune peintre, Walid Chagway. Fort de ses peintures à l'huile et de ses aquarelles, il nous invite à démystifier nos origines berbères... Pourtant, notre peintre a fait ses études à l'Ecole des sciences et technologies du design. Sa spécialité, c'est l'architecture d'intérieur. Mais la passion —le rêve qu'il caresse depuis des années— est d'effleurer le monde de la peinture. Chose rêvée, chose faite. Walid Chagway en est déjà à sa deuxième exposition personnelle. Il a habillé la galerie Bel Art de fresques haut en couleur, et d'une palette choisie sciemment pour semer, ça et là, mystère et gaieté... Du haut de ses 35 ans, notre artiste a percé l'âme de la femme. Il l'a peinte dans tout son mystère. Sa touche réaliste et bien saillante se lance dans la recherche du moindre détail. Sa peinture est berbère et son lieu de prédilection est la visage, les mains, les bras de femmes aux tatouages significatifs, qui nous parlent. Et de sa peinture jaillissent des couleurs explosives qui obéissent à son for intérieur. Il part à la conquête du beau. Femmes aux voiles tombant, femmes aux regards revolver. Toutes portent une marque, un tatouage de différentes couleurs. Entre les yeux, sur les doigts, le peintre sculpte leur corps et dévoile leur jardin secret. Puis, une fée aux cheveux blond, bombardée de tatouages luisant tel des étoiles, caresse le regard. Mais le pinceau de Walid Chagway est gourmand, il a faim de traditions... Ainsi, il nous entraîne dans une ruelle, dans la pénombre... Une rue piétonne qui interpelle l'imaginaire... Qui se cache donc derrière ces arcs, derrière ces portes ? On éprouve l'envie de s'égarer... Mais notre peintre n'est pas rassasié. Sa peinture à l'huile, imposante et forte en émotions, porte le poids des traditions arabes... Son pinceau connaît son chemin, il va où son imaginaire l'emporte. Au gré de son plaisir à restituer à la culture berbère la place qui lui est due. Une place de choix. Il peint «la fécondité», le tout bercé par «des figures lyriques et bien noyées dans des couleurs chaudes»... On s'attarde aussi devant le tableau qui dépeint une danseuse à la robe pleine de volants qui s'érigent en une fleur fraîche... Il ne manque que la rosée du matin... D'ailleurs, l'aube, c'est l'heure de prédilection de notre peintre... C'est à ce moment qu'il laisse balader son imaginaire profond qui a une préférence pour le figuratif. Puis, se succèdent une série d'aquarelles aux couleurs gaies et dynamiques. Walid Chagway doit cette technique transparente, telle une brise par un temps de canicule, à «mon maître, nous dit-il, le grand peintre et aquarelliste Mustapha Dinguizli». Il s'inspire aussi du travail de Mohamed Baccar... A travers ces aquarelles, la Tunisie s'impose dans tout son éclat... Fleurs de toutes les couleurs entourant une porte ou une fenêtre. Joie et optimisme s'emparent du pinceau de notre créateur. Il va même plus loin. Il nous emporte ça et là dans les poteries de Nabeul devant des portes qui font du clin d'œil à la vieille ville. Ces aquarelles sont dynamiques et fluides, elles retracent discrètement l'histoire profonde d'une Tunisie qui a soif de ses racines, mais qui reste ancrée dans l'imaginaire de notre peintre, elle est sa muse, la raison d'être de son pinceau... «Sept mois de croquis et d'esquisses» ont donné naissance à une exposition qui séduit le regard et pousse au bout de l'émotion... Culture berbère arabe dans toute sa profondeur, traditions, habits traditionnels, femmes mystérieuses parlant à travers leur tatouage ont eu raison du pinceau de Walid Chagway. Il s'est approfondi dans son imaginaire. Il y nage sans s'y noyer.