Il a fait des études de génie civil pour faire plaisir à son père. Mais sa passion pour la peinture a pris le dessus. A la galerie Bel Art, les murs sont habillés de couleurs vives et dynamiques, qui lui confèrent un éclat particulier... Tarak Fakhfakh y a déposé ses œuvres généreusement face aux regards les plus critiques. Une grande histoire d'amour relie notre peintre à ce monde artistique. touche à tout, aquarelle, dessins, peinture à l'huile, acrylique... Notre artiste a, pourtant, suivi des études de génie civil. «Pour faire plaisir à mon père», nous dit-il. Mais il ne rêvait que de déflorer le monde de la peinture... «C'est ma passion depuis tout jeune», rétorque le peintre... Chose rêvée, chose faite. La peinture devient sa raison d'être. D'ailleurs, il a, à son actif, une quarantaine d'expositions à partir de la fin 2004. Sophonisbe, Caliga, Espace Sadika, C.C. Ibn Khaldoun, Dar Jeld, Centre Tahar Haddad. Le peintre a le vent en poupe. Il a même exposé avec de grands maîtres tunisiens, comme Hédi Turki, Bouabana, Rafik El Kamil, etc. Puis, Tarak Fakhfakh fait ses valises destination le Canada pour y passer quinze longues années. Là, il perfectionne sa technique et enseigne dans une école d'art. Au Canada, il compte plusieurs expositions. Il installe un atelier de peinture grand ouvert aux férus de cet univers coloré. Ainsi, il lui arrive d'organiser, des week-ends workshop, des démonstrations au profit de clubs où il réalise une œuvre du «début jusqu'à la fin face au public» tout en expliquant les techniques utilisées. «The rain is gone» est une exposition particulière car il s'agit d'une variation sur différents thèmes, dont la révolution qu'a connue la Tunisie. Une fresque, portant sur ce sujet épineux, attire le regard grand tableau, touche claire, courbe bien nette. Il met l'accent sur cette période cruciale de la Tunisie. Dans un élan onirique chargé d'une grande émotion et porté par une imagination fertile, Tarak Fakhfakh peint le chaos dans lequel a régné notre pays. Il se représente lui-même dans cette fresque veillant sur son œuvre prêt à péréniser chaque scène. Il s'agit d'un mélange de violence et d'innocence. Le drapeau de la Tunisie plane sur ces œuvres. on le voit presque bouger. Autour du drapeau, quelques personnages s'approprient à qui mieux mieux l'explosion vécue par la Tunisie... Notre créateur peint même l'immolation par laquelle se sont déclenchés les événements marquants... Les flammes sont d'un réalisme époustouflant. Puis se succèdent des visages aux regards changeants... Des portraits figuratifs. Tantôt tristes, tantôt perçants ou encore rêveurs... Là, le peintre nous balade au gré de son imaginaire à travers une Tunisie noyée dans ses traditions... «Une manière, nous dit-il de renouer avec notre culture et nos racines»... Bijoux artisanaux, homme au jasmin, chéchia... Le tout est rythmé par des couleurs chatoyantes et une palette bien relevée...Ses couleurs tranchées sont une exaltation de la vie et des plaisirs...Un savoureux mélange de figuratif entremêlé de stries qui donnent à chaque œuvre une impression de continuité... L'on ne peut pas ne pas s'attarder devant un tableau représentant une femme corpulente qui porte un beau chapeau de paille (Mdhala) et qui fleurit bon une brise estivale... Tarak Fakhfakh nous réconcilie avec notre identité, notre Tunisie profonde... Celle qu'on aime... Grâce à son pinceau, le peintre a survolé le Grand-Tunis à la recherche du beau. Il le trouve dans chaque expression, dans chaque visage net et saillant qui capte le visiteur et le touche telle une caresse. Les œuvres de notre créateur sont une célébration d'une Tunisie éclatante de beauté. C'est notre mémoire. Une réminiscence imbriquée dans une réalité presque magique et étincelante portée par des couleurs vives et parlantes. Le pinceau de Tarak Fakhfakh connaît bien son chemin. Il ne se perd pas dans les dédales des ruelles. Il capte les expressions des visages et leurs moindres murmures. Le tout exprimé à travers une peinture à l'huile imposante, épaisse et bien en relief... Le pinceau de notre artiste est également d'une sensualité subtile. Ainsi, il nous emmène à la plage où un groupe de femmes, légèrement vêtues, se prélasse sous le soleil. Puis, il se lance dans un élan impressionniste post-moderne et met en valeur la nudité pudiquement, presque timidement. Il représente des femmes gracieuses qui séduisent le regard. On peut dire que Tarak Fakhfakh rend hommage à la femme, principale actrice, qui a joué un rôle prépondérant dans le tournant qu'a pris notre pays. Puis on s'exalte face à une série d'aquarelles couleur pastel. Transparent, le pinceau devient plus fin et enfante d'œuvrer presque de cristal. L'aquarelle, nous dit notre artiste ne tolère aucune faute, c'est un travail minutieux à l'affût de chaque détail, le plus subtil. L'invisible devient visible et prépondérant. Ces aquarelles se succèdent sur un même thème : la pluie. Mais elles ne se ressemblent pas. Chacune possède son charme, son rythme. Fluide et savamment dynamique, elles bougent. En mouvance continue, ces aquarelles représentent l'eau, la pureté, la propreté. Une série de parapluies aux différentes couleurs. Vert, jaune, gris. Ils sont traités avec une grande délicatesse. Il se dégage de ces tableaux une belle chaleur dans un temps pourtant hivernal. Le pinceau baladeur de Tarak Fakhfakh nous a offert une variation sur des thèmes assez importants. Il a représenté la révolution tunisienne dans un élan impressionniste et réaliste. Il a parcouru des visages expressifs ancrés dans une Tunisie traditionnelle. Notre peintre a varié et a régné en maître grâce à un savoir-faire déconcertant.