Les négociateurs de l'Ugtt et de l'Utica, réunis hier pour décider des majorations salariales dans le secteur privé, se sont quittés sans parvenir à l'accord que tout le monde attendait. Ils reprennent demain leurs négociations dans l'espoir de dissiper les points de discorde qui bloquent encore la situation que souhaitent près d'un million cinq cent mille salariés Finalement et au bout de plus de quatre heures de négociations, les représentants de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) et de l'Union tunisienne pour l'industrie, le commerce et l'artisanat (Utica) se sont séparés sans aboutir à un accord sur l'augmentation des salaires dans le secteur privé, estimés à près d'un million cinq cent mille, gérés par 52 conventions collectives. Toutefois, ils se sont donné rendez-vous demain, dans l'espoir de dépasser les points de discorde qui bloquent encore les négociations. Houcine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt, et Wided Bouchamaoui, présidente de l'Utica, ont beau tempérer les ardeurs et les déclarations fracassantes de leurs deux principaux lieutenants, Belgacem Ayari, S.G. adjoint de l'Ugtt chargé du secteur privé, et Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l'Utica et président de sa commission sociale, rien de concret n'a été accompli et on bute toujours sur les principaux points de désaccord empêchant les deux parties de signer le fameux accord-cadre sur la base duquel se dérouleront les négociations secteur par secteur. D'après des sources informées auprès de l'Ugtt et de l'Utica, il existe deux principaux points de désaccord. Le premier a trait à la date rétroactive de l'entrée en vigueur des augmentations salariales. Les négociateurs de l'Ugtt veulent que les majorations soient comptabilisées à parir du 1er mai 2014 (il est à préciser que les augmentations concernent l'année 2014 comme ce fut le cas pour les salariés du secteur et de la fonction publics), alors que leurs confrères ne l'entendent pas de la même oreille et préfèrent attendre la fin des négociations sectorielles pour annoncer la date à laquelle les salariés de chaque secteur auront leurs majorations. Quant au second point de discorde, il est relatif à la généralisation des augmentations à tous les secteurs, quelle que soit leur situation financière, comme l'exige l'Ugtt. A l'opposé, l'Utica considère qu'il y a des entreprises en difficulté ne pouvant pas accepter d'accorder à leurs salariés des augmentations. Les syndicalistes de l'Ugtt considèrent qu'il est inacceptable de priver certains secteurs des augmentations que leurs salariés attendent, alors que ceux de la fonction et du secteur publics en ont déjà profité. Houcine Abassi, qui a pris le dossier en main, considère qu'il «est possible de parvenir à une augmentation semblable à celle décidée au profit des salariés de la fonction et du secteur publics». Il ajoute que «le pouvoir d'achat des salariés des deux secteurs (le public et le privé) connaît une détérioration grandissante de jour en jour». A l'opposé, l'Utica tient toujours à ses conditions : «Les majorations doivent être liées à l'augmentation de la production et à l'amélioration de la productivité». En plus clair, seules les entreprises privées florissantes sont en mesure de concéder des augmentations à leurs salariés. Les autres se contentent de préserver les emplois existants et c'est déjà un grand acquis quand on voit que plusieurs autres entreprises sont en train de fermer et d'envoyer leurs salariés dans la rue.