Abdelwaheb Meddeb, disparu il y a déjà un an... L'homme, le penseur, l'intellectuel... un hommage, deux journées durant, entre lectures, débats et projections de documents filmés... Démarré officiellement vendredi dernier au siège de la Bibliothèque nationale, l'hommage à Abdelwaheb Meddeb a présenté plusieurs thématiques et des questions qui retracent le parcours de l'homme, sa vie et ses œuvres. «L'intellectuel et son engagement» était le premier thème. Et comme nous le savons tous, notre poète est aussi traducteur de grandes œuvres soufies, spécialiste de la littérature comparée et enseignant dans plusieurs pays ; le second thème de cette matinée a porté sur la question de «la langue française».en présence de ses amis et collègues. A propos de cette problèmatique, l'intervention d'Alain Rey, linguiste français, a porté sur l'impact des œuvres de Abdelwaheb Meddeb sur la littérature française, sa lutte contre l'obscurantisme et son ouverture sur d'autres cultures insistant sur le fait que A. Meddeb avait une vision globale de la culture du XXIe siècle. «C'est un vrai moment d'émotion d'évoquer l'écrivain Abdelwaheb Meddeb aujourd'hui ; amis depuis longtemps, il m'emmenait visiter des lieux splendides à Tunis», disait le deuxième invité, le poète Salah Stétié dans un témoignage plus personnel. Et il ajoute : «C'est un homme qui a laissé un énorme vide dans la vie culturelle et littéraire. Je me souviens d'ailleurs d'un colloque tenu à Berlin autour des villes arabes du Proche-Orient et Abdelwaheb Meddeb a pris la parole pendant une heure et nous a tellement appris sur ces pays». Quant à Michel Deguy, grand ami de Meddeb et son éditeur, il était très présent à la fin de la vie de ce dernier, il a tout fait pour accélérer la parution du dernier recueil du défunt avant sa mort. Philosophe, ce dernier a traité le thème de la langue française sous différents angles, posant de nombreuses questions comme: à quel point peut-on considérer l'œuvre de Meddeb comme une œuvre universelle, comme une ouverture, comme une résistance ? Comment se manifeste la question de la beauté esthétique et le surréalisme qui marquait l'œuvre de Meddeb ? .... « La poésie est faite d'expressivité, de spontanéité, elle est l'image de soi avant tout, mais aussi, c'est un langage universel qui tend vers le cosmopolitisme. C'est d'ailleurs le rôle du poète, de la langue et du langage ; s'ouvrir sur l'autre, éclairer les esprits et défendre toutes les expressions artistiques», conclut-il.