Cette semaine, une jeune fille souffrant de surdité a été fauchée par un train à Ghannouch (Gabès). C'est le troisième accident en moins d'un mois. Les habitants de la localité déplorent l'absence de passage pour piétons pour traverser les rails. Ce tragique fait divers relance la question de la vétusté du transport ferroviaire en Tunisie. Le réseau ne s'est pas développé depuis l'époque coloniale. Au contraire, il s'est détérioré au fil du temps. Le transport ferroviaire en Tunisie connaît un certain nombre d'incidents qui entachent le secteur entier. Les usagers se plaignent des trains qui arrivent presque toujours en retard, de la détérioration de la qualité des services, du comportement cavalier de quelques conducteurs engendrant des accidents dramatiques et les exemples ne manquent pas. Les causes sont nombreuses dont principalement l'état lamentable des trains, des rails, l'absence de toilettes et de confort. Les usagers déplorent les retards très fréquents, les trafics interrompus et les arrêts inexpliqués, sans parler des jours de grève où plus rien ne fonctionne. Défaut de signalisation «Mes aventures avec le train Tunis-Sousse sont nombreuses. Ce sont des anecdotes que je raconte à ma famille et à mes collègues», se rappelle Mohamed, enseignant à la retraite. «Même le train express en partance de Tunis, très prisé par les usagers, enregistre des retards d'une demi-heure et plus parce que certains voyageurs munis de billet d'un autre train veulent absolument prendre l'express, ce qui fait que ceux ayant acheté un billet pour ce train ne trouvent pas de place assise. Les contrôleurs interviennent pour mettre de l'ordre dans la pagaille qui se crée entre ceux qui tiennent à garder leurs places et ceux à qui la place revient de droit». Ceci est un exemple parmi tant d'autres, sans oublier l'encombrement et l'incivilité des passagers et même celle d'énergumènes hors du train qui lancent des pierres brisant les carreaux et semant la panique parmi les voyageurs. Pire, les drames ferroviaires causés, faute de signalisation, sont de plus en plus légion. Le plus important reste la sécurité des trains qui sont de plus en plus mis en cause en raison de la fréquence des accidents. Pourtant, les trains sont munis d'un équipement de répétition des signaux à bord qui déclenche le freinage d'urgence en cas de franchissement d'un signal d'arrêt. Sécurité défaillante D'autre part, tout conducteur doit procéder, avant sa sortie du dépôt, à la vérification du bon fonctionnement de tous les équipements ainsi qu'à l'essai des freins conformément à des procédures fixées par le règlement général de sécurité en application des termes de la loi 98-74 d'août 1998. Il existe, au sein de la Sncft, un bureau des incidents du service de la traction qui procède régulièrement au contrôle des vitesses sur la base des enregistrements et prend les mesures administratives requises, le cas échéant. Selon des sources de la Sncft, le réseau ferroviaire tunisien comporte 23 lignes, d'une longueur totale de 2.167 km, dont 471 km de lignes à écartement standard (1.437 mm) ; 1688 km de lignes à écartement métrique (1.000 mm) dont 65 km sont électrifiés ; 8 km de lignes à écartement mixte (standard et métrique). En outre, le réseau ferroviaire comprend 267 gares, stations et haltes. La vitesse maximale des trains est de 130 km/h en voie métrique et de 140km/h en voie standard. La charge maximale à l'essieu varie entre 16 et 20 tonnes. Le nombre de navettes quotidiennes est de 247 trains voyageurs (dont 63 de grandes lignes, 160 de banlieues) et 25 de marchandises. Il s'agit, aujourd'hui, de savoir comment optimiser les ressources pour assurer la sécurité des passagers et éviter les accidents.