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«Un homme, ça s'empêche»
On nous écrit à propos de violence(s), de Fadhel JaIbi
Publié dans La Presse de Tunisie le 11 - 11 - 2015


Par Mohamed KOUKA
La beauté du spectacle tient à ce minimalisme précieux qui n'est pas donné à tout le monde, parce que rare. La représentation semble pensée, organisée dans la rigueur aussi bien esthétique que métaphysique d'une tragédie grecque de la grande époque classique.
Dans son récit autobiographique posthume, «Le premier homme», Albert Camus rapporte ces paroles de son père, qu'il n'a pas connu : «Un homme, ça s'empêche» ; au-delà de son contexte particulier, cette phrase interroge sur la liberté et la responsabilité. Penser les conséquences de ses actes. La question concerne la dualité entre la vitalité du corps, des pulsions, et la raison. Entre s'autoriser et s'empêcher. Bref, un homme ça s'assume. L'homme est le seul être qui puisse s'empêcher. Quoiqu'il faille nuancer, car, les animaux s'empêchent, sauf exceptions, de se tuer entre individus de la même espèce, ce que l'homme justement ne sait pas faire. Tout indique que l'être humain est capable de s'organiser consciemment pour faire le plus de mal possible à son prochain. — Exemple horrible : Daech et les islamistes de leur acabit —. La torture est une spécificité de l'homme. Evidemment, il y a la violence de l'individu privé sous toutes ses facettes, et la violence du groupe sous toutes ses formes. La violence du pouvoir — des pouvoirs disséminés. Il y a la violence carabinée des extrémistes obscurantistes. Comment résister à l'inflation de la bêtise, à la médiocrité ambiante mais étouffante ? Faut-il souligner que la tragédie grecque, malgré l'importance qu'elle accorde à la fatalité, a souvent respecté cette exigence de «médiocrité ». Les dieux ne s'acharnent que sur les hommes coupables du péché d'«hybris», de démesure. Nous vivons une époque où la démesure de la bassesse, de l'ignoble, de l'inhumain dépasse toutes les limites, une époque tragique qui voit le triomphe de la barbarie. Curieusement, chez nous, il y a une absence de débat ; ces enjeux n'interpellent personne dans le débat public. Nous sommes un peuple sans conscience, nous nous suffisons de l'instant présent, alors qu'ailleurs les artistes et autres intellectuels font partie intégrante du débat public et politique ; la semaine dernière, un magazine français n'a pas hésité à faire participer Nietzsche aux débats du moment, sans parler des toujours présents Debray, Onfray, Pol-Droit, les Finkielkraut sans omettre l'inévitable B.H.L. etc., alors que je suis incapable de citer le nom de plus de trois intellectuels autochtones ,et encore... notamment feu Abdelwaheb Meddeb et Youssef Seddik... Où sont nos penseurs ? Nos intellectuels, nos esprits forts, pour débattre, pour échanger, pour proposer pour mettre en garde ? Où sont nos professeurs, nos instituteurs pour enseigner, éclairer ? Nous marchons à tâtons, avec ces cellules islamistes dormantes de malheur, et la fragilité du devenir. Violence(s) tire la sonnette d'alarme : «braves gens réveillez-vous avant qu'il ne soit trop tard !» La pièce théâtrale de Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi tente de nous alerter. Elle s'adresse à nous avec une remarquable rigueur. Comme de coutume, chez eux, éthique n'est pas séparable d'esthétique.
La beauté du spectacle tient à ce minimalisme précieux qui n'est pas donné à tout le monde, parce que rare. Le décor représente un bunker qui focalise l'attention sur un univers concentrationnaire, même si l'action déborde par moments ce point focal d'où Jalila Baccar fait sa première spectrale apparition. Cela évoque l'acteur tragique de l'Antiquité, souvent imaginé comme une figure spectrale, silhouette sinistre de statue animée, présage d'horreur inouïe et de malheur inévitable. La représentation me semble pensée, organisée dans la rigueur aussi bien esthétique que métaphysique d'une tragédie grecque de la grande époque classique. On peut situer Violences entre Sophocle, notamment celui d'Œdipe, Antigone... et l'Euripide de Médée, d'Electre ou d'Oreste... Ce que j'ai appelé bunker représente la Skènè, lui fait face le proskènion d'une profondeur d'à peine trois mètres, c'est la scénographie de Violence(s). Un détail rapproche ce parti pris de la mise en scène de la représentation tragique des Grecs : c'est le rapport au costume. Il est clair, cependant, que les Grecs n'avaient pas la moindre notion de ce que pouvait être un «costume d'époque», qui aurait cherché à rendre de façon réaliste une évocation du passé, pareil pour le théâtre élisabéthain ce qui en résulta à l'époque semble avoir correspondu à ce que le théâtre précisément demandait : une belle et frappante adaptation du costume normal aux besoins spécifiques de l'acteur. Ce faisant, Jaïbi libère le costume théâtral de tout le poids archéologique soi-disant réaliste.
Le travail de Baccar-Jaïbi indique que le théâtre est aussi un art du détour de l'allusion, de l'interrogation, un art qui n'aboutit qu'à travailler sur son universelle tradition avec des moments de mise en abîme et la confusion Jalila personnage-Jalila personne. En effet, le théâtre est un art qui ne réfléchit sur le monde que s'il se réfléchit lui-même dans sa réflexion. Il y a dans le monde du théâtre actuel une radicalité d'interrogation rebelle aux évidences apaisantes qui se conçoivent bien parce qu'elles s'énoncent clairement. En tout état de cause allez voir cette pièce théâtrale, séance tenante, Violence(s) vous interpelle de plein fouet. Il faut que les étudiants, les lycéens, et même les écoliers voient ce spectacle. Les ministères de l'Education, de la Jeunesse et des sports et même celui de la culture seraient bien avisés d'inciter leurs administrés à aller en nombre voir cette pièce.


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