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Le Chef de l'Etat dans une adresse aux Tunisiens à l'occasion de l'Aïd El Fitr: « Il n'y a qu'un seul et même président à l'intérieur et à l'étranger »
C'est un moment attendu dans la vie politique tunisienne. Les vœux Président de la République Kaïs Saïed à l'occasion de l'Aïd El Fitr, ne forment pas un simple discours aimable sans intérêt. Mais à l'instar de ses différentes allocutions, ce fut un discours rassurant et plein d'espoir mais qui a aussi véhiculé plein de messages qui s'apparentent à des positions fermes, des réponses claires et tranchantes sur les questions qui interpellent l'opinion nationale et internationale. C'est ainsi que le Chef de l'Etat a entamé son discours par rappeler que « le mois de Ramadan s'est déroulé cette année dans des circonstances exceptionnelles pour des raisons connues de tous ». Et d'avouer que « les mesures qui ont été prises n'ont pas été faciles à faire adopter ». « Bien au contraire, les obstacles ont été nombreux. A tous les niveaux surgissaient de nouvelles difficultés, certaines d'entre elles étaient naturelles, d'autres étaient dictées par la conjoncture. Il fallait parfois rectifier des décisions et faire les ajustements nécessaires », a-t-il souligné. Il s'est d'ailleurs félicité d'avoir réussi à surmonter les difficultés « grâce à la solidarité, à l'union et à la foi des Tunisiens, grâce au soutien des Tunisiens résidents à l'étranger qui ont prêté main forte ». Le Président de la République a loué à cet effet les efforts du corps médical. « Beaucoup ratissaient le pays de jour comme de nuit. Les médecins et le corps paramédical. Tous étaient sur le pied de guerre, fermes et déterminés ». Il a par ailleurs fait l'éloge des forces sécuritaires et militaires pour leur dévouement exemplaire pendant cette crise. « Nos forces militaires et de sécurité étaient également partout, fournissant les conseils et les avertissements avant d'appliquer la loi », a-t-il indiqué. Saïed s'est aussi félicité du comportement des citoyens et des Tunisiens à l'étranger et de l'élan de solidarité dont ils ont fait preuve. « Chacun a le droit d'être fier qu'une grande partie des Tunisiens soient dotés d'un sens élevé des responsabilités ainsi que d'une profonde maturité. Ainsi quelles que soient les difficultés, celles-ci ont été maîtrisées ». « Je célèbre leur générosité et leur main tendu aux Tunisiens et aux non Tunisiens », a-t-il ajouté. Après avoir fermé la parenthèse des vœux aimables, le Chef de l'Etat enchaine avec les questions de l'heure. Avec son franc-parler habituel il entre dans le vif du sujet en évoquant le fameux ver du poète al-Mutanabbi: Aïd, dans quelles circonstances es-tu de retour ? « L'Aïd est revenu alors que certains se sont retirés non dans les mosquées qui étaient fermées, mais pour fomenter des complots, sous l'emprise de desseins sombres et haineux », a-t-il asséné. « « Certains sont nostalgiques du passé, désireux de revenir en arrière, certains se réjouissent d'atteindre leurs objectifs, ce dont ils rêvent, tandis que d'autres, malheureusement, sont en proie à l'hypocrisie, au mensonge et à la calomnie. Ceux qui sont désignés par le tout puissant comme « ayant la maladie au cœur ». L'un des nombreux miracles du Coran consiste d'ailleurs à réserver le terme maladie à ceux qui sont atteints par la maladie de l'âme », a souligné le Président de la République. Pour lui, la circonstance « n'est pas appropriée pour répondre à ceux-là alors que nous nous apprêtons à célébrer l'Aïd El Fitr qu'il soit béni pour tous ». Il n'empêche, il a tenu avertir ceux qui veulent faire plonger le pays dans le désordre, faisant allusion aux incendies criminelles qui ont eu lieu récemment dans diverses localités. « Mais quiconque planifie le chaos et détruit par le feu les biens de ce peuple, sera sûrement le premier à être brûlé par les flammes », a-t-il assuré. Toutefois, Kaïs Saïed, se range du côté des vulnérables et des oubliés. » Notre peuple n'a fait que revendiquer son droit à la vie. C'est dans la dignité que le peuple veut vivre dans sa chère patrie. Le Tunisien n'est pas citoyen à part entière le jour du scrutin et un citoyen de seconde zone ou demi-citoyen après cela. Le Tunisien désire bénéficier de ses pleins droits dans un pays où il est propriétaire et non locataire », a-t-il laissé entendre. Pour lui la voie du salut viendrait d'un seul principe à savoir que la légalité et la légitimité se rejoignent. « Quand nous avions évoqué la nécessité que légalité et légitimité se rejoignent, certains ont prétendu que c'est une tentative d'enfreindre la loi. Peut-être, y en a-t-il qui ne peuvent faire la distinction entre les deux concepts. Ceux qui veulent vivre dans le chaos. Un chaos généralisé, dans la rue, dans les concepts. Mais l'Etat a ses institutions et ses lois, et les citoyens doivent jouir de leurs droits. Ce n'est pas un marché. Il n'ya pas lieu de tergiverser ni de lancer des transactions et conclure des accords matin et soir », a-t-il rappelé. Et d'ajouter qu'à aucun moment, « les crises n'ont été provoquées comme ils le font. La rhétorique de crise est un outil de gouvernement. Mais le choix a toujours été pour nous de préserver les valeurs morales avant l'application de la loi ». Abordant ses projets d'avenir pour dépasser la crise, le Chef de l'Etat a tenu à rassurer les tunisiens que plusieurs initiatives présidentielles seront bientôt soumises au Parlement. « Au cours des derniers mois, il n'a pas été possible de proposer des projets de loi, dont certains sont fin prêts pour être présentés et d'autres en cours d'élaboration. Ces initiatives seront présentées et chacun assumera ses responsabilités devant Dieu, devant le peuple et face à l'histoire », a révélé le Président de la République. Pour lui, il n'y a qu'un seul objectif, suprême ; le droit de tout citoyen à une vie dans laquelle sa dignité et sa liberté sont préservées. C'est ainsi qu'il a remis sur la table la question des biens spoliés. « L'argent du peuple qui a été pillé doit revenir au peuple. Un projet a été préparé dans ce sens, il y a des années en vue de garantir le droit des pauvres. Un droit qui n'est pas inférieur aux droits des autres à la santé et à l'éducation, les droits de l'homme en général », a-t-il indiqué. Mais pour mettre fin aux dérives de quelques institutions, le Chef de l'Etat a tenu encore une fois à mettre les points sur les i. « Que chacun se souvienne que l'Etat tunisien est un et indivisible, et qu'il y a un seul et même président à l'intérieur et à l'étranger », a-t-il dit. Pour remonter les bretelles à ses détracteurs, Saïed a dit que « Les maladies les plus dangereuses sont celles qui affectent les esprits avant d'affecter le reste du corps. Les masques peuvent être portés par crainte de la contagion, mais les déguisements les plus redoutables sont ceux qui enferment la raison et l'esprit ». Cependant, il a tenu à finir son discours en levant le voile sur sa feuille de route post-Covid. « Nous lancerons après la décrue de cette pandémie des initiatives pour contrer toutes les autres maladies, réelles ou factices. Nous resterons fermes et fidèles aux engagements que nous avons pris ».