«Il suffit d'une pluie pour que tous les foyers soient envahis par les eaux» D'un coût de 5,7MD, le projet de réhabilitation de la médina de Kairouan est financé par l'Etat tunisien, l'Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d'investissement. Les travaux, qui devraient s'achever au mois de juin 2015, traînent encore à cause du manque de coordination entre les différents intervenants. On estime le taux d'avancement à 95%, mais la plupart des citoyens, des représentants de la société civile et de la commune, ne sont pas satisfaits de la qualité des travaux qu'ils trouvent médiocre avec l'utilisation de matériaux de 3e choix. Ainsi, les habitants de Bab El Kedda, de la rue Sidi Ben Khoud, de Sabaâ Leftet, d'El Khadraouine et de Houmet Jamaâ reprochent à tous les intervenants d'avoir eu recours à des matériaux qui laissent à désirer tels l'enduit mélangé avec de la chaux, ciment périmé et mauvais état du colmatage en bi-couche et du pavage en pierres taillées et qui ont causé des chutes à plus d'une dizaine de citoyens avec des fractures et des points de suture. M. Hamadi Baklouti, conseiller municipal et président de la commission des travaux et de l'urbanisme, se désole en voyant le caractère chaotique de tout le circuit à Houmet Jamaâ, où la circulation des piétons et des handicapés à bord de chaises roulantes devient un calvaire, surtout qu'on a procédé, dans certaines ruelles, à des revêtements en pierres taillées plus élevés que le niveau des maisons : «Il suffit d'une pluie pour que tous les foyers soient envahis par les eaux. De plus, on a bouché beaucoup d'égouts à grilles, ce qui fait que ça déborde de partout et que les eaux envahissent la cour de la Grande Mosquée. Par ailleurs, les engins passent dans les ruelles étroites, cassent les ampoules électriques, endommagent les belles façades des maisons traditionnelles et passent comme si de rien n'était! Et puis, la peinture utilisée laisse à désirer et tous les murs sont défigurés par le marteau piqueur! C'est pourquoi une action en justice sera intentée à l'encontre du concessionnaire et de ses différents sous-traitants n'ayant pas respecté les clauses du cahier des charges et ayant employé des ouvriers non qualifiés et ayant utilisé des matériaux de 3e choix. Il aurait fallu créer un bureau de contrôle et de pilotage et de suivi avec des experts et des ingénieurs pour superviser les travaux...», ajoute M.Baklouti. Pour sa part, l'entrepreneur estime que tout a été fait dans les normes, malgré la difficulté des travaux dans des ruelles très étroites et habitées par des citoyens fatigués de voir tous les jours des gravats, des conduites, des câbles, des fils électriques, du gravier et beaucoup de poussière. En outre, il promet avec ses ouvriers de réparer ce qui a été défiguré et d'améliorer les finitions, et ce, avant la fin prochaine des travaux.