Les îles Kuriat et les îlots nord-est de l'archipel de Kerkennah classés sur la liste de aires marines protégées prioritaires L'activité humaine a des impacts de plus en plus négatifs sur la région de la Méditerranée. En effet, l'urbanisation massive des côtes, la pêche intensive, le transport maritime et le tourisme méditerranéen ont eu de nombreuses répercussions sur l'écosystème marin. Le rejet des déchets toxiques dans la mer, la pêche intensive de plusieurs espèces marines et l'activité humaine en général représententent de grandes menaces pour la biodiversité marine ainsi que pour les zones de reproduction et de refuge des espèces marines déjà fragilisées par les effets du changement climatique. Outre la dégradation de leurs habitats naturels, 90% des espèces de poissons de la région méditerranéenne ont été surexploitées menaçant ainsi leur survie, selon les évaluations de la Commission générale des pêches en Méditerranée. Face à ces dégâts considérables causés dans le milieu marin de la région méditerranéenne, la sonnette d'alarme a été tirée. Plusieurs pays ont signé la convention sur la diversité biologique et la convention de Barcelone en 2010, s'engageant, ainsi, à protéger d'ici 2020 au moins 10% de leurs eaux marines et côtières en contribuant, à travers un large réseau connecté, à la mise en place d'aires marines protégées (AMP). Une bonne gestion de ces AMP pourrait, en effet, permettre, grâce à l'interdiction de la pêche intensive et de la surexploitation liée aux activités humaines de reconstituer les stocks de poissons et protéger les habitats fragilisés. En Tunisie, le Centre d'activités régionales pour les aires spécialement protégées (CAR/ASP) a lancé en 2010 le projet MedMPanet pour le bénéfice de 12 pays méditerranéens. Mis en oeuvre dans le cadre du partenariat stratégique pour le grand écosystème marin de la Méditerranée « MedPartnership », qui est un programme coordonné par le Plan d'action pour la Méditerranée (PAM) avec le soutien du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), de la commission européenne, de l'agence espagnole pour la coopération internationale au développement et du Fonds français pour l'environnement mondial (Ffem), ce projet sur lequel le centre planche depuis cinq ans a permis la déclaration de sept zones marines d'une superficie totale de 98.411 ha qui ont été identifiées comme étant des zones qui doivent être protégées. Plan de gestion pour préserver les aires protégées En Tunisie, le CAR/ASP a réalisé, avec la collaboration de l'Agence de protection et d'aménagement du littoral, des études socio-économiques et écologiques qui ont permis le classement de deux sites en tant qu'aires maritines protégées prioritaires, à savoir les îles Kuriat et les îlots Nord-Est de l'archipel de Kerkennah. Un plan de gestion a été déjà mis en place pour les îles Kuriat. Les résultats de ce projet ont été présentés hier et avant-hier, au cours d'un séminaire sur la clôture du projet régional pour le développement du réseau des aires marines protégées de la Méditerranée auquel ont assisté le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Najib Derouich, et le chef du projet MedPartnership, Lorenzo Galbiati, de l'unité de coordination du plan d'action pour la Méditerranée. « Ce projet a permis de développer le plan de gestion de la future aire protégée des îles Kuriat d'une manière participative et concertée avec tous les acteurs locaux concernés. Le programme MedMPanet touche à sa fin. Nous comptons sur tous les pays méditerranéens et les organisations partenaires actives dans la région pour nous soutenir dans cette démarche », a souligné, à ce propos, M.Khalil Attia, directeur du Centre d'activités régionales pour les aires spécialement protégées. De son côté, le ministre de l'Environnement, M. Najib Derouich, a mis l'accent sur le fait que la Tunisie a été parmi les premiers pays de la Méditerranée à inscrire des sites marins côtiers sur la liste des aires spécialement protégées d'importance méditerranéenne, ce qui a permis de protéger les espèces marines de ces zones et de mettre un frein à la dégradation et l'érosion des côtes en contrôlant l'activité humaine grâce à la réglementation en vigueur. Poursuivant sur la même lancée, le ministre de l'Environnement a, par ailleurs, relevé qu'au cours des trente dernières années, la Tunisie a entrepris des efforts considérables en matière de protection de l'environnement en créant des aires protégées aussi bien marines que terrestres qui forment un réseau comprenant, à l'heure actuelle, 17 parcs nationaux, 27 réserves naturelles, 4 réserves de faunes et 38 zones humides. « Pour ce qui est de la prévention et de la réduction des risques majeurs environnementaux, des efforts remarquables ont été entrepris, consistant notamment en la mise en place du cadre juridique et opérationnel relatif à la prévention et à la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles et des marées noires », a ajouté le ministre de l'environnement et du développement durable. Mais malgré les progrès réalisés, des efforts restent à faire pour atteindre l'un des principaux objectifs fixés dans le cadre de la convention des Nations unies sur la diversité biologique qui engage les Etats à protéger au moins 10% de leurs eaux marines et côtières d'ici 2020 ,selon M. Attia, qui a souligné, à ce propos, que « le Centre et le plan d'action pour la Méditerranée ont élaboré une feuille de route visant à harmoniser les efforts des pays riverains et des organisations régionales afin d'atteindre cet objectif. Cette feuille de route sera soumise pour adoption à la 19ème conférence des parties de la convention de Barcelone qui aura lieu à Athènes en février 2016 ».