Dans sa forme la plus simple, la biodiversité, ou diversité biologique, représente la vie sur terre. Ce concept désigne la variété et la variabilité des organismes vivants de toutes origines y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie. En fait, comme l'illustre cette définition, la biodiversité est composée de trois catégories, à savoir: la diversité génétique, la diversité spécifique et la diversité écosystémique. A cet égard, on a jugé important de jeter toute la lumière sur la biodiversité marine notamment en Tunisie, vu son importance en elle-même, au même titre que la vie a une valeur en tant que telle. La biodiversité en Méditerranée, comme celle des autres mers et océans du globe, reste méconnue. Le nombre d'espèces animales et végétales en Méditerranée doit se situer autour de 12.000, mais inégalement réparti entre les différents groupes taxonomiques. Néanmoins, chaque année plusieurs dizaines de nouvelles espèces sont signalées ou décrites pour la première fois en Méditerranée. En effet, la diversité biologique de la Méditerranée orientale est inférieure à celle de la Méditerranée occidentale, et environ 30% des espèces de la Méditerranée sont présentes en Tunisie. Ces inventaires, qui sont en général incomplets, comptent 35 espèces listées comme espèces en danger ou menacées (selon la convention de Berne et le Protocole de Barcelone relatif aux aires spécialement protégées et à la biodiversité en Méditerranée). Au total, la faune et la flore méditerranéenne apparaissent comme particulièrement riches, et il ne semble pas qu'il s'agisse d'un artéfact lié à une pression d'étude plus importante que pour d'autres régions du monde. Alors que la Méditerranée ne représente que 0,7% de la surface de l'océan mondial, sa faune et sa flore totalisent environ 8% des espèces décrites.
La biodiversité de la faune et la flore marines La flore marine, dans son sens le plus commun, regroupe les algues et les phanérogames. Les unes comme les autres exigent, pour se développer, une quantité de lumière suffisante aux exigences de leur assimilation chlorophyllienne. Il est à signaler qu'en Tunisie, plus de 400 espèces végétales ont été recensées le long du littoral. Néanmoins, le nombre réel est estimé à environ 600 espèces. En outre, d'après les études qui ont été établies dans ce domaine, sur les 14 espèces menacées en Méditerranée, 9 sont signalées en Tunisie. Il s'agit des 3 phanérogames (Posidonia oceanica, Zostera marina, Z. noltii) et des six Phaeophyta. D'autre part, parmi les 65 espèces végétales introduites en Méditerranée, il y a 10 qui sont présentes en Tunisie: il s'agit de 7 «Rhodophycae» et 3 «Ulvophycae». Quant à la diversité biologique de la faune marine, les inventaires récents des invertébrés marins en Tunisie sont peu nombreux et s'intéressent particulièrement aux spongiaires et aux parasites des poissons. De ce fait, les travaux scientifiques effectués montrent que les groupes animaux les plus représentés en Tunisie sont les mollusques (27%), les crustacés (15%), les poissons (13%),… Par ailleurs, le littoral tunisien forme essentiellement 3 grandes dépressions de sa côte, à savoir: les golfes de Tunis (Nord), de Hammamet (Est) et de Gabès (Sud). Commençons par le golfe de Gabès qui constitue les nurseries et la pépinière de la Méditerranée, et la biocénose à «Posidonia oceanica» qui était considérée la plus étendue au monde. Depuis quelques dizaines d'années, l'ensemble de ce système naturel marin subit des agressions d'origine aussi bien anthropique que naturelle. Ainsi, la bionomie benthique dans le golfe de Gabès se caractérise actuellement par la dominance d'invertébrés bio-indicateurs de vases instables chargées de matière organique à l'instar du bivalve «Aloidis gibba». La détérioration de la qualité des biotopes a affecté certaines espèces d'invertébrés marins de valeur commerciale qui trouvent dans le golfe de Gabès un terrain favorable de développement inhabituel en liaison avec certaines affinités tropicales du milieu. Ce sont principalement les crevettes, les seiches, les poulpes et les palourdes ainsi que certaines éponges. Le nombre total d'espèces animales signalées dans le golfe de Gabès est plus de 600 espèces réparties principalement entre les poissons, les mollusques, les spongiaires et autres. En sortant du golfe de Gabès, vers le Nord-Est (îles de Kerkennah) et vers le Sud-Est (île de Djerba), le couvert végétal est en bon état et les peuplements animaux sont plus diversifiés.
Nombre d'espèces animales recensées pour les principaux groupes taxonomiques dans le Nord, l'Est et le Sud de la Tunisie
Comparé au golfe de Gabès, le golfe de Tunis est dans un état plus satisfaisant pour de nombreuses raisons. D'abord, il est ouvert au bassin occidental de la Méditerranée où réside un hydrodynamisme fort, et est, par conséquent, moins affecté par les rejets industriels polluants. Ensuite, la diversité des habitats permet à tous les organismes benthiques d'y trouver des conditions favorables à leur développement à l'instar des mollusques gastéropodes (plus de 380 espèces). Ceci lui confère une biodiversité élevée. Il est à noter que le nombre d'espèces animales recensées dans le golfe de Tunis s'élève à 867 espèces réparties selon le tableau précédent. Par ailleurs, il est vraiment difficile de pouvoir parler de la diversité marine dans le golfe de Hammamet du fait du manque d'études effectuées sur cette zone. Dans l'état actuel des connaissances, on ne peut que lister les quelques espèces qui ont été signalées dans des régions et à des époques différentes. Dans cette zone, il existe 292 espèces animales.
Un intérêt particulier pour la diversité biologique Le protocole relatif aux aires spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée définit ainsi les espèces menacées: «Toute espèce qui risque de disparaître dans un avenir prévisible dans tout ou une partie de son aire de répartition et dont le survie est peu probable si les facteurs de déclin numérique ou de l'habitat persistent». En effet, les espèces marines menacées et protégées vivant en Tunisie sont nombreuses et bénéficient d'un effort considérable pour leur conservation. Nous citons à titre d'exemple: les tortues marines, les cétacés, les végétaux et les oiseaux. Ce faisant, la Tunisie a déployé un grand effort pour veiller à la protection des tortues marines entre autres par le biais de la coopération établie entre l'Agence de Protection et l'Aménagement du littoral, l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer et le Centre des activités régionales pour les aires spécialement protégées pour mener plusieurs projets de conservation. A ce propos, de nombreuses actions ont été établies à savoir: le suivi du site de ponte des tortues marines des îles Kuriat, la création, à Monastir, d'un Centre de soins et d'étude des tortues marines, la ratification des conventions internationales de protection de ces créatures et l'élaboration d'une législation nationale ainsi que la sensibilisation des pêcheurs et des utilisateurs de la mer aux problèmes encourus par ces reptiles. D'un autre côté, les cétacés trouvent des difficultés de plusieurs ordres dans leurs habitats naturels et la plupart sont inscrits sur des listes d'espèces menacées annexées à plusieurs conventions internationales de protection de la faune et de la flore marines et la biodiversité d'une façon générale. En Tunisie, une dizaine d'espèces ont été mentionnées, les plus rencontrées étant le grand dauphin, le dauphin bleu et blanc et le rorqual commun. La Tunisie accorde également une priorité à la protection de l'environnement et à la gestion durable des ressources naturelles. A et effet, de nombreuses actions ont été engagées dont: l'étude nationale, la stratégie nationale et le plan d'action sur la biodiversité. Notre pays est aussi signataire des conventions régionales et internationales visant à protéger le milieu marin et la diversité biologique (RAMSAR, convention sur la désertification, convention de Bonn, convention sur la diversité biologique, convention de Berne, convention de Barcelone, convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe…). D'autres mesures sont aussi prises à l'échelle nationale telles que la création d'aires marines protégées et le renforcement des réglementations de la pêche. Ainsi, quatre aires marines et côtières protégées sont instaurées (Zembra-Zembretta, Galiton, Ichkeul, Chekly) et cinq autres sont projetées. La protection du milieu marin en Tunisie réside dans l'interdiction de certaines techniques de pêche dangereuses pour la faune ichtyologique et pour l'écosystème en général, la délimitation des zones de pêche, la limitation de l'effort et des tailles de capture, la fixation du maillage des filets…