Saïed aux membres du conseil de sécurité nationale : «Il n'est pas question que les associations se substituent à l'Etat»    ARP – Commission des droits et des libertés : Les financements des associations en provenance de l'étranger dans le collimateur    Agence tunisienne de coopération technique : Les pays arabes recrutent le plus de Tunisiens    Pétrole : Prix du baril au 06 Mai 2024    Investiture de Vladimir Poutine : Le gouvernement russe démissionne    Emigration irrégulière : La Tunisie à la croisée des chemins    7,8 dinars le kilo de sardine: Les prix des fruits, légumes, viandes et poissons au marché de Kasserine (Vidéo+photos)    Gafsa : 45 000 moutons disponibles pour le sacrifice    Réforme du système éducatif : La dimension humaine, ce maillon manquant !    Un "camp de solidarité avec G-a-z-a" à l'Université d'Amsterdam    Poursuite des négociations pour l'usine de triples superphosphates d'El Mdhilla    La Tunisie refuse d'être un point de transit ou un lieu d'installation des migrants    Tunisie – La crise des migrants subsahariens débattue au parlement    Ecoles primaires : Quel avenir pour les postes administratifs vacants ?    Quand on sème le vent...    L'EST concède la défaite au Bardo : Il n'y a pas le feu quand même !    Le CSS triomphe à Rades face au CA : Le retour des heures de gloire    Les Clubistes s'écroulent devant le CSS à Radès : Quand le CA s'effondre...    Aïd Al idha : L'écho de l'inflation résonne    Poulina Group Holding double son bénéfice net en un an    Kais Saied dénonce les agendas cachés des candidats à la présidentielle    Les Caisses de Dépôts de France, d'Italie, du Maroc et de Tunisie renforcent leur coopération face aux défis majeurs du bassin méditerranéen    Pourquoi | Violence et agression en milieu scolaire...    Coupure d'eau dans certaines zones à Siliana    Kaies Saied reçoit le ministre libyen de l'Intérieur    Concert « Bissat Errih » par le Chœur et l'Orchestre du Carthage Symphony Orchestra au Théâtre de la ville de Tunis : Le goût de l'authentique    "Strata of Being" de Sana Chamakh au 32 Bis : La cicatrice...    Les Indiscrétions d'Elyssa    Météo : Des nuages denses avec pluies éparses l'après-midi    La MAE Assurances s'engage pour l'entrepreneuriat social et lance son Mutualhack    Kaïs Saied: 400 migrants ont été rapatriés lundi vers leurs pays d'origine (Vidéo)    SOMOCER augmente de plus de 80% ses ventes à l'export malgré la baisse de son chiffre d'affaires au premier trimestre    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action «Cinematdour» (Vidéo)    Kaïs Saïed, Ras Jedir, inflation… Les 5 infos de la journée    L'AGO de la Fédération tunisienne de Football fixée au 11 mai    Gaza : Le Hamas signe la trêve, 40 jours pour négocier la fin définitive de la guerre    France : Un monument de la Francophonie disparaît, Bernard Pivot est décédé    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action « Cinematdour »    La 3e édition du GATBIKE Challenge autour du site archéologique de Pupput Hammamet    La Kabylie est-elle devenue un nouvel Etat indépendant ? Non    Nouveau record : Voici la plus longue baguette du monde    La Tunisie abrite les championnats d'Afrique de qualification olympique en trampoline    classement WTA : Ons Jabeur conserve son 9e rang    Décès du chanteur et poète tunisien Belgacem Bouguenna    Youssef Elmi démissionne de la présidence du Club Africain    De Descartes à Spinoza et la neuroscience moderne: Evolution des perspectives sur la dualité esprit-corps    Sommet de l'OCI à Banjul : La délégation tunisienne émet des réserves sur les documents de la conférence relatifs à la question palestinienne    La ligne d'or – Narrer l'entrepreneuriat : maîtriser l'art du récit pour inspirer et engager    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La polémique ne fait que commencer
Pluralisme Syndical — Généralisation des prélèvements sur salaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 11 - 2015

Les syndicalistes de l'Ugtt dénoncent la circulaire de Habib Essid et y voient une forme de pression sur leur organisation
Et si le prélèvement sur salaire était, en lui-même, illégal et pouvait être annulé par le Tribunal administratif?
On attendait la médiation du président Béji Caïd Essebsi, pour ramener les représentants de l'Ugtt et l'Utica à la table des négociations sur les majorations salariales au profit des travailleurs du secteur privé et surtout pour annuler ou au moins reporter la grève sectorielle générale programmée pour le jeudi 19 novembre à Sfax.
Les négociateurs des centrales patronale et ouvrière se sont rencontrés, finalement, hier soir mais sans parvenir à la solution consensuelle que tout le monde attendait, les deux parties ayant campé chacune sur ses positions initiales, et le débrayage de plus de 150 entreprises privées dans la région de Sfax a bel et bien eu lieu dans «le calme et le respect de la loi», comme l'ont indiqué les syndicalistes de l'Ugtt, alors qu'on a enregistré, à travers les médias, plus particulièrement certaines radios privées, des échanges acerbes entre les responsables de l'Union régionale du travail et ceux de l'Union régionale de l'Utica à Sfax. Parallèlement à l'atmosphère de tension et de tiraillements régnant tout au long de la journée du mercredi 18 novembre, le gouvernement Habib Essid s'est invité à «la mêlée générale» en décidant de répondre positivement à une revendication datant depuis le gouvernement Hamadi Jebali et gelée par les gouvernements Ali Laârayedh et Mehdi Jomaâ. Il s'agit du prélèvement sur salaire des cotisations syndicales au profit des quatre centrales syndicales présentes sur la scène nationale: l'Ugtt, l'Union des travailleurs de Tunisie, dirigée par Ismaïl Sahbani, la Confédération générale tunisienne du travail, pilotée par Habib Guiza, et l'Organisation tunisienne du travail, présidée par Lassaâd Abid.
En plus clair, l'Ugtt, pilotée par Houcine Abassi, perd son statut de la seule organisation syndicale qui recevait directement, de la part des administrations et établissements publics, les cotisations retenues à la source sur les salaires des fonctionnaires, même s'ils n'y adhèrent pas ou plus encore même s'ils sont syndiqués au sein d'une autre organisation syndicale.
Autrement dit, la manne financière qui renflouait mensuellement les caisses de l'Ugtt risque d'être réduite sérieusement et les barons de la place Mohamed-Ali verront le budget dont ils bénéficiaient jusqu'à mercredi 18 novembre provenir uniquement des cotisations des salariés adhérents.
Une perte qui pourrait se chiffrer à des centaines de milliers de dinars perdus que Houcine Abassi et ses lieutenants seront obligés de chercher ailleurs.
Une décision qui fait polémique
Et comme l'on s'y attendait, les responsables du bureau exécutif de l'Ugtt se sont mobilisés pour dénoncer la décision gouvernementale, multiplier les déclarations pour montrer qu'elle est injuste et illégale et expliquer, à leur façon, ses dessous, estimant qu'elle constitue «une forme de pression sur l'Ugtt qui refuse de plier aux exigences de l'Utica lors des négociations salariales concernant le secteur privé».
Sami Tahri, membre du bureau exécutif de l'Ugtt et son porte-parole, n'y va pas du dos de la cuillère et déclare : «La signature par le chef du gouvernement de cette circulaire au moment où un litige oppose l'Ugtt à l'Utica au sujet des majorations salariales dans le secteur privé constitue une prise de position du gouvernement pour faire pression sur notre Centrale syndicale».
Dans la même lignée, Bouali M'barki, membre du bureau exécutif de l'Ugtt, s'emporte lui aussi contre la décision de Habib Essid et s'interroge sur les ondes d'une radio locale : «Quel est le poids réel des autres organisations syndicales pour que le chef du gouvernement décide de les aligner au même niveau que l'Ugtt?
Quels sacrifices ont-elles consentis pour que la Tunisie recouvre son indépendance et sa liberté et quel rôle ont-elles joué pour le triomphe de la révolution et puis le sauvetage du pays quand il était menacé de tomber dans l'inconnu».
Le débat ou plutôt la polémique est ainsi lancé et il risque de durer : pourquoi Habib Essid a-t-il décidé de traiter les quatre organisations syndicales sur un pied d'égalité en ce moment précis ? Va-t-on assister, à l'avenir, à des négociations sociales multiples, c'est-à-dire avec les organisations syndicales, chacune à part, dans le secteur où elle s'estime majoritaire pour ce qui est des syndiqués ?
Une autre question s'impose aussi : la pluralité syndicale ne concerne pas uniquement les syndicats ouvriers. Elle touche également les syndicats patronaux et l'Utica risque aussi de voir la Confédération nationale des entreprises citoyennes (Conect), dirigée par Tarek Chérif, la supplanter dans certains secteurs où sa représentativité est supérieure à celle de l'Utica.
D'ailleurs, le président de la Conect a intenté, depuis plusieurs mois, un procès auprès du Tribunal administratif, demandant à ce que le gouvernement soit obligé de respecter la loi et de négocier avec la Conect sur un pied d'égalité que l'Utica.
Une décision illégale
Au plan juridique, le Pr Abdelmajid Abdelli, enseignant de droit public à l'université El Manar, développe une autre approche.
Il considère, en effet, que «le prélèvement sur salaire est une opération illégale aussi bien au profit de l'Ugtt ou une quelconque autre organisation syndicale parmi celles qui ont vu le jour après la révolution».
«Tout le monde, relève-t-il, oublie que l'adhésion à une organisation syndicale, à un parti politique ou à une association est un acte individuel et libre. Personne ne peut obliger un salarié à adhérer à une organisation ou à une association.
Malheureusement, nos administrations sont dans l'illégalité totale puisqu'elles font fi de la volonté des salariés et prélèvent sur leurs salaires une somme d'argent qu'elles remettent à l'Ugtt sans que les salariés ne les autorisent à le faire.
Pire, même ceux qui n'appartiennent pas à l'Ugtt subissent le même traitement». Quant à la décision de Habib Essid de généraliser les prélèvement aux organisations syndicales qui en étaient privées jusqu'ici, le Pr Abdelli la considère comme «une décision illégale susceptible de recours devant le Tribunal administratif pour excès de pouvoir. Le Tribunal administratif peut l'annuler au cas où il serait saisi par l'un des salariés du secteur public ou du secteur privé refusant que son salaire soit tronqué mensuellement d'un montant précis». Le Pr Abdelli revient aux années Ben Ali quand le Fonds de solidarité nationale (FSN 26-26) était en vogue et que les contributions à ce fonds étaient automatiques, sans que personne s'y oppose publiquement. «A cette époque, un groupe d'enseignants universitaires ont introduit devant le Tribunal administratif une plainte contre le ministère de l'Enseignement supérieur qui prélevait sur les salaires certaines sommes au profit du FSN 26-26 sans leur autorisation.
Le Tribunal administratif leur a donné raison», conclut-il.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.