Les différents partis et formations politiques représentés au Parlement et autres se sont lancés dans un processus de concertations, de tractations et de négociations en vue de proposer leurs candidats à la primature. En effet, dans un contexte politique conflictuel où les divergences et l'absence de consensus règnent, le bal de candidatures à La Kasbah est ouvert, et tout le monde a son mot à dire. Comment sont menées ces négociations et sur quelle base seront effectués les choix des différents partis politiques ? Quel sera le profil du nouveau Chef du gouvernement ? Les partis opteront-ils pour une personnalité indépendante ou sera-t-il question d'un profil politique mais consensuel ? En tout cas, le chef de l'Etat avait appelé les différents partis et formations politiques représentés au parlement à lui soumettre leurs propositions à distance dans un délai qui expire aujourd'hui. Concertations, négociations, pourparlers, tractations et manœuvres, les partis politiques œuvrent d'arrache-pied pour sortir de cette crise politique, alors que le risque de dissolution du Parlement et de la tenue d'élections législatives anticipées n'est plus une simple illusion. En effet, c'est dans un contexte politique assez tendu et déjà secoué par la démission du chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, sur fond de soupçons de conflits d'intérêts, mais aussi par une crise institutionnelle au sein du Parlement, que le processus de désignation d'un nouveau chef du gouvernement a été lancé. Mais en dépit de ces tractations, c'est le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, qui devra trancher avant le 27 juillet, date butoir pour désigner un nouveau Chef de gouvernement. Si certains ont publiquement annoncé leurs candidats à la primature, d'autres partis n'ont pas encore officialisé leurs choix même si des noms commencent à fuiter. C'est notamment le cas des candidats d'Ennahdha, qui seraient également ceux de Qalb Tounès et de la Coalition Al-Karama dans le cadre d'un rapprochement de positions politiques pour présenter des candidats consensuels. Pour ces partis, la balance aurait penché du côté de l'ancien ministre de l'investissement, Mohamed Fadhel Abdelkafi, mais aussi de celui de l'actuel ministre de l'Energie, des Mines et de la Transition énergétique, Mongi Marzouk. Deux profils indépendants mais clairement proches, respectivement, des milieux de Qalb Tounès et d'Ennahdha. Ces deux profils, le premier économique et le deuxième jouissant d'une bonne réputation dans la gestion des dossiers de l'énergie, ont été également présentés comme candidats de ces deux partis durant les concertations autour de la formation du gouvernement Fakhfakh. Pour cette coalition, on évoque également la candidature de Khayam Turki, ancien dirigeant d'Ettakatol et fondateur du Think Tank Joussour. Pour sa part, même s'il n'a pas encore officialisé son choix, le bloc démocratique regroupant les députés du Courant démocratique et ceux du Mouvement du peuple devrait proposer les actuels ministres Mohamed Abbou ou Ghazi Chaouachi comme candidats à la présidence du nouveau gouvernement. Ridha Charfeddine premier candidat officiel Dans cette valse de candidatures, c'est le bloc National qui avait en premier officialisé son candidat, proposant l'ex-député de Qalb Tounès Ridha Charfeddine pour assumer les responsabilités du nouveau chef de gouvernement. Ce bloc, qui appelle à la formation d'un gouvernement politique contenant des compétences, a annoncé avoir entamé des négociations avec les autres blocs parlementaires et les partis politiques sur le choix de ce candidat. Le mouvement «Amal wa 3amal» fondé par le député Yassine Ayari a également officialisé ses candidats pour ce poste. Optant pour la parité homme-femme, ce mouvement a présenté l'ancien député Imed Daimi et l'ancien ministre de la Santé Abdellatif Mekki ainsi que l'actuelle ministre et porte-parole du gouvernement Asma Shiri et l'ancienne ministre de la Santé Sonia Ben Cheikh comme candidats à La Kasbah. Ces choix ont été effectués suite à un vote interne au sein de ce mouvement, rappelle Yassine Ayari. Force est de constater qu'au titre des concertations sur le profil du nouveau Chef du gouvernement, beaucoup de noms de personnalités ont été évoqués et continuent à circuler. Ces mêmes noms reviennent à chaque fois qu'il a été question de former un nouveau gouvernement ! Kaïs Saïed aura à choisir, ou pas, parmi tous ces noms proposés sans avoir l'obligation de se justifier auprès des partis politiques. Dans ce sens, d'autres personnalités sont également en lice comme Hakim Ben Hamouda, Mehdi Jomâa, Habib Kchaou, Khaled Kaddour, Marouane Abassi, Lobna Jeribi, Mohamed Mraihi, Abderrazak Kilani, Chawki Tabib, Mondher Zneidi, etc. Partisan ou indépendant ? Actuellement et au vu des candidatures jusque-là annoncées, les partis politiques semblent privilégier un profil partisan ou du moins politique pour la primature. Un scénario qui a été critiqué par certains observateurs de la scène nationale; d'ailleurs, dans un article précédent, l'ancien juge Ahmed Souab avait mis en garde contre la désignation d'un Chef du gouvernement partisan au vu de la situation conflictuelle au sein du Parlement. Idem pour Slaheddine Jourchi qui a jugé nécessaire de désigner un nouveau chef de gouvernement équidistant de toutes les formations politiques notamment celles représentées dans le Parlement. Pour sa part, la Centrale syndicale ne s'est pas, jusque-là exprimée sur le profil du nouveau chef de gouvernement, mais affirme rester à la disposition de tous les intervenants dans l'objectif de choisir un tel profil. «L'Ugtt n'a pas été jusque-là impliquée dans le processus de désignation du nouveau chef de gouvernement», a affirmé dans ce sens Noureddine Taboubi, secrétaire-général de la Centrale syndicale. En tout cas, le délai fixé par le Président de la République, Kaïs Saïed, en marge de la démission du chef du gouvernement Elyès Fakhfakh, stipule que les concertations ne doivent pas dépasser un délai maximal de dix jours qui expire aujourd'hui, jeudi. Et suite à ces concertations sera désignée la personnalité la plus apte à assumer la tâche de chef de gouvernement et à former un nouveau gouvernement conformément à l'article 98 de la Constitution.