On rendait, samedi dernier, à l'espace Mille Feuilles à La Marsa, un vibrant hommage à l'artiste peintre Mahmoud Sehili, à l'occasion du 40e jour de sa disparition. Ses proches, ses amis de longue date, ses élèves étaient là pour évoquer des souvenirs heureux qu'ils avaient vécus avec ce grand maître —peintre luministe par excellence—, aujourd'hui célèbre dans le monde arabe et en Occident. Son parcours riche de ses grandes thématiques et de ses expositions phare, célébrant les pays du Maghreb, leurs Médinas enchantées, leurs populations pittoresques, aura toujours été jalonné de succès auprès du grand public. Le ministère de la Culture se propose d'ailleurs de lui consacrer, prochainement, une grande exposition rétrospective, au Centre d'art vivant du Belvédère. En attendant, voici quelques bribes de témoignages de ses plus proches amis et admirateurs. Témoignages que nous aurons le plaisir de découvrir, dans leur intégralité, dans un catalogue raisonné de ses œuvres. Chedly Ayari «Il y a un vieux proverbe arabe qui dit que les compliments qui viennent des amis sont toujours sujets à caution, parce qu'ils sont souvent, peu ou prou, chargés d'une dose de subjectivité et d'émotion qui en affecte la crédibilité. Pour moi, Mahmoud Sehili est un ami, un grand ami même. Quand je parle de lui, de sa peinture, de son art, de son extraordinaire sensibilité au beau, de sa maîtrise du luth et de la musique arabe classique, orientale aussi, j'accepte volontiers que l'expression de mon admiration pour lui ne soit pas toujours objective. De plus, n'étant entouré chez moi, partout dans ma propre maison, que de Sehili, une collection d'œuvres du maître dont je suis fier, j'avoue volontiers le péché de subjectivité et d'émotion dont je parlais plus haut. Cela ne m'inquiète guère. Parce que je sais aussi que nous sommes nombreux, très nombreux en Tunisie et de par le monde, amis ou simples connaissances, ou acquéreurs anonymes, des peintures de Mahmoud, à reconnaître, et à partager, ce que le génie de Sehili a apporté à la peinture tunisienne de beau, de nouveau, de différent, à travers les diverses périodes qui ont jalonné la vie de l'immense artiste tunisien. Un ami toujours admiratif et toujours fidèle». Béchir El Fani «Du haut de mes quatre-vingts ans, il me plaît d'évoquer ma vie d'amitié avec Mahmoud, dès les années 50 à Tunis, par les brèves apparitions au Café de l'Univers ou à celui de la Brasserie de la Paix, puis les rencontres concertées ou non, à Paris, à la Cité universitaire ou à celle d'Antony et, surtout, au local des étudiants nord-africains du 115, boulevard Saint-Michel, le vendredi pour le couscous, ou lors des réunions de l'Uget ou de l'Aemna (Association de ces mêmes étudiants) (...). Retour à Tunis, dès les années 60, où avec la vie de famille, la carrière, la lutte pour une vie meilleure, être dans un pays indépendant, on essaie culturellellement, socialement et politiquement de faire vivre des idées non conformistes, de pratiquer la liberté (...) L'atelier du peintre, Place de la Monnaie, servait alors aussi de lieu de rencontre pour plus d'ouverture sur le monde, en particulier l'Afrique. C'est le voyage au Soudan du binôme avec Salah Guermadi, l'artiste peintre et le poète, comme cela sera dans les années 70 le voyage en Algérie. La lumière et les couleurs du peintre se confirment et cela vous donne à voir de beaux tableaux qui ont marqué notre génération!».