Le conflit est devenu une affaire nationale qu'il est urgent de désamorcer non pas à travers sa portée uniquement partisane, mais dans sa dimension nationale C'est par un refus fort conciliant que Mohamed Ennaceur, président par intérim de Nida Tounès, répond à la démission de Mohsen Marzouk, qu'il a posée hier sur son bureau. Une démission annoncée par le secrétaire général comme une décision douloureuse, mais inéluctable, dimanche dernier à Hammamet, face à une audience nidaiste, essentiellement féminine et largement acquise. Toutefois, Mohsen Marzouk n'a pas paru intraitable au sortir de son entrevue. Tout en ne manquant pas de déplorer «les tentatives visant à faire durer la crise», il s'est dit ouvert à toutes les propositions. Ce qui, a priori, laisserait la porte entrouverte à une reprise des négociations autour de la commission de réconciliation. Tout reste donc possible, d'autant qu'un deuxième rendez-vous est prévu demain entre Ennaceur et Marzouk. Après plusieurs mois de bataille rangée entre les deux clans Hafedh Caïd Essebsi-Mohsen Marzouk, la crise semble emprunter un chemin moins passionné, donc forcément plus raisonnable. Le congrès est un palier Joint par La Presse, Abdelaziz Kotti, dirigeant connu pour être l'un des porte-drapeau du clan de Hafedh Caïd Essebsi, a laissé entendre qu'une reprise du dialogue est souhaitable, en espérant que Mohsen Marzouk reviendra à de meilleurs sentiments. Il a ajouté que la plupart des membres du parti sont tombés d'accord sur la date du congrès, le 10 janvier, et sur sa facture constitutive. «Une nouvelle direction en sera issue et Nida Tounès partira sur de nouvelles bases», a-t-il espéré. Même topo chez Boujemaâ Remili, dirigeant fortement impliqué dans la crise et membre de la commission des 13. Tout en reconnaissant que Nida vit une crise de direction qui a engendré un déficit des instances dirigeantes et donné libre cours aux accusations mutuelles, le conflit est devenu une affaire nationale qu'«il est urgent, prévient-il, de désamorcer non pas à travers sa portée uniquement partisane mais dans sa dimension nationale». Remili n'a pas manqué de laisser entendre à notre journal qu'il approuve la date du 10 janvier ainsi que la mission du futur congrès. Selon lui, c'est une opportunité à saisir puisqu'elle donnera une direction au parti. Il nous a annoncé qu'il allait de ce pas rencontrer Mohamed Ennaceur pour tenter d'optimiser la voie de la concorde. Le poste n'est pas vacant Après des mois de conflit ouvert dont il est inutile aujourd'hui de revenir sur ses péripéties, Béji Caïd Essebssi, président-fondateur, a désigné la commission des 13 en vue de mettre de l'ordre dans une œuvre qu'il a confectionnée de toutes pièces et qui menace, aujourd'hui, d'éclater en mille morceaux. Une déflagration du parti ou une scission en deux formations auraient inévitablement sur le pays et sur l'équilibre du paysage politique des conséquences désastreuses. Le président-fondateur et plusieurs personnalités de Nida le savent et souhaiteraient visiblement et au plus vite une cessation des hostilités. Ainsi, la guerre entre les deux jeunes premiers Hafed Caïd Essebssi et Mohsen Marzouk, malgré toutes les apparences qu'elle revêt, n'est ni plus ni moins qu'une guerre de succession, tout le monde le sait. Il n'y a qu'un seul fauteuil pour deux candidats. Un politique, sous le couvert de l'anonymat, déclare que cela rappelle en plusieurs point, la guerre qui avait opposé Bourguiba à Ben Youssef. Or, cette guerre est prématurée, pour deux raisons : premièrement, le siège n'est pas encore vacant; deuxièmement, le tremplin censé porter l'un des deux rivaux à l'antre du pouvoir n'est pas solide. Le bon sens oblige à l'heure qu'il est de consolider l'édifice avant de lorgner du côté de l'héritage. Force est de constater, in fine, qu'à eux deux réunis, il n'est ni sûr ni acquis qu'ils gagneraient la bataille face à un adversaire politique redoutable, Ennahdha, doté d'un appareil puissant et rodé, conduit par des dirigeants disciplinés, le tout mené par une main de maître qui joue sur le long terme et dans la cour des grands. Il serait donc plus que souhaitable que cet absurde conflit soit résolu au plus vite et à l'amiable.