Par Nizar CHAARI Nous sommes aujourd'hui à l'aube de la deuxième décennie du XXIe siècle. La première a vu notre monde connaître beaucoup de changements capitaux, sur tous les plans, économique, géopolitique, technologique, social et écologique. Depuis la tragique journée du 11 septembre 2001, jusqu'à la crise financière, beaucoup d'événements plus ou moins inattendus ont contribué à bouleverser l'ordre établi, pour en installer un autre, même s'il s'agissait plutôt de désordre dans certains cas, voire d'anarchie. Cependant, tous ces changements impliquent une réflexion immédiate sur le futur, car c'est le destin des prochaines générations qui est en train de se décider aujourd'hui. Dans le passé, nous avons pu remarquer que les générations précédentes ont fait énormément de progrès et d'accomplissements, ce qui fait que nous pouvons aujourd'hui profiter d'un mode de vie très confortable, comparé à celui qui prédominait il y a de cela quelques décennies. Il faut noter toutefois que tous ces acquis ont coûté très cher à l'humanité : industrialisation massive, surconsommation excessive, conflits entre peuples et ethnies, épuisement imminent des ressources naturelles, écarts de développement, fossé numérique, inégalités au niveau des chances économiques… Il est impératif que la jeunesse d'aujourd'hui continue dans la marche du progrès entamée par ses prédécesseurs, mais en apprenant de leurs erreurs. Ceci n'est toutefois pas évident pour le moment, car l'éducation et l'héritage idéologique qui ont été transmis à nos juniors ont laissé des séquelles, ce qui implique qu'il faudra du temps pour réparer le mal occasionné. On constate un certain mal de vivre, une aliénation d'une grande partie des jeunes par rapport à leur entourage, une dépendance à la télé, aux jeux vidéo, au Net, une fuite du présent… Tout ce formidable travail effectué par le passé sur la communication a résulté sur une non-communication, un silence pesant émanant de cette nouvelle espèce appelée les «no-life», qui s'isolent et vivent en solitaire, raisonnent en égoïste, et qui avancent doucement mais sûrement vers le chemin de la dépression, voire le suicide. Le constat est accablant : il s'agit là d'une preuve irréfutable d'un malaise généralisé dans toutes les sociétés. Il se trouve que nous disposons aujourd'hui d'une opportunité qui peut nous permettre de marquer un temps d'arrêt, et réfléchir, afin de fonder les bases solides qui nous ouvriront d'autres horizons. L'Année internationale de la jeunesse est une occasion propice pour nous tous d'exploiter les connaissances que nous avons accumulées grâce à l'expérience cumulée, et d'en bénéficier afin de former et préparer les leaders de demain. «Lève-toi et marche vers la vie, la vie n'attendra pas celui qui dort...» (Abou El Kacem Chebbi) La jeunesse du monde doit profiter de l'héritage de ceux qui ont changé le monde dans tous les sens du terme, et elle doit le faire maintenant. La vigilance est toutefois de mise, car il faudra éviter de retomber dans l'erreur de ne pas penser à la génération qui devra prendre la relève. Nous ne sommes plus en mesure de négliger le grand problème écologique que vit la planète, ni la disparité sociale dominante, la détérioration du niveau de vie, les tensions géopolitiques… Une action positive, immédiate et concrète est requise. Il se trouve qu'en Tunisie, nous avons l'avantage de ne pas souffrir de la récession mondiale comme d'autres pays. La base de notre système socioéconomique est solide, et nous a permis de compter sur sa résistance en temps de crise. Ce n'est qu'une raison de plus pour nous d'aller de l'avant. Créons, instruisons-nous, évoluons, travaillons, imposons-nous, et essayons de transmettre le savoir à nos disciples, ils ne demandent que cela. Assurons-leur l'avenir, avec un développement durable et bâti sur les solides bases de l'éducation et de la responsabilisation. Le monde moderne n'attend que la levée de cette jeunesse, pour démarrer sa marche confiante dans le chemin du progrès. Aussi confiant suis-je, en transmettant à nos jeunes espoirs le message que leur porte une de leurs idoles : «Moi contre ton épaule, je repars à la lutte, Contre les gravités qui nous mènent à la chute, Pour faire du bruit encore, A réveiller les morts, Pour redonner éclat à l'émeraude en toi… Jeunesse, lève-toi !» (Damien Saez)