L'écotourisme est défini par la Société internationale de l'écotourisme (International Ecotourism Society) en ces termes simples : les voyages responsables organisés dans les espaces naturels où l'environnement et le bien-être des populations locales doivent être conservés. L'idée de lancer ce genre de tourisme est d'abord lancée aux Etats-Unis, dans les années 90 pour s'étendre ensuite à plusieurs pays. A cette époque, la Société internationale de l'écotourisme a établi les principes de l'Ecotourisme qu'on peut résumer en ce qui suit : réduire au minimum l'impact sur l'environnement, avoir bonne conscience du respect de l'environnement et de la culture des sites visités, assurer des expériences positives pour les visiteurs et les hôtes, fournir les avantages financiers directs pour la conservation des sites, habiliter les populations locales et être sensible au climat politique, environnemental, et social du pays d'accueil. En Tunisie, cela fait des années que les responsables ont opté pour d'autres tendances de l'activité touristique, conscients de la nécessité de varier les produits touristiques, d'autant plus que le pays recèle de richesses naturelles et environnementales autres que celles offertes par le tourisme de masse qui jusque-là a constitué la seule variété touristique du pays depuis l'indépendance. Ainsi d'autres formes de tourisme ont vu le jour suite aux mutations profondes survenues dans ce secteur : tourisme médical (chirurgie esthétique…), tourisme sportif (événements sportifs internationaux tel que les rallyes automobiles), le tourisme de cure (thermalisme), le tourisme culturel (festivals internationaux et régionaux) et le tourisme écologique (appelé aussi écotourisme ou tourisme vert) qui vient s'ajouter à la liste. La Tunisie représente une variété écologique très riche, aussi faut-il les exploiter en vue de les aménager, les protéger et les valoriser en les mettant à la disposition des visiteurs étrangers et la population locale qui pourrait en tirer profit, grâce aux actions de la préservation de la faune et de la flore et la sauvegarde de l'environnement, ce qui contribue à la création de nouveaux postes d'emplois et à la dynamisation de la vie économique, sociale et culturelle dans les sites écologiques. Ainsi, l'intérêt a été porté depuis quelques années à cette activité touristique qui offre de nouveaux produits aux visiteurs étrangers passionnés de la nature et de l'environnement. Par ailleurs, il est à noter que le tourisme écologique a pris une nouvelle dimension au cours des dernières années, et ce, grâce à l'organisation de manifestations qui font la promotion de la destination tunisienne dans son côté écologique. En effet, les parcs nationaux et les sites écologiques sont très nombreux en Tunisie et s'étendent sur tout le territoire et chacun peut exercer une attraction particulière par l'originalité de la faune et de la flore qu'il présente. Des associations partout dans le monde ont ainsi été créées en vue de promouvoir le tourisme écologique. En Tunisie, l'Association Tunisienne de Développement du Tourisme Ecologique et des Sites (Ecotours) a vu le jour il y a trois ans et dont les activités sont louables en matière de conservation des sites écologiques et de promotion du tourisme écologique en Tunisie. L'action menée par Ecotours-Tunisie vise à inciter davantage les gens à s'investir dans l'écotourisme et à dynamiser la vie sociale et économique autour de ces sites écologiques dans le cadre du développement durable, en faisant participer les populations locales dans les différentes activités du secteur. Ecotours-Tunisie œuvre en collaboration avec les parties privées et publiques en vue d'asseoir des bases solides du tourisme écologique en Tunisie. Nous avons rencontré Mme Mounira Boukmiha, présidente d'Ecotours-Tunisie qui nous a parlé de son association et de ses activités. Hechmi KHALLADI --------------------- Mme Mounira Boukmiha, présidente d'Ecotours-Tunisie : «Manque d'argent pour réaliser les projets» Le Temps : Quels sont les principes et les objectifs de votre association ? Mounira Boukmiha : Notre association n'a que trois ans d'existence ; c'est dire que nous sommes encore à nos débuts. Cependant, nous nous sommes fixé des principes et des objectifs dès le début. Notre pays dispose de tous les atouts qui favorisent le développement d'un tourisme écologique : un emplacement géographique stratégique, une politique favorable au développement durable, un héritage culturel riche et varié, sites écologiques et archéologiques nombreux, une économie en plein essor, une infrastructure touristique moderne, une solidarité ancrée dans notre culture, une population jeune, instruite et hautement qualifiée. Notre mission consiste à adopter une démarche qui met à contribution tous ces précieux atouts au développement d'un tourisme écologique prospère au profit d'une économie en pleine expansion et d'une population jeune, ouverte, intelligente et solidaire. Quant aux objectifs, notre association vise à promouvoir les potentialités du tourisme écologique dans les différentes régions de la Tunisie, concrétiser les orientations nationales relatives au développement du tourisme écologique et des sites, développer une culture d'investissement autour des sites et des zones concernés par le tourisme écologique, créer une dynamique de développement autour de ces sites en intégrant la population locale dans les activités et les services en faveur du développement du secteur, et ce, par la mise d'un programme d'encadrement, de formation, d'orientation et d'octroi de micro crédits. Ajoutons à cela, l'encouragement des initiatives créatives et innovantes en gratifiant annuellement les meilleurs projets en faveur du renforcement de la compétitivité du secteur, la contribution au marketing des produits du tourisme écologique à l'échelle nationale et internationale et enfin le renforcement des échanges d'expériences et de bonnes pratiques avec les associations internationales actives dans le secteur du tourisme écologique. Passons de la théorie à la pratique. Avez-vous déjà exécuté des projets ou, du moins, arrêté un programme pour mettre en application tous ces principes ? - Des projets ? Non, nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. Tout projet demande de l'argent et nous n'en disposons pas pour le moment ! Faute d'argent, nous avons les idées ! Avant les projets, il y a trop de choses à faire. Depuis trois ans, on ne fait que préparer le terrain à ces projets. Pour ce faire, notre travail consiste à sensibiliser l'opinion publique, les jeunes, les professionnels dans le secteur touristique aux spécificités du tourisme écologique. Je pense que, depuis le départ, nous avons fait une grande percée médiatique ; les cercles publics et privés ont déjà eu écho de notre association. Nous avons organisé des rencontres avec les étudiants en vue de les inciter à opter pour le secteur écologique dans leurs études pour les débouchés qu'il procure. Nous avons effectué une visite de prospection et de sensibilisation dans la région nord-ouest de la Tunisie. Nous avons ouvert un bureau local à Nabeul vu les potentialités écologiques et culturelles dont recèle la région du Cap Bon. Nous avons organisé un séminaire international l'année dernière qui avait pour thème « Ecotourisme et développement durable en Tunisie: réalité et perspectives » qui a vu la participation de plusieurs personnalités tunisiennes et étrangères et qui a été couronné de succès. Bientôt, nous organiserons une visite à El Haouaria dans le cadre du festival de l'épervier. Nous marchons petit à petit mais à pas sûrs vers notre objectif. Ce n'est pas facile d'organiser des voyages aux sites écologiques, aux parcs nationaux ou aux réserves naturelles ; il faut d'abord préparer l'infrastructure nécessaire à cela, il faut tout prévoir (la sécurité des visiteurs et des hôtes, le potentiel humain et culturel, les lieux d'accueil, les commodités, les services et le cadre compétent, les mentalités de la population locale, le sens de la solidarité et de l'échange…) car le tourisme écologique a ses particularités qu'il faut respecter. Votre plan d'action est louable, vos idées dans le domaine écologique sont très intéressantes. Vous aurez certainement besoin de moyens pour financer vos campagnes d'information et de sensibilisation. - Oui, en fait. Nous comptons d'abord sur nos propres moyens qui sont très modestes, mais aussi sur les fonds de certains collaborateurs privés et publics. Notre action vise à sauvegarder les sites écologiques et à réconcilier la population locale avec son lieu naturel pour promouvoir le développement local. Cela passe par le changement des mentalités et l'enracinement d'une culture de la préservation de la nature et son respect aussi bien par les visiteurs que par les hôtes. Tout cela exige des moyens énormes, ne serait-ce que pour effectuer des visites en ces lieux pour y faire des campagnes d'information et de sensibilisation. Par ailleurs, notre action va de concert avec les choix de l'Etat qui œuvre pour la promotion du tourisme écologique et pour le développement durable. Nous collaborons avec les pouvoirs publics et les secteurs privés pour un objectif commun. Il nous faut donc des moyens financiers pour réaliser nos ambitions.