Par M'hamed JAIBI Avec 134 voix pour, 23 abstentions et 29 députés contre, Khemaïes Jhinaoui a obtenu son investiture en qualité de ministre des Affaires étrangères de la République tunisienne. Juste retour des choses au bénéfice d'un diplomate expérimenté, discret et efficace, rompu aux tâches les plus ardues. Des qualités que le syndicat des diplomates a courageusement mises en exergue, lundi, au plus fort de la campagne totalement indigne dont le nouveau ministre a été la cible. Le Syndicat a expliqué qu'en tant que diplomate de carrière, Jhinaoui «obéit aux dispositions du règlement de base auquel sont soumis les agents du corps diplomatique», et notamment son article 13 qui stipule que tout diplomate se trouve, de ce fait, «dans l'obligation de travailler» au sein de toute mission diplomatique tunisienne à l'étranger, qu'elle soit permanente ou consulaire. Plusieurs voix issues de diverses oppositions s'en sont pris à Jhinaoui, dès l'annonce de sa nomination en remplacement de Taïeb Baccouche, lui «reprochant» son passage à Tel Aviv en qualité de chef de bureau chargé des intérêts de la République tunisienne en 1996. Les ténors de la «lutte contre la normalisation avec l'entité sioniste», qui ne savent prêcher que parmi les convaincus, veulent faire payer au ministre Jhinaoui et au chef du gouvernement qui l'a nommé l'impératif historique qui s'était imposé à la Tunisie, à l'époque, de se porter aux côtés du peuple palestinien, au lendemain des négociations de paix d'Oslo, dans cette grande bataille diplomatique internationale destinée à imposer les droits légitimes de nos frères à un Etat souverain sur leurs terres spoliées. Notre pays s'était, à l'époque, lancé dans la bataille en appui à l'Autorité palestinienne que présidait le leader Yasser Arafat, mais la mauvaise foi des Israéliens fera capoter le projet «des deux Etats» et Arafat mourra probablement empoisonné, après avoir fini assiégé mais tenace sur sa terre natale. Le fait que la paix d'Oslo n'ait pas été portée à son terme ne donne nullement raison aux maximalistes qui n'y ont jamais cru. Certes, la Palestine n'est toujours pas indépendante, mais son drapeau flotte désormais sur sa terre et dans moult pays, de plus en plus nombreux, qui reconnaissent ses droits nationaux. Grâce à cet historique déploiement diplomatique auquel la Tunisie avait fièrement pris part, avec l'envoi de plusieurs délégations culturelles ou économiques en Palestine occupée et le diplomate Jhinaoui comme tête de pont sur place. Mais la diplomatie tunisienne n'est pas statique. Face à l'adversité et à l'arrogance, elle choisit la fidélité à la cause et la discipline dans la lutte pour son triomphe. Aujourd'hui, elle lève haut la non-reconnaissance et combat la normalisation, mais revendique toujours la solution des deux Etats et la paix durable. Celle «des braves» dont se réclamait Arafat.