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Affaire du décès des nourrissons: Il faut réinventer le système de santé
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 04 - 2021

« Nous sommes tous en train de travailler avec le «système D» », regrette le président de la commission d'enquête, professeur Mohamed Douagi.
« S'il faut condamner une partie dans cette affaire, c'est bel et bien le système de santé », martèle le président
du Conseil régional des pharmaciens de Tunis.
« Une étude et un appel d'offres seront bientôt lancés pour une nouvelle unité des préparations stériles », promet le ministère de la Santé. Mais le secteur de la santé publique peut-il offrir beaucoup plus avec un budget dérisoire ?
L'affaire survenue en mars 2019 avait choqué l'opinion publique et acculé le ministre de la Santé, Abderraouf Cherif, à démissionner de son poste. Le chef du gouvernement à l'époque, Youssef Chahed, a promis de «demander des comptes aux responsables». Deux ans après le drame qui a endeuillé plus d'une famille tunisienne, le juge d'instruction près le tribunal de première instance de Tunis a émis des actes d'accusation pour «homicide involontaire, négligence, imprudence, inattention et non-observation des règlements en vertu de l'article 217 du code pénal» contre la directrice du Centre de maternité et de néonatologie Wassila-Bourguiba, le directeur de la maintenance et le chef de service de la pharmacie du même centre, selon le porte-parole officiel auprès dudit tribunal, Mohsen Daly.
En tout, 16 dossiers seront traités de façon indépendante dans le cadre de l'affaire du décès des nouveau-nés, a indiqué la même source. En l'absence d'une loi inhérente aux droits des patients et à la responsabilité médicale dont l'adoption est toujours renvoyée aux calendes grecques par nos parlementaires, les accusés dans cette affaire qui a défrayé la chronique sont vraisemblablement les victimes d'un système sanitaire délétère. Ils sont aujourd'hui anathémisés et pointés du doigt en dépit d'une situation kafkaïenne qui règne dans les structures publiques de santé.
Retour sur un drame annoncé
La valse des ministres de la Santé depuis 2011 et la situation générale dans le pays marquée par l'instabilité, la dégradation des établissements publics, la pénurie de médicaments dans les hôpitaux et l'absence de réactivité des autorités de tutelle furent les prémices de la désintégration d'un secteur sacrifié sur l'autel de la politique et d'un drame qui couve. Durant la période du 6 au 15 mars 2019, en raison d'une bactérie ayant touché la préparation alimentaire transfusée aux nourrissons, 14 nouveau-nés sont décédés au centre de maternité et de néonatologie Wassila-Bourguiba, à La Rabta. Des familles endeuillées, acculées à récupérer le corps des bébés dans un carton, une opinion publique sous le choc qui appelle à condamner sévèrement les responsables, et en conclusion le staff médical est très vite mis sur le banc des accusés. Un responsable pharmacien se trouve aussi sur le même banc!
La commission interne qui a été mise sur pied pour enquêter en toute autonomie sur le décès des nouveau-nés a conclu dans son rapport, dont une copie a été soumise en avril 2019 à la justice que les décès des nouveau-nés étaient engendrés par une infection nosocomiale survenue au moment de la préparation du produit parentéral dans la salle blanche. L'origine de ce drame est « plurifactorielle ». Le président de la commission, le professeur Mohamed Douagi, a énuméré des carences qui relèvent de la maintenance, la reprise du travail dans la salle blanche après un arrêt qui a dépassé les cinq mois, la formation et l'encadrement défaillants des agents et le non-respect des règles et procédures de désinfection et de stérilisation.
Comment la bactérie a pu atterrir à la salle blanche? S'agit-il d'une transmission manu portée? Oui, mais par qui? Le président de la commission avait confirmé que plusieurs dysfonctionnements ont été relevés au niveau de cette salle, dont une flagrante mauvaise gestion et le non-remplacement de la première responsable dans cette salle.
L'Ordre des pharmaciens étonné
Des lacunes qui avaient été relevées pourtant avant le drame et rapportées par l'un des accusés dans cette affaire. Il s'agit du chef service de pharmacie, Raouf Jamai, qui n'avait cessé de multiplier les alertes à l'égard de la direction générale du centre de maternité et de néonatologie de Tunis, soulignant au passage la nécessité de prendre certaines mesures susceptibles d'assurer l'amélioration des conditions de préparation au niveau de l'unité des préparations stériles, notamment suite à la reprise du travail dans la salle blanche après un arrêt prolongé, selon certains témoignages des membres du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens de Tunisie (Cropt) accordés au journal La Presse. Parmi ces carences, il y a lieu de signaler l'absence de nettoyage et de désinfection systématique de la salle de préparation, les fréquences ne sont pas respectées et les agents de nettoyage ne sont pas formés et habilités à cette tâche.
Un rapport sur l'état des lieux de la salle blanche a été élaboré et transmis à la direction de tutelle en février 2017, signalant l'existence d'un seul point d'accès à la salle blanche, d'où la possibilité de contamination croisée entre les produits entrant et sortant. Des actions ont été même proposées à cet effet en rapport notamment avec les opérations de nettoyage et la désinfection par des personnes qualifiées, le remplacement des équipements défectueux et l'acquisition de tapis antibactériens et assurant la rétention des particules provenant des zones adjacentes.
Ne pas leurrer l'opinion publique
Tout en compatissant avec les familles des nourrissons décédés, le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens de Tunisie (Cnopt) n'a pas manqué d'apporter son soutien au chef de service de pharmacie, Raouf Jamai, et exprimé son étonnement à l'égard de l'accusation lancée à son encontre, tout en excluant sa part de responsabilité dans cette affaire. Le Cnopt a rappelé que l'accusé avait informé au préalable le ministère de la Santé des carences observées.
Tout en précisant que la justice est indépendante dans notre pays, le président de la commission d'enquête, le professeur Mohamed Douagi, lors de son passage sur les ondes de RTCI mercredi 7 avril, s'est étonné de l'acte d'accusation porté contre le pharmacien précité du fait que ce dernier a accepté le poste pour combler un vide et donc pour sauver des vies, et qu'il avait, en vain, sollicité la nomination de pharmaciens hospitalo-universitaires spécialisés et demandé le 4 mars 2019 la qualification de la salle blanche après avoir dressé l'état des lieux. « Nous sommes tous en train de travailler avec un "système D" », a-t-il fait savoir, regrettant à cette occasion l'absence d'une loi sur la responsabilité médicale dans notre pays. «On ne peut pas incriminer une seule personne, car il existe un réel problème de gouvernance dans le système de santé. Il faut aujourd'hui indemniser les familles et tenter de corriger », a-t-il conclu.
« Que justice soit faite, mais il faut éclairer l'opinion publique et ne pas présenter Raouf Jamai comme le parfait bouc émissaire. Ce dernier a fait de son mieux et on ne peut lui faire porter le chapeau », a souligné à son tour le président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens de Tunis (Cropt), Ghazi Kechaou. S'il faut condamner une partie dans cette affaire, c'est bel et bien le système de la santé, et non pas une seule personne, ajoute-t-il, tout en mettant en cause la mauvaise gouvernance qui sévit dans le secteur de la santé ces dernières années. Il a rappelé à ce titre que le Parlement ne semble pas pressé pour autant pour faire passer le projet de loi n°41/2019 relatif aux droits des patients et à la responsabilité médicale. «Beaucoup reste à faire pour changer le système, nous faisons de notre mieux avec les moyens de bord », a-t-il conclu.
Une étude et un appel d'offres seront bientôt lancés pour une nouvelle unité des préparations stériles, a promis le ministère de la Santé dans une correspondance datée du 12 mars 2021 et une enveloppe de 1.8MDT a été allouée à cet effet. Mieux vaut tard que jamais mais au bout du compte, seuls ceux qui ont accepté de ne pas déserter leurs postes dans les hôpitaux publics surchargés et refuser de ployer l'échine sous le faix de l'inquiétante détérioration du système de soins, se trouvent aujourd'hui sur le banc des accusés. A qui incombe la faute? Aux blouses blanches qui sont en première ligne ou aux décideurs qui ne veulent rien entendre sur la grave détérioration de la situation dans les hôpitaux publics en dépit des multiples alertes?
Il urge aujourd'hui d'adopter le projet de loi inhérent aux droits des patients et la responsabilité médicale et de procéder à une profonde réforme du système de la santé auquel le gouvernement a toujours réservé un budget dérisoire en dépit de son importance et ne pas recourir aux solutions de rafistolages en temps de crise.


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