La relation des Tunisiens à leurs ordures est faite de hauts et de bas, jalonnée de périodes où le respect de la loi est plus ou moins bien observé, selon l'humeur et les états d'âme de chacun Depuis quelque temps, on a pu relever un retour en force des ordures et des déchets qui sont partout et qui défigurent le paysage urbain. Là où on passe, on les voit, hideux, tourbillonner dans l'air, dévaler les escaliers ou former un monticule poussiéreux sur les trottoirs, sous les voitures, devant les maisons et les commerces sans pour autant susciter la moindre réaction des piétons et des riverains qui ont fini par s'habituer à ce triste spectacle. Pis, ils y contribuent en sortant leurs poubelles à n'importe quelle heure de la journée, vite éventrées par les chats et les chiens errants. Citons, au passage, l'exemple de cette locataire dans un immeuble de la rue Lafayette qui, lésinant, à descendre deux étages, balance chaque jour sa poubelle par le balcon, sans se soucier que celle-ci n'atterrisse sur la tête d'un passant qui se serait retrouvé malencontreusement au mauvais endroit. La relation des Tunisiens à leurs ordures est faite de hauts et de bas, jalonnée de périodes où le respect de la loi est plus ou moins bien observé, selon l'humeur et les états d'âme de chacun. Peu soucieux de la propreté de leur quartier ou cité, ils se débarrassent, à tout vent, de leurs déchets dans l'espace public. On les voit tous les jours ces citoyens lambda qui jettent et écrasent leur mégot de cigarette par terre ou qui lancent, sans éprouver aucune gêne, une bouteille, un pot de yaourt ou un mouchoir par la fenêtre de leur voiture. Les mauvaises habitudes ont la peau dure! On y aurait cru pourtant même un instant, que les Tunisiens seraient revenus à de meilleurs sentiments en les voyant, le lendemain de l'investiture du président de la République, sortir et nettoyer les rues de leurs cités, animés par l'espoir d'un avenir meilleur auquel chacun contribuerait à sa façon en apportant sa propre pierre à l'édifice. Mais cela n'aura pas duré longtemps et la magie de ces brefs instants s'estompe vite pour céder la place aux travers qui sont de retour et à l'anarchie et à l'incivilité qui reprennent de plus belle, encouragés par la non- application des textes de loi qui ont échoué à rendre les rues, les quartiers, les villes et les cités plus propres. Décrets restés dans les tiroirs… Il y en a eu des textes de loi pourtant. Mais vite tombés dans l'oubli, à l'instar de l'article 2 du décret 433 du 10 avril 2017, qui prévoit des amendes allant de 40 à 60 dinars pour tous les actes portant atteinte à l'environnement et qui sont, désormais, considérés comme des infractions, comme jeter un mégot de cigarette, uriner dans la rue, jeter ses déchets de construction n'importe où, couper ou élaguer les arbres plantés sur le trottoir sans y être autorisé. De bien belles dispositions, depuis, restées dans le tiroir, sans qu'elles aient été appliquées sur le terrain…. A qui la faute ? Il faudrait déjà revenir à la source première, en l'occurence à l'éducation reçue à la maison. Car c'est là où tout commence. Là, où on est censé inculquer aux enfants, dès les premiers pas, la notion de propreté et du respect de l'espace et de l'environnement dans lesquels ils évoluent et ils vivent. A défaut aujourd'hui, de pouvoir appliquer la loi et de réapprendre la propreté à des citoyens pour qui l'acte de jeter par terre est devenu un geste machinal et anodin dont ils ne mesurent pas la portée ni les dommages que cela cause à leur environnement, et face à des communes dépassées, il faudrait impliquer davantage la société civile et l'investir du rôle de veiller à la propreté de l'espace public avant que notre pays ne se transforme en un immense dépotoir à ciel ouvert !