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Sommes-nous sales, tout simplement ?
Opinion
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 09 - 2016


Par Hédi BEN ABBES
«La propreté est l'image de la netteté de l'âme », disait Montesquieu dans Les Lettres persanes. On est tenté d'aller encore plus loin dans notre réflexion en disant : «Montrez-nous vos rues, on vous dira qui vous êtes ! ». Les rues, les plages, les parcs, la mer, la montagne, tous les espaces publics, la moindre parcelle de terrain, même l'air que l'on respire sont, aujourd'hui plus qu'hier, affectés par le comportement intolérable de certains de nos concitoyens. On assiste impuissant à un génocide environnemental, à une catastrophe pour la santé publique, à un désastre économique dû à l'inconscience de certains et à l'indifférence des autres, au manque de patriotisme et au faible sens civique. Cette tendance suicidaire toute tunisienne préside dans beaucoup de domaines, y compris celui de l'environnement.
Comment peut-on mesurer le degré de civilité d'une population si ce n'est, notamment, par la manière dont elle préserve son environnement ? Comment peut-on s'accommoder de la saleté, des sachets, des bouteilles en plastique, des détritus et des ordures qui jonchent nos rues ? Comment peut-on supporter les odeurs et les poubelles éventrées ? Comment peut-on être respecté quand on ne respecte pas son milieu et son environnement ? Comment peut-on prétendre être fier de son pays quand on s'emploie aussi méthodiquement à le détruire chaque jour un peu plus ? Pourquoi notre fierté d'être tunisien ne se manifeste que pour de mauvaises raisons ? Où est notre amour-propre, quand la première des choses qu'un étranger remarque en arrivant en Tunisie, c'est la saleté ? Où est le respect de nous-mêmes et celui de notre civilisation ?
Savez-vous que l'apogée de la civilisation arabe en Andalousie ne fut pas seulement marquée par l'architecture, la médecine ou la littérature mais également dans l'entretien des villes et dans l'utilisation savante de l'eau ? Savons-nous, héritiers de cet âge d'or que nous sommes, que Ziryab, en bon architecte et conseiller de l'Emir Abderrahman II (Cordoue an 822) avait poussé le raffinement jusqu'à établir, comme pour Montesquieu, que la propreté des villes, l'harmonie des couleurs et le plaisir des yeux sont le reflet de nos âmes ? Pendant ce temps-là, les morts se comptaient par centaines dans les rues de Londres infestées de rats et ravagées par la peste ? Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Plus proche encore de notre époque, savez-vous qu'il n'y a pas de femme de ménage dans les écoles au Japon, car le service est assuré par les élèves et le personnel enseignant en vue d'augmenter leur vertu ? Savez-vous que dans une ville comme Tokyo, qui compte près de 14 millions d'habitants, il n'y a aucun papier par terre à la fin de la journée avant le passage des agents municipaux ?
Savez-vous que la Norvège est le pays qui compte proportionnellement le nombre le moins élevé au monde de personnel municipal, car chaque citoyen assume sa part de responsabilité ?
Savez-vous qu'à Singapour, il est strictement interdit de mâcher du chewing-gum dans le métro ? Que pour fumer dans la rue, il faut aller dans des endroits spécifiques. Que jeter un mégot par terre est passible d'une amende de 500 dollars et 1000 dollars pour un papier ? Savez-vous que la propreté à Singapour est à l'origine de l'augmentation des IDE (investissements directs étrangers)?
Avez-vous oublié ce que l'Islam nous enseigne sur la propreté ? Il a élevé la question de la propreté au rang de critère pour mesurer notre foi ? On a dilapidé notre héritage ancien et tourné le dos aux autres civilisations modernes. On s'emploie à rejeter la responsabilité sur les autres. On accable souvent les services municipaux et on incrimine l'Etat sans jamais se poser la question de la part de notre responsabilité personnelle ?
Car la responsabilité est collective. Elle incombe en premier lieu à l'Etat et aux autorités locales, au même titre qu'à chacun d'entre nous, dans notre comportement quotidien, dans nos mauvais réflexes.
Il faudrait pouvoir mettre un terme à tout ce désordre ambiant dans les plus brefs délais. Voici quelques pistes de réflexion.
A court terme, c'est effectivement à l'Etat, en tant que gestionnaire et régulateur, de concevoir un plan urgence propreté. Ce plan doit s'inspirer des expériences faites dans ce domaine en Allemagne, en Suède, en Hollande, en Belgique ou encore au Rwanda. Oui, j'ai bien dit le Rwanda où les sachets en plastique sont interdits de fabrication et d'utilisation depuis 2008. L'assistance technique dans la coopération internationale peut servir à cela.
Ce plan peut reposer sur trois axes : premier axe, l'amélioration des infrastructures et la privatisation partielle des services d'enlèvement et de traitement des déchets. Une bonne politique environnementale est génératrice d'emplois ! Selon une étude de l'OIT (Organisation internationale du travail) réalisée en 2012, plus de 60 millions « d'emplois verts » sont à pourvoir à l'échelle de la planète. Pour la Tunisie, près de 50 000 emplois directs et indirects peuvent être créés dans le domaine de la préservation de l'environnement.
Deuxième axe, le financement. Il faut un effort national à travers la mise à contribution de tous les Tunisiens par l'instauration d'une taxe environnement provisoire (écotaxe). Le plus gros de l'effort doit se faire par la contribution des industriels et des professionnels du tourisme. Cela contribuera à la sensibilisation et à la responsabilisation de tous.
Troisième axe, l'instauration d'une législation stricte en matière de respect de l'environnement valable pour les professionnels des industries polluantes mais également pour tous les citoyens au travers d'un système d'incitation (pour les bons élèves !) et de verbalisation des contrevenants, aussi bien pour les ordures ménagères que pour les gravats des constructions. A titre d'exemple, de fortes amendes et la mise à la fourrière des camions qui déversent leurs déchets en dehors des décharges prévues à cet effet.
A plus long terme, il s'agira de mettre l'accent sur la sensibilisation et l'éducation. Il n'est pas concevable que notre système éducatif ne comporte pas un enseignement spécifique de sensibilisation à la préservation de l'environnement. De la crèche à l'université, l'écologie et l'environnement doivent être des disciplines scientifiques à part entière.
La modernisation des systèmes d'exploitation, le tri sélectif, la biomasse, les énergies renouvelables, les déchetteries et l'embellissement des villes sont aussi des projets à long terme qui doivent s'inscrire dans une stratégie écologique globale et intégrée.
L'environnement est une responsabilité collective. La Tunisie dite « la verte » peut et doit être à la hauteur de ses prétentions. Il y va de notre crédibilité, de notre santé et de notre qualité de vie. Les héritiers que nous sommes, d'Ibn Khaldoun, premier écologiste tunisien, n'avons pas le droit de le contraindre à se retourner dans sa tombe à chaque fois qu'une bouteille en plastique est jetée au pied de sa statue au cœur de la ville de Tunis.
Il y a quelques jours encore, un sachet en plastique transporté par un vent terrible était venu lui couvrir le visage. On y voit là, tout un symbole !
*(Universitaire et dirigeant d'entreprises)


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