Le mois de la propreté n'a pas réalisé ses objectifs La saleté s'est installée dans plusieurs rues et ruelles de la capitale. Des poubelles qui débordent, des sachets d'ordures jetés par terre ou sous les arbres, des chats et des chiens errants qui fouillent dans les poubelles tout au long de la journée pour rendre l'image encore plus sombre. Les trottoirs sont souillés par des bouteilles d'eau vides, des emballages de biscuits et de bonbons, sans parler des ordures laissées par les marchands ambulants qui ont déjà occupé plusieurs places du centre-ville de Tunis. Ainsi, le cadre de vie dans les quartiers de la ville se dégrade jour après jour. Plusieurs places et jardins publics se sont transformés en dépôts. Les déchets des chantiers de construction sont jetés au bord des routes. Aujourd'hui, c'est la grande pagaille. Jamais la situation n'a été aussi consternante. Ceux qui visitent la capitale pour la première fois sont sous le choc. C'est du jamais-vu. Les scènes d'incivisme deviennent presque ordinaires : des citoyens jettent leurs ordures dans les rues, des automobilistes qui ne se gênent pas de lancer des mégots par la fenêtre de leurs véhicules. Cette pollution provoque la multiplication des rats et des moustiques. Selon le secrétariat d'Etat aux Affaires locales et régionales, 300 mille tonnes de déchets sont accumulées dans les rues, dont 58% se trouvent dans 10 gouvernorats. Manque de moyens Selon la même source, environ 600.000m3 de déchets solides s'amoncellent dans les différentes régions du pays, d'autant que le volume des déchets de construction a augmenté de 30% au cours de 2013. Une situation difficile à gérer, surtout que la majorité des municipalités ne disposent pas d'équipements nécessaires pour l'enlèvement des déchets. Sur les 1.100 équipements destinés au ramassage et à l'enlèvement des ordures, 850 sont en panne. Vient s'ajouter à cela la baisse du rendement des agents de la propreté dont le nombre s'élève, actuellement, à 11 mille. Face à cette situation alarmante, un mois de la propreté a été lancé du 10 avril au 10 mai. Mais, malheureusement, ce fut un échec. Cette campagne lancée à l'échelle nationale n'a pas réalisé ses objectifs. Rien ne semble avoir changé. Les ordures sont encore partout. M. Majdi Hentati, directeur de la propreté à la municipalité de Tunis, indique que la participation de la société civile à cette campagne a été très timide. « Nous avons travaillé dans les différents arrondissements. En plus des services quotidiens de ramassage des ordures, nous avons intensifié les campagnes de collecte de déchets dans plusieurs rues et espaces publics. Le mois de la propreté n'a pas abouti aux résultats attendus. Les gens continuent à jeter les ordures par terre. Et malgré la création d'un dépôt pour les déchets de construction à Jebel Jelloud, ces déchets sont encore jetés dans les espaces publics et aux bords des rues. Le comportement de certains citoyens a aggravé la situation. Nous avons constaté que plusieurs personnes sont indifférentes à la question de la propreté et l'embellissement de la ville. Ils ne respectent pas les règles pour garder leur ville propre. Pour que les initiatives soient efficaces, il faut que chacun fasse un effort». Le responsable signale que les municipalités souffrent d'un manque de moyens techniques et humains. Sans compter les grèves continues des agents de la propreté. La dernière grève a coïncidé avec le mois de la propreté. Elle a été observée les 6, 7 et 8 mai. La propreté d'une ville est certes la responsabilité de la municipalité. Cependant, toutes les composantes de la société civile doivent s'impliquer davantage pour préserver un cadre de vie propre.