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Anis Jaziri, Président du Conseil d'affaires Tuniso-africain: "Les produits turcs ont inondé le marché libyen et la Tunisie s'en ressent"
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 04 - 2021

Avec l'élection du conseil présidentiel, l'horizon commence à s'éclaircir pour la Libye qui vient de sortir d'une décennie noire. Sitôt le processus de stabilisation amorcé, la Tunisie a appelé de ses vœux sa contribution à la reconstruction de la Libye. Une tâche ardue, d'autant plus que les investisseurs tunisiens doivent s'affranchir de l'écheveau de problèmes, notamment administratifs et réglementaires auxquels ils sont confrontés. Les acteurs du secteur privé ne sont pas restés les bras croisés et se démènent comme de beaux diables pour faire bouger les lignes et surtout parvenir à retrouver la place qui leur revient sur le marché libyen, désormais inondé de produits turcs. Anis Jaziri est un fin connaisseur de la Libye, ainsi que des spécificités de son marché. Il nous en parle plus dans cet entretien.
Revenons d'abord sur la décennie meurtrière qui a plongé le pays dans une crise multifacette. Comment l'économie tunisienne a vécu la crise libyenne?
Durant les dix dernières années, la guerre civile a miné le pays. La Libye était sur le point de se diviser en deux. L'instabilité politique et surtout le manque de sécurité ont fait que les Tunisiens installés en Libye ont eu peur et ont quitté le pays. En 2011, ce retrait était très mal vécu dans le sens où beaucoup d'entreprises tunisiennes ont abandonné des projets en cours, laissant derrière eux leurs matériels et des dépôts dévalisés. Les pertes étaient énormes. A ce jour, les Tunisiens essayent de récupérer leurs matériels mais ce n'est pas évident. Les projets qui étaient dans le pipe et sur lequel les sociétés tunisiennes tablaient sont estimés aux alentours de 1,2 milliard de dinars. Actuellement, nous sommes en train de voir les moyens qui vont nous permettre de reprendre les projets suspendus après, évidemment, une mise à jour des prix. Tous les secteurs d'activité ont été touchés par cet arrêt brutal, étant donné que la majorité des entreprises tunisiennes basées en Libye ont plié bagage et ont quitté le pays. Seules, quelques sociétés, notamment pétrolières, ont poursuivi leurs activités. D'ailleurs, la baisse drastique des échanges commerciaux entre les deux pays en témoigne. Le volume des échanges est passé de 3,5 milliards de dinars en 2010 à moins de 1 milliard de dinars. Cependant, on peut affirmer que l'agroalimentaire, les matériaux de construction et le BTP sont les secteurs où la baisse des exportations était la plus importante.
Maintenant la question c'est comment remédier à cette situation, surtout qu'il y a des pays qui ont profité de l'absence de la Tunisie de la scène libyenne durant la décennie écoulée. Ces pays ont essayé de protéger leurs intérêts, ils ont même pris part au conflit libyen, en envoyant des troupes militaires pour s'y positionner et sécuriser leurs marchandises. C'est l'exemple de la Turquie qui s'est introduite en force et a exigé des autorités libyennes d'ouvrir les lettres de crédit auprès des fournisseurs pour acheminer les exportations par voie maritime. La Tunisie, qui est le premier fournisseur de la Libye, est le premier pays à être impacté par cette entrée en force, d'autant plus que les frontières terrestres sont fermées. Cela a commencé avec le déclenchement de la crise Covid. Ça continue encore. Et c'est très grave. Aujourd'hui, tous les produits tunisiens qui représentaient 70% des produits présents sur le marché libyen ont été remplacés par les produits turcs. Ils ont inondé le marché et la Tunisie s'en ressent. C'est un constat partagé par tout le monde.
Maintenant que tout commence à rentrer dans l'ordre, suite à l'élection du conseil présidentiel, peut-on espérer un retour rapide des échanges commerciaux à leur niveau habituel?
Le rétablissement des échanges est un processus long qui s'inscrit dans la durée. Mais il y a des préalables qu'il faut mettre en place. Le TABC était le précurseur de ce processus malgré une situation très difficile du pays. En juillet 2018, on s'est rendu en Libye où on a effectué une mission de 70 hommes et femmes d'affaires tunisiens. En 2019, on a organisé un forum tuniso-libyen en Tunisie et dès que le processus de stabilisation de la Libye a été amorcé avec l'élection du nouvel exécutif, on était précurseur pour l'organisation d'un forum économique tuniso-libyen le 11 mars 2021. L'événement était une très grande réussite. On a déployé une stratégie de communication bien ficelée. Les participants étaient venus des quatre coins de la Libye. Par la suite, le Forum a donné lieu à une très grande dynamique en Tunisie. Le débat sur la Libye a été ouvert. Les organisations ont également commencé à s'activer, notamment l'Utica et les chambres de commerce libyennes. Une véritable dynamique s'est déclenchée. Un communiqué contenant toutes les recommandations pour un rétablissement des échanges avec la Libye a été publié. Suite au Forum, le Président de la République a hâté sa visite en Libye qui s'est tenue une semaine après. Les propositions qui ont été présentées par le chef de l'Etat sont adossées aux recommandations issues du Forum. Nous sommes déterminés à aller de l'avant. Le travail n'est pas encore fini. Actuellement, on est en train de préparer un très grand Salon.
Justement, quelles sont les attentes par rapport à la 1ère édition du Forum du jumelage économique pour l'Afrique qui sera organisé à l'initiative du conseil d'affaires tuniso-africain TABC du 23 au 25 mai à la foire internationale de Tripoli?
On a enregistré un nombre extraordinaire de réservations. Au bout de 5 jours, 90% de la superficie prévue (2100 mètres carrés) sont désormais réservées. Plus de 100 sociétés tunisiennes s'y sont inscrites. Etant donné que la demande est importante, je vais me rendre à Tripoli avec le vice-président du TABC, Issam Ben Youssef, pour une visite du 25 au 28 avril, afin de nous entretenir avec les instances libyennes, notamment les chambres de commerce de Sebha et de Tripoli ainsi que le Centre libyen de promotion des exportations, pour mener à bien ce rendez-vous et peut-être réserver un troisième pavillon. Le partenaire libyen est très coopératif et a mis en place un comité d'organisation tuniso-libyen. L'objectif derrière l'organisation de ce forum est de construire un programme, une vision commune qui va permettre aux pays souhaitant conquérir l'Afrique de pénétrer les marchés d'Afrique subsaharienne à travers la Tunisie et la Libye. Nous allons également organiser un autre Salon à Sebha, la capitale du Sud libyen. Un projet de mise en place d'une zone logistique tunisienne à Sebha est en cours de préparation. L'objectif est de pouvoir acheminer les marchandises à travers Ben Guerdane vers Sebha, fief des grands commerçants libyens.
Vous avez, précédemment, mentionné des préalables à mettre en place pour réussir un retour à la normale des échanges avec la Libye. De quoi s'agit-il ?
D'une manière globale, il faut résoudre les problèmes des postes frontaliers. Il faut ouvrir les lettres de crédit pour les exportations par voie terrestre, sans oublier de remédier aux difficultés et aux obstacles rencontrés par les investisseurs libyens en Tunisie, notamment une administration bloquante, des problèmes au niveau du financement bancaire et une réglementation de change contraignante. Nous avons, dans ce cadre, appelé à une initiative législative pour unifier le système des incitations, notamment fiscales pour les investisseurs libyens et tunisiens qui souhaitent investir que ce soit en Tunisie ou en Libye.
Quel rôle peuvent jouer les zones franches dans le décollage du commerce entre les deux pays?
C'est un modèle qui n'a pas marché, parce que les climats des affaires dans les deux pays n'ont pas été assainis. Si un investisseur libyen souhaite s'installer en Tunisie et va rencontrer un écheveau de problèmes qu'on connaît, entre une infinité de paperasse administrative (Notre administration est dans un état lamentable, gangrénée par la corruption) et des difficultés à ouvrir un compte bancaire, il va chercher une autre destination. On est très loin du compte. Une zone franche sans un climat d'affaires assaini, qui encourage l'investissement étranger, ne changera rien du tout. Personne ne s'aventurerait à venir et s'installer ici.


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