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Béji Caïd Essebsi : «Je suis le garant de la Constitution »
Entretien
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 01 - 2016

Des mouvements de protestations sociales, qui ont secoué le pays durant toute une semaine, à l'éclatement de Nida Tounès, en passant par ses visites dans certains pays du Golfe et le cancer terroriste qui pèse sur la Tunisie, le chef de l'Etat nous fournit beaucoup de précisions et de rectifications qui s'imposent en ce moment de tumulte et de confusion.
Comment évaluez-vous, Monsieur le président, votre visite au Koweït et au Bahreïn?
A travers ces visites, nous cherchons à réparer les erreurs commises par autrui. C'est une opportunité pour que la Tunisie retourne aux fondamentaux de sa diplomatie. Nous cherchons aussi à réunir les conditions d'un climat d'investissement à même de permettre à la Tunisie de dépasser sa crise et s'inscrire de nouveau dans la voie du développement et du progrès.
Tout ce que nous entreprenons vise à consacrer la dignité pour tous les Tunisiens, sachant que l'un des objectifs principaux de la révolution est bien le droit à l'emploi, au développement et à la justice sociale.
Vous avez constaté, sûrement, la qualité d'accueil qui nous a été réservé par nos frères Koweitiens, et Bahreinis, ce qui confirme leur volonté, ainsi qu'auprès de tous les autres pays que nous avons visités, de faire en sorte que nos relations bilatérales retrouvent leur haut niveau et se renforcent davantage. Ils veulent que nous nous adaptions aux nouvelles conditions de l'investissement.
Tout le monde sait que nous avons hérité d'une situation économique, sociale, politique et sécuritaire difficile, mais notre foi en la continuité de l'Etat nous impose d'assumer la responsabilité de ce lourd legs. Il faut dire les choses telles qu'elles sont pour que chacun assume ses responsabilités devant le peuple et l'histoire.
Pour dire les choses telles qu'elles sont, qui assume, Monsieur le président, la responsabilité de la situation détériorée que vit aujourd'hui notre pays?
Bien sûr, il existe d'anciens facteurs et ce sont ces facteurs qui ont poussé les Tunisiens au soulèvement et à la révolution. Toutefois, la gestion de la Troïka sous les ordres d'une branche de l'islam politique» a laissé la Tunisie dans une situation encore plus précaire que celle d'auparavant sur les plans économique, social et politique, mais aussi diplomatique.
Ces dirigeants issus de la révolution ont contribué à la crise et à écarter la Tunisie de ses constantes ; notre diplomatie ayant dévié des fondamentaux qui l'ont caractérisée tout au long des deux ères de l'Etat de l'indépendance, dont en premier lieu le respect de la légalité internationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, sous n'importe quelle forme, et la non-adhésion à la politique des axes.
Tous ces fondamentaux ont été abandonnés à l'époque de la Troïka, outre le fait que l'adhésion à la politique des axes a failli faire perdre à la Tunisie la souveraineté de ses décisions.Sauf que le citoyen tunisien s'est élevé de nouveau, a changé radicalement la situation et a imposé, à travers les élections, une nouvelle équipe pour diriger le pays.
Notre destin est de servir la Tunisie et les Tunisiens, quelles que soient leurs appartenances idéologique ou régionale, et ce, en vue de réparer les erreurs, d'édifier sur la base de tout ce qui est positif dans notre patrimoine historique et politique et de défendre le modèle civilisationnel tunisien.
C'est dans ce cadre qu'interviennent nos visites dans nombre de pays du Golfe, en vue de pallier les malentendus causés par certaines politiques.
Nous avons trouvé auprès de ces pays une réelle volonté de dépassement et d'imprimer un nouvel élan à leurs relations avec la Tunisie. Il est bien connu que le dépassement est bien dans l'intérêt de la Tunisie et aussi des pays du Golfe arabique. Nous avons pris l'initiative dans ce sens et nos frères dans ces pays ont répondu favorablement à nos initiatives. Nous avons visité l'Arabie Saoudite, la Jordanie, le Koweït et le Bahreïn.
Nos visites ont été couronnées par la signature d'importants accords de coopération et ces accords profiteront pleinement à la Tunisie.
Avec le retour à nos fondamentaux, nos rapports fraternels avec tous les pays arabes, plus particulièrement les pays du Golfe arabique, reprendront leur vitalité d'antan.
Avez-vous programmé des visites au Qatar et aux Emirats ?
Nous aspirons à entretenir de bonnes relations avec tous les pays frères et amis, dont en premier lieu le Qatar et les Emirats.
Avec ce dernier pays, nos relations sont séculaires.
Nous ne dévierons pas de la ligne tracée à ces relations par nos leaders historiques, le président Habib Bourguiba et Cheikh Zayed. Nous cherchons à lever les malentendus qui ont caractérisé nos rapports ces derniers temps et, très prochainement, nous arriverons à dépasser ces malentendus.
En Tunisie, nous avons besoin de rapports solides et distingués avec un pays aussi enraciné dans son arabité que l'Etat des Emirats Arabes Unis.
La crise économique et la fragilité de la situation de notre pays sont-elles les facteurs qui nous imposent de faire des concessions et recourir aux pays du Golfe arabique ?
Nous ne sommes pas venus demander de l'aumône.
Nous sommes plutôt venus pour confirmer nos origines arabo-islamiques. Dans les pays du Golfe, ils perçoivent notre politique comme étant alignée sur les Européens et sur l'Occident, en général, alors que nous sommes avant tout Arabes et musulmans, mais nous nous distinguons par notre ouverture sur les autres civilisations en y puisant ce qui est utile à notre société, ce qui nous permet d'accompagner notre époque, sans complexes ni aliénation.
Dans les pays du Golfe, ils apprécient la richesse civilisationnelle et humanitaire de la Tunisie et considèrent que le retour à la vitalité de nos relations constitue une nécessité pour les deux parties.
Nous avons apposé à leur franchise une franchise analogue. Nous avons saisi que dans les moments difficiles, ce sont la fraternité et les amitiés qui priment. En tout état de cause, nous sommes conscients des difficultés et nous sommes déterminés à les surmonter.
Nous avons décelé auprès de nos frères du Golfe une volonté sincère pour aider la Tunisie à sortir de la crise.
Monsieur le président, vous savez que l'une des causes des tensions entre la Tunisie et les Emirats est bien l'association d'Ennahdha au pouvoir ?
D'abord, je voudrais rappeler que c'est bien moi qui ai «cédé» le pouvoir à Ennahdha à l'issue d'élections dont personne n'a contesté l'intégrité.
Et c'était une attitude naturelle dans le cadre de l'instauration du principe de l'alternance pacifique du pouvoir, et je me rappelle avoir dit à leur représentant, à l'époque: «Je souhaite que vous céderiez la mission «Al-Amana» à votre successeur, avec la même démarche pacifique». L'arrivée d'Ennahdha au pouvoir nous a permis de nous rendre compte du grand déséquilibre qui caractérisait le paysage politique et partisan national.
Avec les jours, ils s'est avéré que les nouveaux gouvernants se comportaient comme s'ils étaient des permanents et ils ont essayé de modifier le modèle sociétal tunisien instauré par l'Etat de l'indépendance.
Il était indispensable d'opérer un équilibre au sein du paysage politique et partisan et c'est pour cette raison que nous avons créé Nida Tounès.
Puis, il fallait mettre un terme au maintien de la Troïka au pouvoir, en compagnie de toutes les forces attachées à l'Etat patriotique, civil et démocratique ouvert sur les valeurs universelles modernistes.
Ensuite, il est nécessaire de rappeler que la situation en Tunisie n'est pas coupée de ce qui se passait sur les scènes régionale et internationale.
A l'époque, on pressait pour faire associer les représentants de l'islam politique au pouvoir bien que la révolution tunisienne n'ait aucun référentiel religieux. Sauf que ceux qui ont voulu confisquer la révolution, qu'ils soient de gauche ou de droite, ont cherché à lui imprimer leurs valeurs et leur idéologie.
La vague dominante dans les pays arabes était bien «l'islam politique».
Enfin, il n'y a pas de doute que la précipitation des mouvements ikhwanistes et leur volonté de dominer les rouages de l'Etat et de l'administration ont contribué au dévoilement de leur plan qui consistait à confisquer les avantages des révolutions et à les inscrire dans une trajectoire opposée à la liberté et à l'Etat civil.
Et ces deux revendications étaient le stimulant fondamental des soulèvements conduits par les peuples arabes avec pour objectif suprême : réunir les conditions à une vie digne pour tout citoyen.
Naturellement, les peuples se sont élevés pour récupérer leurs révolutions et l'Egypte a fait l'essentiel en s'opposant au plan de «pénétration» conduit par «les Frères».
Il est connu aussi, comme le souligne Ibn Khaldoun, que certains mouvements n'abandonnent le pouvoir que dans le sang.
En Tunisie, nous avons réussi à écarter Ennahdha du pouvoir, pacifiquement et sans verser de sang, ce qui constitue une exception tunisienne.
Et loin de toute fausse modestie, nous avons contribué activement à cette solution en épargnant à la Tunisie beaucoup de sang.
Afin qu'on ne nous reproche pas le fait d'avoir fait sortir Ennahdha de la porte et l'avoir récupéré de la fenêtre en l'associant au pouvoir, nous soulignons que cette analyste est fausse parce qu'on n'avait pas d'autres solutions.
Les partis avec lesquels on s'est associé pour faire face à la modification du modèle sociétal tunisien et qui ont réussi à remporter des sièges au sein du Parlement ont voulu, semble-t-il, qu'on exerce le pouvoir sur la base de leur programme économique et social.
Pour nous, tout en soulignant que la majorité doit respecter la minorité, nous soulignons aussi que la minorité est tenue de respecter la majorité issue du scrutin.
En tout état de cause, Ennahdha est venu à la «coalition» en sachant que le programme du pouvoir se fonde sur une constitution civile qui a rompu définitivement avec son rêve idéologique visant à instaurer un Etat religieux.
Ennahdha sait également que le programme de la coalition n'est pas son programme politique et culturel et qu'il est fondé sur la séparation effective entre la religion et la politique.
Nous avons réussi à écarter Ennahdha du pouvoir quand nous avons découvert qu'il a dévié de l'Etat civil et nous pourrons aussi, c'est notre objectif, parvenir à le rallier au club des partis civils à dimension nationaliste.
Ainsi, Ennahdha finira en tant que parti dont le référentiel est «l'islam politique» parce qu'enfin d'analyse les nahdhaouis appartiennent à la nation qui englobe tout le monde.
Il semble, Monsieur le président, que vous avez certaines réserves vis-à-vis de l'opposition. On comprend d'après vos allusions répétées que vous l'accusez d'être derrière la dernière vague de protestations qui a secoué le pays ?
Je voudrais souligner que les gouvernements précédents nous ont légué une situation économique et sécuritaire difficile et que la révolution qui est avant tout une révolution sociale n'a pas réalisé ce qu'on attendait d'elle au profit des jeunes et des régions défavorisées.
Pour ces raisons, les mouvements de protestation sont logiques, sauf qu'il ne faut pas cacher qu'il existe des extrémistes aussi bien de la gauche que de la droite qui ravivent ces mouvements.
Et ces parties sont connues. Parmi ces parties, Daech, certains appartenant à l'islam politique et aussi ceux qui considèrent que «le processus révolutionnaire» est encore à mûrir et qu'il faut «parachever la révolution».
A tous ces gens là, nous disons : «La Constitution tunisienne a rompu avec le rêve du «Califat» et aussi avec les rêves des «révolutionnaires».
La Tunisie poursuivra l'édification de ses institutions démocratiques de manière à surmonter sa crise politique et économique».
Nous avons refusé l'extrémisme religieux de droite et nous rejetons aussi l'extrémisme provenant d'autres courants.
Nous l'affronterons à travers le renforcement et l'amélioration du rendement de nos institutions élues et aussi en répondant aux revendications légitimes du citoyen tunisien qui aspire à une vie digne.
Dans cet ordre d'idées, nous ne pouvons qu'appeler les parties considérant l'appartenance à la Tunisie comme étant notre patrimoine commun à faire preuve de compréhension vis-à-vis de la situation délicate de notre pays et à s'empêcher d'exploiter les protestations des jeunes à des desseins étriqués. Car en ravivant la situation sociale et sécuritaire, elles ne feront que se rencontrer objectivement avec les objectifs du terrorisme et des terroristes.
Que tout le monde sache que la crise en Tunisie est une crise héritée, qu'elle n'est pas l'affaire du gouvernement.
Elle est l'affaire de la Tunisie tout entière et n'importe quel gouvernement se trouvera confronté aux mêmes problèmes au cas où on ne parviendrait pas à créer le climat social et économique qu'il faut, afin de surmonter la crise économique.
C'est la condition fondamentale pour éradiquer le terrorisme.
La volonté y est et la conjugaison des efforts de tous est exigée.
A propos de l'extrémisme, comment évaluez-vous la menace terroriste qui pèse sur notre pays ? Avons-nous réussi à mettre au point la stratégie nécessaire à son éradication ?
La menace terroriste est certaine et la Tunisie l'affronte toute seule. Nous soulignons, encore une fois, qu'il n'existe pas d'Etat non menacé par le terrorisme, ce qui exige que la guerre contre le terrorisme doit être interne et internationale.
Sur le terrain, nous avons réalisé certaines réussites face à ce phénomène et nous considérons que notre action ne peut aboutir qu'à la condition qu'on soit soutenu au plan international en matière d'appui logistique et de coordination dans le domaine des renseignements.
Il en est de même pour le soutien à apporter à notre économie nationale de manière à couper l'herbe sous les pieds des terroristes et à prémunir nos jeunes contre l'embrigadement des groupes terroristes.
En Tunisie et bien que nous ne maîtrisions pas «la culture du terrorisme» et aussi «la culture de la guerre à livrer contre les terroristes», nous essayons de préserver, selon nos moyens, nos intérêts nationaux et de faire face à tout ce qui menace notre modèle civilisationnel.
Il n'échappe à personne que la tension est toujours persistante à la lumière de la crise en Libye et des avancées qu'y réalise Daech, dont les membres continuent à affluer en Libye fuyant les frappes dont ils sont l'objet en Irak et en Syrie.
Cinq années après l'avènement du printemps arabe, comment évaluez-vous la situation dans les pays arabes ?
«Le printemps arabe» est une invention européenne.
En Tunisie, nous avons réalisé notre révolution et elle n'est pas à exporter. Nous l'avons appelée la révolution du Jasmin et les odeurs qui en émanent peuvent ne pas respecter les frontières quand on sait que la liberté est contagieuse.
Nous vivons dans un monde qui connaît des mutations rapides et plusieurs de nos responsables n'avaient p as les moyens d'accompagner ces mutations.
Il est connu aussi que tout responsable politique a besoin d'une culture politique et historique à même de faire éviter au pays les transformations violentes.
Malheureusement, ce n'était pas le cas chez nous.
Dans le paysage politique international, les Arabes étaient le grand absent.
Et en politique, l'essentiel c'est le résultat.
Et le résultat est là : aujourd'hui notre situation se détériore de plus en plus, le citoyen arabe est en crise et la géographie de nos pays est menacée.
En Tunisie, nous essayons de réduire au maximum les conséquences négatives de cette situation et de tirer profit de ce qui est positif.
Nous essayons d'édifier un Etat juste où la justice est indépendante du pouvoir de l'argent, des partis politiques et de tous les lobbies et où la presse est libre et professionnelle.
Et la liberté impose également la prudence, ne sont-ce pas là les fondements d'un régime démocratique ?
Est-il logique, Monsieur le président, que la crise au sein de Nida Tounès prenne toute cette ampleur, qu'elle interfère dans le rendement du gouvernement et qu'on retourne à la question de la démocratie et à la question de l'héritage politique (Attaourith) ?
D'abord, Nida Tounès a accompli la mission qui lui a été confiée : la régulation du paysage politique et partisan. Nous avons préféré l'intérêt du pays, à celui du parti et nous avons participé aux élections avant le parachèvement de la construction du parti.
Il est normal qu'un parti en cours de construction et comprenant plusieurs courants connaisse des crises et que ces crises soient médiatisées à outrance.
Mais le gouvernement actuel n'est pas le gouvernement de Nida Tounès, il est le gouvernement de la Tunisie.
La crise au sein de Nida Tounès n'aura pas d'interférence sur son rôle constitutionnel.
Ma conviction est que la crise sera résolue, car le paysage partisan national ne supportera pas le retour au déséquilibre.
Ma conviction est aussi que la grande majorité des membres de Nida Tounès reviendront à la voix de la raison et de l'intérêt national qui reste au-dessus de toutes les autres considérations.
Pour ce qui est de la démocratie, en Tunisie et aussi de Nida Tounès, nous cherchons à la consacrer par tous les moyens.
Et pour y parvenir, nous supportons les dérives de la rue, des politiciens et des médias.
Nous avons choisi la liberté en dépit de tous les dépassements et nous ne reviendrons jamais aux contraintes.
Notre choix démocratique est irréversible.
Quant à la question de l'héritage politique (Attaourith), je m'étonne qu'il existe encore en Tunisie des gens qui y croient, dans un régime démocratique fondé sur la Constitution.
Ceux qui y croient sont encore sciemment ou inconsciemment sous l'effet du pouvoir dictatorial.
Puis chaque tunisien a le droit d'exercer la politique.
Sauf que mon fils n'a pas le droit de pratiquer la politique sous le couvert de son père.
C'est impossible. Je suis le garant de la Constitution et je ne peux pas en violer les dispositions.
D'un point de vue juridique, politique et éthique, l'affaire est close.


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