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De miel et de cendres
La culture défie le terrorisme
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 02 - 2016

Adnène Helali, enseignant, auteur et acteur culturel, n'a jamais fait dans la facilité. Pour la présentation de son nouvel ouvrage Journal intime de la dernière hyène au Chaâmbi, et au lieu de se choisir une maison de culture, ou le confort d'un espace bien aménagé, il a opté pour un lieu insolite : une parcelle de terre offerte pour l'occasion au flanc de la montagne Tayoucha qui fait partie du massif montagneux Chaâmbi, devant un public d'écoliers et de villageois de Henchir Laâssal.
«Ceux qui m'aiment prendront la route», avait lancé Adnène Helali sur sa page facebook, «chaâmbi n'est pas seulement un champ de bataille contre le terrorisme, mais c'est le lieu où éclosent toutes formes de culture de résistance».
Depuis Tunis, la route fut longue à travers des paysages arides en manque d'eau. Le soleil brillait fort pour une matinée de début de février. Arrivée à Sbeïtla, cette plaine que les romains ont baptisée Sufetula et en ont fait une cité des plus prospères comme en témoignent les importants vestiges qui rehaussent le centre-ville. Nous prenons la route de Sbiba, et après quelques kilomètres, nous empruntons un chemin escarpé qui nous mène à Henchir Laâssal, une petite localité de quelques centaines d'habitants, une école, quelques parcelles de terres agricoles, quelques oliviers épars, au flanc d'une majestueuse montagne.
«Henchir Laâssal»
Pourquoi appelle-t-on votre village « Henchir Laâssal» ?, avons-nous posé la question à un jeune couple, un enfant sur les bras, que nous avons rencontré sur la route du village. «Depuis très longtemps, ces montagnes offraient le pâturage à nos abeilles et on produisait le meilleur du miel mais depuis que l'armée a mis le feu dans notre montagne pour faire fuir les terroristes nos abeilles ne trouvent plus de pâturage», raconte-il avec amertume.
Pour arriver sur le lieu du rendez-vous, nous avons suivi un sentier rocailleux, guidés par des voix d'enfants. Adnène Helali et quelques-uns de ses compagnons nous ont accueillis sur un lopin de terre offert pour l'occasion par Ahmed Belakhdar Missaoui. De l'école du village, on a sorti des estrades et des chaises, on décore ce no man's land d'affiches annonçant l'évènement : la lecture-dédicace du dernier ouvrage de notre hôte journal intime de la dernière hyène de Chaâmbi.
Les enfants étaient excités, ils ont mis leurs plus beaux habits, les belles chevelures des fillettes étaient coiffées de jolies barrettes et de rubans multicolores. Un événement comme celui-là représente une fête exaltante pour un village au quotidien difficile.
Les mamans étaient aussi présentes ; laissant de côté leur besogne, elles sont venues accompagner leurs enfants et partager avec eux cet instant volé au temps.
Quand les animaux prennent
la parole
Au beau milieu de ce «nulle part», Adnène Helali, avec des moyens rudimentaires, commence la lecture de certains passages choisis de son œuvre, une sorte de conversation entre les animaux de la montagne qui racontent la résistance, le partage, l'amour de la terre, la dévotion, la trahison, des personnages qui contemplent l'univers, questionnent le monde et s'interrogent sur ses maux.
Créatif, Adnène s'offre en spectacle sans aucun complexe. Enfant de la région, il a su depuis toujours s'adapter à toute forme de manque de moyens. L'absence de structure n'a jamais freiné ses élans d'acteur culturel ; c'est lui, avec quelques amis, qui a créé le ciné-poulailler, le centre culturel de montagne, il a encouragé les jeunes de la région à créer les «Ghar Boys» un groupe de poètes rappeurs et c'est bien lui qui, depuis des années, sillonne le pays du nord au sud avec ses «troubadours», une sorte de chorale d'enfants qui chantent et jouent les fables de La fontaine ...
Pour cette lecture dédicace de Henchir Laâssal, Adnène en profite pour nous présenter les troubadours du village en les invitant à nous interpréter l'hymne des montagnards et un autre texte intitulé «Lettre à monsieur le président».
Petites causeries... Aïcha, Olfa et les autres
Notre voisine de siège, Aïcha, la quarantaine à peine entamée, est divorcée, elle élève seule sa fille de 11 ans. Une petite fille pétillante et espiègle. «Vous savez, nos enfants ne disposent d'aucune distraction ici, il n'y a que l'école qui offre un peu d'espoir et nous tenons à leur permettre une bonne instruction. Je travaille dans les champs pour qu'elle ne manque de rien. Ma fille est ambitieuse et rêve de terminer ses études. Elle est consciente que seule l'instruction est sa voie de salut, même si elle sait déjà que le chômage l'attend au tournant», nous raconte-t-elle, telle une confession.
«Quand je me lève le matin à l'aube pour travailler, je pense à lui procurer son déjeuner, et son dîner du jour même mais aussi je suis habitée par un tel acharnement afin que je puisse lui offrir les frais de son transport quand elle ira au lycée, à l'université, ses frais pour mener à terme ses études... je pense à aujourd'hui et je suis hantée par le lendemain». Olfa, sa seule fille, voudrait devenir médecin dentiste pour soulager les maux de dents de sa mère.
Comment vous vous en sortez pour vivre ici ?, avons-nous posé la question.
«Je ne saurais vous dire», nous répond Aïcha ; la montagne n'offre plus de pâturage à nos bêtes, la plupart d'entre nous ont tout vendu, la pluie s'est montrée avare et nos rares oliviers sont assoiffés... je me pose d'ailleurs la question comment arrivent-ils à dormir la nuit (les politiques) après avoir vu nos visages d'affamés dans le journal télévisé.
Le violoniste Mehrez Labidi, lui aussi enfant de la région, nous aborde en nous disant : «on ne cesse de nous baratiner avec des slogans du genre «la culture contre le terrorisme» et on ne fait rien pour que la culture existe dans ces villages». vous savez, nos enfants n'ont ni télé, ni internet, il est donc très facile de les attirer vers la lecture...Or, on ne pense pas à offrir à cette jeunesse quelques ouvrages pour constituer une bibliothèque et on vient se pavaner pour fêter le Nouvel an au flanc de la montagne pour repartir la conscience tranquille...


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