En présence de Yassine Ibrahim, ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, les représentants du Bureau international du travail (BIT) ont présenté, hier, les résultats du Programme d'appui au développement des zones défavorisées. Un programme qui a été lancé en septembre 2012 pour être clôturé au mois d'avril 2016. Son objectif est de favoriser l'appui à la création d'emplois et l'accompagnement à la réinsertion professionnelle. Ce programme, financé à hauteur de 14 millions de dinars par l'Union européenne, est focalisé sur cinq gouvernorats, à savoir Gafsa, Siliana, Le Kef, Sidi Bouzid et Kasserine. Selon M. Ibrahim, ces gouvernorats ont été sélectionnés parmi les neuf régions les moins développées en Tunisie et donc prioritaires pour monter des projets pilotes. De son côté, Mohamed Ali Deyahi, directeur du bureau régional de l'Organisation du travail pour les pays du Maghreb, a affirmé que l'objectif du programme est de "réduire les inégalités et de donner à la jeunesse la chance de vivre". Il a ajouté que la problématique de l'emploi est universelle et qu'elle est une priorité pour beaucoup de pays. On compte plus de 200 millions de chômeurs. Dans les pays arabes, le taux de chômage avoisinne les 30%, selon M. Deyahi. Le programme a été concrétisé selon troix axes d'intervention. Le premier axe a concerné les infrastructures Himo (Haute intensité de main-d'œuvre), visant la valorisation des matériaux locaux, l'implication des partenaires sociaux et de la société civile et la formation pour les PME dans le secteur BTP et aussi des jeunes non qualifiés. Créer des opportunités Le deuxième axe s'est focalisé sur le développement économique local par l'instauration d'un forum de dialogue public privé, l'organisation des acteurs économiques locaux et la création de plus value à travers la transformation des productions locales. Le troisième axe a concerné l'insertion professionnelle par l'apprentissage sur les chantiers-écoles Himo, l'appui à la création des PME et l'amélioration de l'accessibilité aux services d'appui à l'insertion professionnelle. La finalité du programme est, ainsi, de créer des emplois tout en améliorant l'accès aux opportunités présentes dans les régions, mais qui ne sont pas mises en valeur. M. Ibrahim a souligné que la stratégie du gouvernement vise actuellement à promouvoir ce genre de programmes afin de valoriser les ressources naturelles et aussi humaines dans les régions intérieures et proposer un accompagnement pour l'intégration professionnelle. "Il s'agit aussi d'œuvrer à désenclaver les régions intérieures et les mettre en relation avec les autres régions pour promouvoir leurs produits locaux", précise-t-il. Ces projets ont été menés selon une approche participative, impliquant la société civile et les habitants des régions concernées et instaurant un dialogue avec les institutions de l'Etat. Pour M. Jean-Louis de Bie, conseiller technique principal du projet, cette approche a eu l'avantage de restaurer la relation de confiance quasi-absente entre la société civile et les institutions de l'Etat. Capitalisation des ressources A Oueslatia, dans le gouvernorat de Kairouan, un pont a permis de désenclaver un village entier, qui souffrait auparavant de l'isolement, tout en favorisant l'économie locale (augmentation de la production laitière et la création de nouvelles activités). A Kesra, dans le gouvernorat de Siliana, la réalisation d'ouvrages hydro-agricoles a permis de redynamiser la culture de la figue, touchant une centaine d'agriculteurs sur 20 hectares. A Thala, dans le gouvernorat de Kasserine, l'exploitation des déchets de pierre marbière a favorisé la création de deux nouvelles PME, employant actuellement une cinquantaine d'ouvriers. A Sidi Bouzid, l'aménagement du marché municipal hebdomadaire —en cours— a mobilisé 9 entreprises locales, se basant sur les matériaux locaux et sur des techniques traditionnelles. A Sidi Aïch, dans le gouvernorat de Gafsa, une vingtaine de jeunes ont été formés aux techniques d'extraction et de la taille des pierres pour créer des PME. Ce sont quelques projets réalisés, dans le cadre du programme, qui paraissent bien simples mais qui ont réellement changé la vie de plusieurs personnes dans ces régions défavorisées. Mais avec la clôture du programme, en avril prochain, on se pose la question de la continuité de ses actions. M. De Bie indique que la durabilité du programme est un grand défi. "Nous avons bien mené la phase démonstrative. Il s'agit maintenant de capitaliser sur ses résultats pour améliorer la capacité des institutions étatiques régionales à adopter l'approche participative". Pour M. Ibrahim, l'objectif serait de poursuivre ce programme tout en cherchant les financements adéquats pour le dupliquer dans d'autres régions. Il ajoute que l'accent sera mis sur le renforcement de la coopération internationale décentralisée et sur l'encouragement de l'initiative locale, surtout avec l'approche des élections municipales. La création de conseils municipaux pourrait, enfin, ouvrir la voie vers plus de communication et de transparence dans la gestion des affaires des régions.