Hier, mardi 9 février, septième jour de la grève de la faim déclenchée par les avocats sit-inneurs à la Maison de l'avocat, à Bab Bnat. Ils sont près de 260 avocats à occuper «leur maison» depuis près d'un mois, exigeant que le barreau accepte leur inscription, leur permette d'exercer leurs fonctions et lève le veto qu'il leur oppose en refusant de reconnaître le certificat d'aptitude professionnelle à l'avocatie (Capa) qu'ils ont obtenu auprès de l'université algérienne. Mais pourquoi leur Capa provient-il de l'université algérienne ? «Nous avons été obligés de nous inscrire à l'université algérienne suite au gel des activités de l'Institut supérieur de l'avocatie durant près de trois années dans la foulée de la révolution. Nous avons obtenu le certificat d'aptitude professionnelle à l'avocatie auprès de l'université algérienne conformément à la convention tuniso-algérienne de coopération judiciaire datant de 1963, plus particulièrement son article 5», confie à La Presse une source informée auprès des avocats en sit-in. La même source ajoute : «De retour en Tunisie, nous avons effectué les démarches nécessaires en vue de nous inscrire auprès du Conseil de l'ordre des avocats qui a refusé d'accéder à notre demande, prétextant que le Capa obtenu en Algérie ne nous donne pas le droit d'exercer en Tunisie. Quand nous avons esté devant la Cour d'appel, elle nous a donné raison et certains parmi nos confrères ont pu s'inscrire au barreau et ils exercent à l'heure actuelle. Sauf que 260 avocats détenteurs du Capa (algérien) attendent encore que la Cour d'appel se prononce sur leurs cas. En novembre 2015, nous avons préféré résoudre le différend à l'amiable avec le Conseil de l'ordre. Malheureusement, le 19 janvier dernier, le conseil nous a informés que l'examen de notre dossier a été reporté à une date indéterminée». La réaction des avocats «algériens» a été d'entrer en sit-in ouvert à la Maison de l'avocat «jusqu'à l'inscription de nos noms au barreau», affirme notre source. Depuis le 3 février, quelques avocats parmi les sit-inneurs observent une grève de la faim. «Le Conseil de l'ordre fait toujours la sourde oreille à nos revendications et n'a eu aucune réaction quand quatre parmi les grévistes de la faim ont vu leur santé se détériorer dangereusement au point qu'on s'est trouvé obligé de les transporter à l'hôpital», ajoute la même source. Du côté du Conseil de l'ordre des avocats, on assure que «les avocats concernés ne répondent pas aux conditions qu'exige la loi. Pour être inscrit au barreau, il faut obtenir le certificat d'aptitude après de l'université tunisienne».