Un projet de renforcement quantitatif et qualitatif du tissu associatif, initié par l'association Club Mohamed Ali de la culture ouvrière et son partenaire, la fondation G. Brodolini, avec un financement européen, propose un programme de trois mois pour mettre en place des structures pérennes de promotion et de modernisation des composantes du secteur associatif dans le Grand Tunis, à Gabès et Sidi Bouzid-Kasserine. Cinq années après la révolution, la Tunisie se trouve à la croisée des chemins, l'un plus flou et incertain que l'autre. La transition politique ne cesse d'être entravée par des crises partisanes lancinantes et des bouleversements sociaux pour lesquels les partis politiques n'ont aucune issue économique, aucun programme de sortie de crise. Si bien que la transition économique n'a pas pu à ce jour avoir lieu ni même démarrer devant répondre aux objectifs des événements de 2010-2011: l'emploi et la dignité. Le volet politique de la révolution a pris tellement de place, tellement de temps, tellement d'énergie et de moyens financiers et humains, que le pays se trouve aujourd'hui au bord de la faillite, malgré des dons, des crédits et d'autres financements extérieurs qui jusqu'à ce jour n'ont pu être utilisés à bon escient, n'ont pu mettre sur les rails les multiples projets de développement tant attendus et les emplois subséquents. Le processus démocratique avec toutes ses difficultés et ses promesses, parfois difficiles à tenir, est un choix irréversible des Tunisiens. Mais difficile à mener à terme. L'année 2014 en est le témoin, mais également la preuve que la société civile peut jouer un rôle déterminant dans la consécration des vertus de la démocratie : le dialogue et le consensus en prime. La société civile, en tant que groupes de pression, contre-pouvoir, forces de propositions, est un acteur incontournable et un partenaire de taille dans les pays démocratiques. En Tunisie également, elle a joué un rôle de locomotive dans les nouveaux choix politiques, la nouvelle Constitution et les réformes législatives en cours. Mais pas dans le domaine économique. Pendant les premières années de la révolution, le volet économique a été relégué aux oubliettes par tous. Certains représentants de la société civile, qui a pris de l'ampleur depuis 2011 en nombre et en diversité, se faisaient un devoir de barrer la route à tout dialogue économique ou toue requête dans ce sens. Si bien qu'aujourd'hui, le processus démocratique est non seulement inachevé, mais aussi en butte à des problèmes économiques et sociaux qui s'imposent, aujourd'hui, avec plus de violence et de profondeur. Formation de jeunes promoteurs et des sans-emploi En Tunisie, où la dimension sociale du développement est encore importante, voire plus qu'auparavant, l'Etat ne peut plus répondre à lui seul aux besoins des Tunisiens en emplois, en logements, en soins de santé, en éducation, en création de richesses... Le secteur privé et la société civile doivent désormais jouer un rôle encore plus grand. Mais la société civile demeure le partenaire le plus approprié et le plus adéquat dans le cas du développement économique et social intégrant la composante solidarité qui se base, elle, sur le principe d'implication locale. Cette société civile est composée de syndicats, d'organisations, d'associations, de coopératives, de fondations... Ces entités composent ce qui est communément appelé le tiers secteur ou secteur de solidarité. Ces entités ont toutefois besoin de soutien, d'encadrement, d'environnement institutionnel, financier, juridique et logistique pour bien fonctionner. Sans oublier le volet formation et savoir-faire. Car ne gère pas une association ou un syndicat ou une fondation qui veut. Ces entités fonctionnent comme de véritables administrations, de véritables entreprises et nécessitent des compétences et du savoir-faire pour être bien gérées. Depuis longtemps, des organisations internationales ont proposé leurs services, parrainé des projets et formé des cadres associatifs. Aujourd'hui, le nombre d'associations se comptent par dizaines de milliers d'entités. C'est le cas de l'association Club Mohamed Ali de la culture ouvrière et de son partenaire italien la fondation G. Brodolini, qui se préparent à lancer le projet Reticel. Bénéficiant d'un appui financier de l'Union Européenne, le projet entend mettre en place des structures pérennes de promotion et de modernisation des composantes du tiers secteur, tant sur la plan qualitatif que quantitatif. S'étalant sur une période de 30 mois et couvrant en première phase trois zones : le Grand Tunis, Gabès et Sidi Bouzid-Kasserine, le projet se propose d'engager des actions diversifiées et complémentaires à l'échelle, d'une part, d'une plateforme régionale regroupant des entités locales et, d'autre part, une plateforme nationale. Reticel envisage de lancer une étude socioéconomique dans chacune des trois régions et une étude nationale, d'organiser des formations ciblées assurées par des experts nationaux et internationaux autour de quatre thèmes: organisation et gestion des associations ; dialogue et négociation; élaboration d'un projet et mise en place de stratégies locales de développement de l'emploi et d'inclusion sociale. De nombreuses autres actions sont prévues dans le cadre de ce projet dans le but de développer le tissu associatif et d'encadrer les jeunes promoteurs de projets et les sans-emploi. Pour ceux qui sont intéressés par le projet, un imprimé doit être rempli et renvoyé à l'expéditeur (email : [email protected]).