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Houssine Dimassi, économiste et ancien ministre : « Le Président a la légitimité de négocier avec les partenaires internationaux »
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 07 - 2021

«Si le Président désigne un chef de gouvernement compétent, qui à son tour nomme de bons ministres, disons, et que par la suite le parlement avec son ancienne configuration reprend normalement ses activités, le gouvernement ne pourra jamais travailler dans la sérénité ni faire adopter des projets de loi par les députés que nous connaissons. Ils vont tout court-circuiter et nous n'aurions rien fait».
Suite aux mesures annoncées par le Président de la République, la nuit du 25 juillet, et selon la déclaration faite par lui-même, il concentre désormais tous les pouvoirs entre ses mains. Ce qui signifie, premièrement, qu'il sera comptable de chaque résultat et deuxièmement qu'il n'a plus de «fusibles» autour de lui. Parmi les grands dossiers sur le bureau du Chef de l'Etat, celui de l'économie. Un domaine où les attentes des Tunisiens sont grandes. Dans un pays exsangue qui vit presque au jour le jour, où les finances publiques ont été mises à rude épreuve et les indicateurs sont au rouge. Les mesures à prendre sont donc nombreuses et urgentes, pour certaines douloureuses, impopulaires et inévitables.
C'est dans ce cadre que nous avons joint l'économiste aux multiples casquettes Houssine Dimassi, syndicaliste et universitaire. Il a été brièvement ministre des Finances dans le gouvernement Hamadi Jebali en 2012, avant de claquer la porte avec fracas, quelques mois après sa nomination. Homme de conviction à l'avis tranché, il énumère les réformes à entreprendre urgemment.
Il faudra réformer les finances publiques, selon lui, dont tous les indicateurs sont au rouge. Réformer les entreprises publiques dont la plupart, pour ne pas dire toutes, souffrent de déséquilibres financiers. Les entreprises publiques sont à l'origine d'une large part du déséquilibre économique national, étaye-t-il. M. Dimassi invoque également le dossier épineux des caisses de sécurité sociale; Cnrps, Cnss, Cnam. Enfin, une administration en surpoids, laquelle, en temps normal, devra soutenir l'économie nationale, qui est devenue une lourde charge pour celle-ci. Ce sont les quatre grandes priorités à mettre en place. Il y en a d'autres.
Comment faire ?
«Sauf que la Tunisie qui vient de rembourser un crédit le 23 juillet, en empruntant aux banques nationales (donc on a fait tourner la planche à billets) et qui a une autre échéance à rembourser au mois d'août, n'est pas en état de réformer en profondeur son système économique et financier, que faire dans cette situation ?» Question de La Presse.
«Si le président usait de l'image du pays qui était rayonnante et crédible sur le plan international et vis-à-vis des organismes internationaux et des pays créanciers, il pourrait obtenir des soutiens et réaliser des choses concrètes, suggère-t-il. Nous avions de bons rapports basés sur le respect mutuel, que ce soit avec la Banque mondiale, le FMI, la BAD, renchérit-il, ou les Etats donateurs ». Selon l'économiste, certains pays frères et amis européens et arabes peuvent faire des gestes. Le Président de la République, dans la situation difficile que traverse le pays sur tous les plans, a la légitimité et le pouvoir que lui confère la Constitution, pour solliciter le rééchelonnement non de tous les crédits mais de certains. «Par exemple avec les pays du Golfe qui sont proches de nous. Théoriquement, ce sont les premiers à comprendre la situation dans La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) a appelé à la nécessité de renoncer à la violence et de faire prévaloir l'intérêt de la Tunisie. Lors de la réunion de son bureau exécutif qui s'est tenue d'une manière exceptionnelle et à distance, l'organisation a indiqué qu'elle suit les derniers développements suite aux décisions prises par le Président de la République, Kais Saied, à la lumière de la détérioration des conditions sociales, économiques et surtout sanitaires en Tunisie et la propagation de la pandémie de Covid-19. L'organisation a exprimé le vœu de voir les mesures, annoncées ou celles qui seront annoncées, soutenir les entreprises au cours de cette conjoncture, garantir leur pérennité et regagner la confiance des acteurs économiques locaux et étrangers afin de garantir un climat économique et social sain et encourageant. La Conect a mis en exergue la poursuite de l'activité du secteur privé, afin de respecter ses engagements en dépit de la situation difficile et délicate que traverse le pays. Affirmant qu'elle suit les derniers développements suite aux décisions prises par le président de la République La Conect appelle à faire prévaloir l'intérêt du pays L'organisation exprime le vœu de voir les mesures, annoncées ou celles qui seront annoncées, soutenir les entreprises au cours de cette conjoncture, garantir leur pérennité et regagner la confiance des acteurs économiques locaux et étrangers afin de garantir un climat économique et social sain et encourageant. laquelle se trouve la Tunisie».
Au-delà, l'homme politique convoque une autre clé de lecture pour analyser la situation présente et périlleuse, celle politique justement. Selon lui, la source première des problèmes n'est pas seulement économique, elle est avant tout politique. « Cela fait dix ans que nous cumulons les mauvaises décisions, les fautes politiques et les errements populistes. Nous n'avons pas voulu tirer les bonnes leçons», résume-t-il, au ton accusateur. Son analyse s'appuie essentiellement sur la déficience d'un régime politique à l'origine de tous les maux. Une assemblée balkanisée et des gouvernements à son image. Aussi, les équipes gouvernementales, depuis dix ans, ont-elles été presque toutes faibles et divisées. Résultat, non seulement ces exécutifs nés avec des anomalies à la naissance ne sont pas en mesure d'entreprendre la moindre réforme, pire, ils accumulent les fautes. « Nous avons raté tous les rendez-vous, lorsqu'il était encore possible de faire des réformes », regrette-t-il.
Déficit du régime politique
«Vous avez mentionné parmi les grandes réformes, l'allègement de la masse salariale. Or pour ce faire, il faut l'accord et le soutien de l'Ugtt, qu'elle n'accordera pas forcément, qu'en pensez-vous ? » Les finances publiques représentent un ensemble, le nombre de fonctionnaires n'est qu'un aspect, soutient le syndicaliste. Mais il faut impérativement diminuer les dépenses publiques dont la masse salariale, met-il en garde. L'Ugtt qu'il connaît bien, n'est à ses yeux qu'un partenaire social important, certes, mais non le seul. « Par conséquent, la centrale syndicale ne doit pas agir égoïstement, uniquement pour servir ses intérêts. De plus, c'est l'Etat qui est responsable des finances publiques et du fonctionnement des institutions. Tout le monde doit comprendre que certaines réformes sont inévitables », martèle-t-il.
Le pays est dans un état extrêmement critique, une conséquence directe et logique, selon l'ancien ministre, des déficiences inhérentes au régime politique. M. Dimassi le dit clairement : « Je ne vois pas d'améliorations possibles si ce système est maintenu. Un Chef de gouvernent et un ministre des Economies et des Finances, supermans, ne pourront jamais, en l'espace de 30 jours, réparer les erreurs d'une décennie, voire davantage. C'est de la fiction », fini-t-il par lâcher.
Il se lance ensuite dans un long monologue : «Tant que nous n'aurons pas réformé le système politique, il est impossible de mettre en œuvre les réformes économiques et financières que j'ai évoquées au début. Or, le Président de la République n'envisage pas de changer ou de réformer le système politique. Mais il s'est arrogé le pouvoir pour une période déterminée. S'il désigne un Chef de gouvernement compétent, qui à son tour nomme de bons ministres, disons, et que par la suite le parlement avec son ancienne configuration reprend normalement ses activités, le gouvernement ne pourra jamais travailler dans la sérénité ni faire adopter des projets de loi par les députés que nous connaissons. Ils vont tout court-circuiter et nous n'aurions rien fait. Tout ceci n'aurait mené à rien. J'avais espéré que le Président de la République saisisse cette occasion, non pour geler le parlement, mais pour prendre des mesures décisives qui auraient pu sauver le pays. La plus importante de ces mesures, selon moi, qui ne sera jamais jugée anticonstitutionnelle par quiconque ; un référendum portant sur le changement de la Constitution uniquement ou bien la Constitution et la loi électorale. Deuxièmement, le Président forme un gouvernement qui gouverne par des décrets-lois non pour un mois, c'est trop court. Mais sur une période de six mois, voire une année. Cela peut se faire, à la condition de choisir un chef de gouvernent d'une grande compétence entouré d'une équipe réduite et non une quarantaine de ministres, comme s'ils allaient diriger la Chine ! Le Président pourrait peut-être ainsi remettre le pays sur les rails. Mais concentrer tous les pouvoirs pendant 30 jours et revenir à l'ancien modèle, c'est une épreuve de plus pour le pays et pour les Tunisiens et tout à fait inutile ». Ultime question, est-il encore temps d'espérer sauver le pays ?


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