Cette hypothèse, qui n'est pas à écarter, ferait le bonheur de la Tunisie. A moins que... Attaquera, attaquera pas ? Personne, du moins pour le moment, ne sait si l'Occident est déterminé ou pas à aller en guerre en Libye. Certains diraient que lorsque l'on masse de si nombreux navires bombardiers face aux eaux territoriales de ce pays, avec leur armada d'avions de combat et de fusées, ce n'est là ni de la rigolade, ni une simple démonstration de force à effet dissuasif. Et c'est, peut-être, vrai. Mais, à bien y voir, on est en droit de dire que l'hypothèse d'une renonciation à une intervention militaire n'est pas non plus à écarter. Et cela pour moult raisons concrètes dont notamment : - Primo : stratégiquement et historiquement, une attaque militaire ne s'annonce pas des mois à l'avance. Car, pour qu'elle réussisse, pour qu'elle atteigne ses objectifs, elle doit obligatoirement compter sur l'effet surprise. Alerter l'adversaire, lui démontrer, à coups de préparatifs militaires spectaculaires, qu'il sera incessamment puni, c'est donc carrément lui permettre de se préparer en conséquence. - Secundo : Daech a effectivement déjà pris toutes ses précaution pour limiter les dégâts devant être occasionnés dans son fief à Syrte. Ainsi, des tranchées d'une profondeur de trois mètres ont été creusées autour de la ville dont tous les points d'accès sont devenus des champs minés pour empêcher toute incursion adverse. De surcroît, ces daechistes ont pris soin d'aménager des caches sûres dans les montagnes avoisinantes, le but étant de protéger leurs arrières, en cas de bombardement. Tout cela sans compter les explosifs plantés tout autour des installations pétrolières de la ville. - Tertio : l'Occident n'est pas sans savoir qu'une intervention militaire en Libye n'arrangerait nullement les affaires des pays voisins pour le sauvetage desquels il ne cesse de verser de l'argent, dans le cadre d'une stratégie susceptible de leur assurer la transition démocratique et la relance économique tant souhaitées. La Tunisie et l'Egypte en seront ainsi les plus durement touchées, ce qui ajouterait à leurs malheurs. Psychose Par ailleurs, il s'est avéré, par le passé, que bombarder les retraites des terroristes ne sert pas à grand-chose. En Afghanistan, par exemple, l'extraordinaire puissance de feu des Etats-Unis n'a pas réussi jusqu'à présent à déloger ni Al-Qaïda ni les talibans. Au Yémen les drones US, en dépit de certains exploits, n'ont pu torpiller les bases des groupuscules takfiristes, alors qu'en Irak et en Syrie, la coalition occidentale, bien qu'appuyée par la Russie, la Turquie, l'Iran et le Hezbollah, peine encore à l'emporter sur les jihadistes de Daech et Al-Nosra. Bien avant, l'ex-Union Soviétique, au temps de sa splendeur, ne faisait que compter revers et déroutes, lors de son intervention militaire en Afghanistan pour éliminer Ben Laden et ses hommes, avant de rentrer bredouille au bercail. C'est que ici et là, «l'aventure» était déconseillée. Premièrement, parce qu'on n'affronte pas une armée régulière. Deuxièmement, parce que les terroristes sont, de l'aveu même des services de renseignements occidentaux, pratiquement imbattables dans les batailles des montagnes. Troisièmement, les groupes jihadistes, depuis leur émergence dans les années 80, sont passés maîtres dans l'art de gagner du terrain. En effet, délogés au Nord, ils réapparaissent au Sud. Et dire qu'aujourd'hui, ils ne sévissent pas seulement en Libye. Là où, s'ils venaient à être écrasés par une éventuelle intervention militaire de la coalition, ils pourraient parfaitement renaître de leurs cendres, non seulement dans ce pays, mais aussi ailleurs, au Mali, au Niger, en Somalie, au Yémen, et même en Europe, en Asie, et pourquoi pas en Tunisie ! Faudrait-il, dans ce cas, «raser» tous ces pays pour espérer battre l'imprévisible internationale intégriste ?