Le CA n'est que vestiges charmants mais il n'est pas mort. Après le Waterloo du Bardo, tout est remonté à la surface. En clair, le jeu clubiste est encore frileux et la mayonnaise n'a pas encore pris. Aucun joueur n'échappe à la critique quoique Brahim Chenihi semble ressuscité depuis l'avènement du technicien batave. Ce faisant, y a-t-il un projet qui sommeille en vue de retrouver la grandeur et l'esprit conquérant du CA ? Et que l'on ne vienne pas nous parler de conjoncture morose, le CA est riche comme Crésus. Plus qu'un club de football, c'est une évidence éditoriale pour les médias, un phénomène social pour tout ce qui gravite autour. Rien que pour ça, il doit être à la hauteur de toutes ces considérations. Les fondations du Parc A doivent être saines au risque de voir mal vieillir le bâti. Actuellement, la forteresse imprenable prend l'eau de toutes parts, le public semble résigné, la ferveur s'estompe, le CA est en passe de devenir un club lambda. Façade et sonorités Ecœuré à l'aller par les promus de Sidi Bouzid, le CA est forcément habité par un sentiment de revanche, quoique, volet course au trône, ce soit l'année blanche, vu l'abîme qui le sépare des prétendants à sa succession. Dos au mur après le récent naufrage, le Onze à Krol est condamné à gagner face aux Olympiens. Ce sera la victoire, ou, osons le dire, le pré-purgatoire. Il fut un temps où perdre le titre sur le fil était vécu comme un drame. De nos jours, et en dépit du sacre de la saison passée, la salle des trophées ressemble de plus en plus à un musée. Sauf que le CA n'est pas un canard boiteux. Les grands clubs suivent des courbes sinusoïdales. Maintenant, il est primordial de se découvrir une sorte d'énergie renouvelable pour rebondir. Travailler avec humilité à partir d'un projet de jeu basé sur la jeunesse et un entraîneur compétent déjà en place. Insister sur ses apparences de grandeur n'est en rien porteur. L'urgence et les liftings ne fonctionnent plus (les Obanor, Ghandri, Touzghar, Dahnous, Zoghlami, Derrick Mensah, Francis Narth, Lassaâd Nouioui). Même Ben Yahia n'y change rien et Touzghar n'y arrive pas. Seule la science du tandem Oueslati-Khlil a gagné en prestige au centre d'un milieu de terrain confus. Tenter de nouveau le mélange Nater-Belaïd? La recette a fait ses preuves, quoique...Rendre ses galons à Ouedhrfi, ça se discute. Lancer Ghazi Ayadi dès le coup d'envoi, c'est oser ce savant dosage entre une équipe du présent et du futur. Bref, l'on n'arrive plus à dissocier décadence et lifting chez un club qui a préféré attirer des gloires plutôt que d'en créer de nouvelles. Alors, aujourd'hui, qu'est-ce que le CA ? La façade est identique : le club peut compter sur de riches supports, et son entraîneur est toujours aussi clinquant et réputé. Même les noms des joueurs ont encore des sonorités de «fuoriclass». ça sonne bien. Mais ce n'est que du son. Cependant, le CA n'est que vestiges charmants mais il n'est pas mort. Après tout, ce n'est pas le premier déclin qu'il traverse. La mort, elle, rôde plutôt autour de l'idée d'un Club Africain dont le patron a menacé de démissionner en début d'année. Profitons donc des derniers souffles de vie de cette ère unique qui, autrefois, vendait du rêve. Et attendons le réveil, ou la résurrection. Parce qu'un rêve qui tourne mal n'est pas forcément un cauchemar : ça peut être un mauvais rêve, ou simplement un rêve de mauvaise qualité. Tout comme Seïf Jaziri est un mauvais Camacho (Abdeljelil Hada) ou le tandem Tka-Ifa est une pâle copie du duo Khaled Souissi-Pierre Njanka.