Flottille « Soumoud » pour Gaza : plus de 6 000 militants mobilisés, dont 300 Tunisiens    Session d'urgence à la Ligue arabe contre les crimes de l'entité sioniste    Guatemala : séisme de magnitude 5,9 ressentie jusqu'au sud du Mexique    Avenue Habib-Bourguiba : la municipalité confisque barrières, tables et réfrigérateurs    Dimanche : soleil le matin, orages locaux l'après-midi au nord-ouest    Marina, médina, corniches : Monastir mobilise les fonds pour ses projets touristiques    Ariana : le collège du 18 Janvier fait peau neuve avant la rentrée    Rafraf en tête des plages les plus nettoyées de Tunisie    Najwa Karam enflamme Carthage pour son grand retour    Depuis le Canada, Karim Charrad et Walid Gharbi promènent en Tunisie leur spectacle Violon autour du monde (Vidéo et album photos)    Moez Echargui, champion à Porto, lance un appel : je n'ai pas de sponsor !    Tunis appelle l'ONU à agir contre le plan israélien de réoccupation de Gaza    Report de la grève dans les aéroports    La matraque, le colt et le bulldozer    Samir Cheffi au président : votre évaluation de ce qui s'est passé est erronée    Ligue des champions de la CAF : l'Espérance Sportive de Tunis affrontera les Forces Armées du Niger    Ligue 1 – démarrage du championnat 2025-2026 : Quelque chose va changer ?    Piège numérique : quand les faux cadeaux volent les Tunisiens    El Aouina : mandats de dépôt en prison contre 3 jeunes soupçonnés d'être impliqués dans le meurtre d'un homme âgé    Kaïs Saïed cite Mohamed Guelbi… mais omet l'essentiel de sa conclusion    Météo - Tunisie : ciel peu nuageux et chaleur modérée    L'ex-djihadiste tunisien Nizar Trabelsi rapatrié en Belgique après 12 ans de détention aux USA    Trump et Poutine se donnent rendez-vous en Alaska, ce que l'on sait du sommet    Décès de Me Yadh Ammar, une illustre figure du barreau, de l'université et de la société civile    Les contraintes incontournables du « Plan/Modèle » de Développement (2026-2030)    Marché des télécoms : 1,915 milliard de dinars de chiffre d'affaires au 1er semestre 2025    Bibliothèque nationale de Tunisie : La bibliothèque numérique «Cairn.info» désormais accessible    Présidence de la République : des événements se succèdent de manière inhabituelle ces jours-ci dans le but d'attiser les tensions    Bizerte : saisie de 60 tonnes de pommes de terre et 8 tonnes de fruits de saison    Cheb Mami enflamme la 59e édition du Festival International de Hammamet    Décès du comédien égyptien Sayed Sadek    Ahmed Jaouadi : Un accueil présidentiel qui propulse vers l'excellence    Lente reprise, inflation tenace : les prévisions du Fonds monétaire arabe pour la Tunisie en 2025 et 2026    L'inscription en ligne est ouverte pour les élèves, collégiens et lycéens tunisiens au titre de l'année scolaire 2025-2026    Météo en Tunisie : températures entre 30 et 34 au niveau des côtes et des hauteurs    Nomination d'un troisième mandataire judiciaire à la tête de Sanimed    CSS : Ali Maâloul et 7 nouvelles recrues débarquent !    Tunisie Telecom rend hommage au champion du monde Ahmed Jaouadi    Le ministre de la Jeunesse et des Sports reçoit Ahmed Jaouadi    « Arboune » d'Imed Jemâa à la 59e édition du Festival International de Hammamet    Ahmed Jaouadi décoré du premier grade de l'Ordre national du mérite dans le domaine du sport    Faux Infos et Manipulations : Le Ministère de l'Intérieur Riposte Fortement !    Tensions franco-algériennes : Macron annule l'accord sur les visas diplomatiques    Sous les Voûtes Sacrées de Faouzi Mahfoudh    La Galerie Alain Nadaud abrite l'exposition "Tunisie Vietnam"    La mosquée Zitouna inscrite au registre Alecso du patrimoine architectural arabe    Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Rizq el beylik et la fonction publique
Billet
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 02 - 2016


Par Mahmoud Hosni
Il y a deux mamelles qui continuent à traire les Tunisiens, même si elles sont aujourd'hui presque totalement taries et auxquelles ils s'accrochent encore. Ce sont d'une part rizq el beylik (le bien public) et la fonction publique.
Deux phénomènes qui sont en fait un legs d'une époque révolue mais qui continuent à alimenter l'imaginaire et le comportement. Si la notion de bien public (rizq el beylik) consiste à profiter à outrance et sans vergogne du bien public, en réaction à l'époque du bey et de l'ère coloniale, marquées par l'injustice, le favoritisme et le népotisme, celle de la fonction publique est héritée des premières décennies de l'indépendance où l'Etat recrutait à tour de bras pour combler les vacances laissées par les étrangers et mettre en place une administration centrale, régionale et locale. Bien plus : ce fut une époque où le gouverneur ou le délégué décidait de faire embaucher des chômeurs dans une administration ou une entreprise régionale, et les sociétés régionales de transport, notamment, en savent quelque chose, ayant longtemps souffert d'une pléthore de personnel, dont la plupart se tournaient les pouces et n'étaient d'aucun rendement pour l'entreprise.
Aujourd'hui, il y a eu la révolution. On a cru les Tunisiens mûrs pour s'engager sur la voie de la démocratie, de la liberté et surtout de la citoyenneté, c'est-à-dire celle du discernement et de la capacité à faire la part des choses.
Or, jusqu'à ce jour, les Tunisiens continuent à s'accrocher à ces deux mamelles que sont rizq el beylik et la fonction publique, alors que la vache est aujourd'hui à terre, totalement tarie et épuisée.
Rizq el beylik se traduit dans les faits par la pléthore des fonctionnaires publics et qui place la Tunisie en tête de peloton. Et qui plus est, se trouve marquée par la mauvaise répartition géographique des fonctionnaires, confinés à ne rien faire dans les administrations centrales, alors qu'ils auraient été plus utiles dans des administrations régionales et locales qui souffrent d'un manque flagrant de représentation. C'est là, en outre, le grand tort d'une administration centrale qui, au lieu de créer une dynamique créatrice et créative, bloque les rouages. Rizq el beylik, c'est surtout ce mal endémique qui ronge l'Etat jusqu'aux os, jusqu'à la lie. Ce mal s'appelle la corruption et qui, paradoxalement, au lieu de disparaître, s'est aggravé après la révolution. On se fait graisser la patte pour les marchés publics, pour la réception des travaux de toutes sortes... Bref, tous ceux qui ont pignon sur rue jettent leur conscience par-dessus bord pour s'offrir le beurre et l'argent du beurre. Le pire est que l'Etat ne fait rien pour se défendre, n'engage pas de procès pour se défendre. Tant pis pour nous, pauvres hères, pauvres citoyens lambda.
Quant à la fonction publique, les jeunes s'accrochent encore à ce filon, devenu pourtant un mirage. Voyez les sit-in des chômeurs (diplômés du supérieur et non-diplômés) devant les sièges des gouvernorats et les ministères et qui réclament l'emploi à l'Etat. Pourquoi ? Tout simplement pour avoir la garantie de la stabilité de l'emploi, des assurances sociales et une retraite au bout du parcours.
Revendications légitimes, clament des partis politiques, à la recherche de voix électorales et pour se donner une assise et une présence ? Certes, mais si l'Etat n'arrive plus à embaucher et que les rouages économiques sont au point mort, que faire alors? D'autant qu'il y a une sorte de paradoxe dans les comportements et les réactions.
Dans la région de Kasserine, en ébullition il y a quelques semaines pour revendiquer l'emploi, les habitants s'opposaient à l'implantation de l'exploitation d'un gisement de phosphate, générateur de centaines d'emplois, sinon plus. Comment expliquer cette contradiction, sinon par vouloir le beurre et l'argent du beurre...
Quant aux jeunes diplômés du supérieur, il ne saurait y avoir grand reproche à leur faire de s'accrocher à l'emploi dans la fonction publique. La faute incombe tout autant à leur cursus scolaire et universitaire qu'au cocon familial dans lequel ils ont grande et évolué. Ni leurs familles ni l'université ne sont attachées à les mettre en relation avec le tissu associatif et encore moins avec le tissu industriel et productif pour les préparer au monde du travail et à ses exigences. Quand un jeune diplômé qui clame attendre un emploi depuis cinq, dix ou quinze ans, il est tout simplement à plaindre, parce que tout autant sa famille, son milieu scolaire et universitaire que son environnement ont contribué à lui plaquer des œillères qui l'empêchent de voir autour et d'être une tête bien pleine plutôt qu'une tête bien faite, pour paraphraser Rabelais.
J'ai rencontré des jeunes diplômés engagés dans le tissu associatif et des jeunes «fatalistes» écrasés par le désespoir et qui ne font rien pour changer leur vie et le cours des choses. Les premiers se battent contre tous les obstacles, contre la bureaucratie écrasante, contre les idées reçues, contre la routine ambiante pour lancer des idées, des initiatives, des projets créateurs. Les seconds se confinent dans un attentisme désespéré, celui de la fonction publique. Et c'est là que réside tout le hiatus: entre cette sève nouvelle qui va nourrir la Tunisie post-révolution et cette jeunesse encore accrochée au fil ténu de la manne céleste qu'est la fonction publique...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.